Abrégé
(30 janvier)
Le P'tit Mousse doit trouver que le français est une langue bien trop complexe. Le Pirate, qui galère avec le présent des verbes du troisième groupe (non, mon grand, il n'y a pas d'accent circonflexe sur "je connais" - t'façon, un accent circonflexe avant un s, c'est juste pas possible), et Numérobis, qui tente d'improbables subjonctifs ("que je save", du verbe
saver savoir - mais au moins il a tenté un subjonctif), lui donneraient certainement raison.
Mais ce qui gêne le P'tit Mousse, ce n'est pas encore la conjugaison. Non. C'est la longueur des mots (punaise, heureusement que nous ne sommes pas germanophones!). Deux syllabes, c'est déjà trop pour lui. Alors il abrège. Il dit "mon" pour "monter", "chè" pour "chaise", ou pour "chaussette", ça dépend du contexte. Parfois, il abrège de manière encore plus étrange. Par exemple, hier soir, il a répété plusieurs fois, en se frottant les yeux: "dé". Ce qui, bien sûr, signifiait qu'il était fatigué. Mais si,
bien sûr; il suffit de se souvenir que le Pirate, en son temps, était "fakidé", avec une inversion des consonnes sourdes et sonores (k est est la sourde de g, et d la sonore de t). Donc, le P'tit Mousse, par une étrange coïncidence, abrège le vocabulaire primitif du Pirate. Car il y a un autre exemple de ce phénomène: ce soir, après avoir touché une plante, à l'extérieur, il a constaté qu'elle était "né", c'est-à-dire "moné", soit "mouillée" en Pirate primitif.
Moi je dis, ça va devenir de plus en plus complexe, de comprendre cet enfant. Parce qu'il est entré dans une phase d'expansion lexicale, mais que le nombre de syllabes possibles en français est assez limité. Ou alors, il sera contraint d'en accoler quelques unes et de parler normalement.
Libellés : enfants, langage
Mon école est malade
(27 janvier 2012)
Oui, l'école, en France, est malade. Elle n'a pas assez de moyens pour se soigner.
L'école laïque et obligatoire devrait, théoriquement, apporter à tous les mêmes chances de réussite. Sauf que le jeu est faussé dès le départ. Il est évident que le P'tit Mousse, qui sait déjà ce que c'est qu'un livre et qui distingue les dessins des signes faisant du sens, est déjà un privilégié par rapport à certains de ceux qui seront ses camarades de classe. Et pourtant, nous habitons dans un bourg plutôt chic.
Alors, oui, supprimer l'école pour les enfants de deux ans est un crime contre la culture et l'éducation de ces mêmes enfants (bien que je n'aie pas l'intention de scolariser mon petit dernier dès la rentrée prochaine, je reconnais que cela puisse être un bien pour certaines familles). Supprimer la maternelle, ou y imposer des classes de 28 ou 30 élèves aussi. Parce que les petits ont besoins d'être encadrés par un personnel compétent, disponible et attentif aux besoins de chacun. Les institutrices, plutôt que d'être ravies d'avoir de temps à autre un bon élément, devraient pouvoir se féliciter d'avoir fait progresser tel ou tel enfant
a priori défavorisé (ce qu'elles n'ont malheureusement pas souvent le temps de faire).
Au primaire, les différences sont déjà notables. K., qui est passé l'autre jour dans la classe du Pirate parler de son métier "qui est archéologue", a été effaré par certaines questions. La maîtresse avait aussi semble-t-il un peu honte de quelques petites élèves qui ne comprennent rien à rien et ont demandé quatre fois la même chose. Bien sûr, le Pirate a semblé au-dessus du lot. Mais j'ai rappelé à K. que c'était de la triche, notre fils étant évidemment, par le milieu familial, sensibilisé aux questions historiques. Quand je pense que certains de mes élèves de quatrième se demandent qui, de Charlemagne ou de Napoléon, est le plus ancien (oui, il y aurait un florilège spécial quatrièmes à faire). Entre les séries
Il était une fois... regardées sur internet ou sur DVD et les livres de
La Vie privée des hommes, le Pirate a acquis une culture historique supérieure à celle des enfants de son âge. Et puis, c'est un enfant intelligent qui ne passe pas son temps devant un écran. L'autre jour, nous l'avons même envoyé lire parce qu'il nous avait justement semblé qu'il avait un peu trop joué à la Ouii.
Evidemment, les disparités ne s'arrangent pas au collège. Prétendre diffuser le même savoir à tous, alors que le niveau atteint en sixième est si différent d'un enfant à l'autre, est une aberration. Certes, il faut bien une sixième unique pour gommer les disparités dues à la provenance d'écoles différentes. Mais il y a des capacités de réflexion, une vitesse de raisonnement que certains ne pourront jamais atteindre. Quand je vois que certains de mes élèves retiennent des détails sur lesquels je n'avais pas insisté ou prennent en note des choses qu'ils ne veulent pas oublier, alors que d'autres écoutent à peine et ne retiennent pas les points essentiels répétés plusieurs fois, je me dis que je perds mon temps. Le temps est perdu pour les meilleurs, qui pourraient avancer plus vite. Et perdu pour les moins bons, qui n'y arriveront sans doute jamais. Pourquoi imposer, en quatrième, une deuxième langue à des élèves qui ont déjà bien du mal avec le français ou les maths? Cela finit par les mettre en situation d'échec partout...
Pour ne pas être totalement pessimiste, et apporter un contre-exemple à ces généralités, je voudrais quand même parler d'une de mes élèves de troisième. L'an dernier, j'avais du mal à la supporter. Elle a déjà une année de retard, vient d'un milieu peu intellectualisé et ne travaillait pas beaucoup. Et puis, cette année, il y a l'enjeu du brevet et celui de l'orientation. Alors elle s'y est mise. Personne, sans doute, n'aurait parié sur elle à la fin de sa cinquième. Seulement, elle a décidé que c'était possible, et que le jeu en valait la chandelle. Et effectivement, ses résultats remontent, elle devient, sinon une bonne élève, du moins une élève moyenne capable d'avoir de très bonnes notes dans certaines matières (dont la mienne, parfois). L'école n'aura pas tout gâché pour elle.
Libellés : école, humeur, service public
Que dire?
(24 janvier)
Je pourrais vous raconter encore à quel point mes élèves sont ignorants (non mais, le présent continu, en anglais, en quatrième, c'est trop demander?).
Je pourrais vous dire mon plaisir à retrouver une salle "normalement équipée" d'un ordi et d'un video-projecteur. En fait, il y aurait vraiment un billet à faire sur notre habitude et notre dépendance vis à vis des "nouvelles technologies".
Je pourrais vous parler de l'addiction que le Pirate est en train de développer pour Henri Potier.
Je pourrais vous relater les discussions passionnantes que nous avons à la cantine (hier: l'ovulation, les enfants qui avalent n'importe quoi et la manoeuvre de Heimlich).
Je pourrais commenter pour vous les annonces à propos de l'autonomie des établissements et de la fin du collège unique.
Je pourrais vous amuser avec les premières rébellions du P'tit Mousse.
Je pourrais lancer un pari sur celui de mes enfants qui, d'après mon horoscope, devrait être gardé par moi (parce que malade) d'ici la fin de la semaine.
Je devrais vous remercier pour votre lecture plus attentive (moins de visites, mais plus de commentaires).
Seulement, je suis un peu fatiguée, et structurer un billet correct me paraît une tâche trop complexe pour le moment.
Espérons que ça aille mieux en fin de semaine... En attendant, allez donc lire
ça.
Libellés : brève(s), école, enfants, service public
Sans le latin...
(19 janvier)
L'autre jour, j'ai fait faire à mes élèves une compréhension de l'oral pour qu'ils apprennent d'où vient le nom d'Aix(-la-Chapelle,
Aachen en allemand). En ce qui me concerne, je n'avais pas besoin d'écouter le texte pour savoir qu'il fallait cocher les romains comme anciens occupants et que le nom de cette ville vient du latin
aqua, qui signifie "eau". Eux ne font pas de latin. Et ne se souvenaient pas non plus qu'en allemand,
qu se prononce
kv. Bien que l'origine latine du nom allemand soit donnée trois fois, et que nous ayons écouté le texte trois fois, ils ne l'ont pas retrouvée. Pourtant, certains avaient bien entendu que ce mot voulait dire "eau" (
Wasser); mais aucun n'a su faire le lien entre un aquarium et son étymologie.
Il est vrai que ma vision des choses est un peu fausse. Si je sais aujourd'hui qu'Aix vient de
aqua, j'ignorais évidemment à leur âge qu'
Aachen a la même origine qu'Aigues(-Mortes) et Aix(-les-Bains) en français. Ca ne m'a pas empêchée d'étaler ma science. Parce qu'un peu de culture ne peut faire de mal à personne.
La maîtresse du Pirate, quant à elle, aurait été bien inspirée de se référer à l'origine du mot "pêcheur" (de
piscator, qui doit ressembler drôlement au mot espagnol d'aujourd'hui, avec un
s, d'où l'accent circonflexe). Ca lui aurait évité de lui donner comme féminin celui du mot dérivé de
peccator, celui-là même qui en appelle à l'
agnus dei, qui tolli(t) peccata mundi...
Je croyais que j'avais mis mes enfants à l'école laïque...
Libellés : école, langage
L'hiver du P'tit Mousse
(17 janvier)
Il y a d'abord eu ces arbres, qu'on a mis dans les maisons, avec dessus des balles qui ne sont pas pour jouer. Et puis un jour, au pied de ces arbres, il y a eu des paquets colorés avec des tas de joujoux dedans, et même un
tateu. Trop bien, le
tateu, c'est Papa qui l'a monté je ne vais sûrement pas le prêter aux grands sous prétexte que eux, ils savent pédaler. C'est quoi, d'abord, des pédales? Les autres jouets sont bien aussi, il y a
Lélé et un
chat qui pêche avec un
tateau. Celui que mes frères appellent Père Noël a vraiment eu de bonnes idées.
Après, il y a eu ces drôles de gâteaux. A chaque fois, il y a un truc qui ne se mange pas dedans. Et ça tombe presque toujours sur moi.
Mê est jaloux, Maman dit que pourtant, elle ne triche pas, et puis elle me met un
papeau sur ma tête. Chez
Tata, on a eu du gâteau avec un
papeau, mais il n'y avait pas de joujou qui ne se mange pas dedans.
L'autre jour, on est allé manger de ce gâteau (et des tas d'autres trucs) chez des gens qui je ne connais pas. Mais eux, ils savaient comment je m'appelle et ils n'arrêtaient pas de me parler. Enfin, ça, c'était jusqu'à ce que le
mémé arrive. Un drôle de
mémé, qui ouvre à peine les yeux, ne se tient même pas assis comme le
mémé de chez
Tata, un tout petit qui ne fait rien de tout et que tout le monde admire. Il paraît que j'ai été petit comme ça, je suis bien content d'avoir grandi; je sais marcher et aussi parler un peu, moi, maintenant. C'est bizarre, quand même, les
mémés. Moi, je serais bien resté un peu plus longtemps pour l'étudier.
Hier, on a eu une photo de
mémé, celui-là s'appelle
Lili et il paraît que c'est ma cousine. C'est même pas vrai, ma cousine, je l'ai vue l'autre jour, c'est pas du tout un
mémé, elle est presque aussi grande que Maman.
Et depuis hier, Maman me met des trucs sur les mains quand on sort. Elle dit que c'est pour que je n'aie pas froid aux mains; mais c'est pas très pratique pour lui donner la main, justement, ça glisse un peu.
Mê dit que c'est parce que je ne mets pas bien mon pouce dans la moufle. C'est facile, pour lui, il a juste un bonnet et une écharpe, et il s'habille tout seul. Alors que moi, c'est Maman qui râle pour m'enfiler tous mes habits, le matin. C'est de sa faute, si c'est mal mis.
Libellés : enfants, humeur, langage
Auto-fiction
(13 janvier)
Ce matin, comme je n'avais pas cours, c'est K. qui s'est levé le premier. En attendant que l'eau pour son café soit chaude, il a rangé la vaisselle de la veille. Puis il a préparé le biberon et le petit déjeuner des enfants avant d'aller les réveiller. Il a beurré des tartines et des crêpes, puis envoyé ce petit monde s'habiller pendant que je descendais tranquillement déjeuner à mon tour. Il a changé le P'tit Mousse et fait redescendre tout le monde. Il a fini de préparer le sac pour la nounou et mis ses chaussures au petit dernier pendant que les grands mettaient les leurs. Et puis K. a emmené les enfants à l'école et chez la nounou. Il a même pensé à rapporter du pain en rentrant. J'étais en train de donner les croquettes aux chats quand il s'est aperçu que la table n'était pas entièrement débarrassée et qu'il a rangé les céréales et le chocolat en poudre.
Libellés : enfants, humeur, maison
Un hiver sans pull?
(11 janvier)
En regardant mon linge, l'autre jour, je me suis rendue compte que je n'avais mis encore aucun des pulls que j'avais ressortis pour l'hiver. Le seul que j'aie porté depuis novembre était resté sur les étagères pendant l'été, au cas où. Et puis il y a un petit pull tout léger de chez Petit Batal que j'enfile aussi de temps en temps, mais les gros lainages n'ont pas encore été d'actualité cet hiver. Il faut dire que si les températures sont descendues trois fois sous le zéro, c'est un maximum. Ma voiture ne me bipe presque plus pour "risque de verglas". En fait, je me demande si elle ne sonnait pas plus souvent quand j'étais dans le Sud (et que je partais plus tôt le matin).
Au début de la saison, je m'étais demandée si je ne devrais pas m'acheter un nouveau pull. Pour réassortir avec mes vêtements, ou juste pour avoir un pull neuf. La dépense n'était pas essentielle. Cette économie me semble aujourd'hui parfaitement justifiée, puisque je n'ai pas usé plus mes anciens cols roulés. Il est aussi inutile de profiter des soldes pour acquérir un nouveau lainage. Ou alors, un vrai cashmere, mais avec une réduction très importante; chose que je ne vais pas me fatiguer à chercher, puisque je n'en ai pas absolument besoin.
En dehors de ces considérations économiques
de radine, je m'interroge tout de même sur le climat. Les mauvaises langues ont coutume de dire qu'en Bretagne, on s'habille pareil quelle que soit la saison. J'ai presque l'impression que c'est vrai, cette année. Le matin, je ne mets pas toujours de chaussettes dans mes sabots pour emmener les enfants à l'école. Et je vais pouvoir remiser mes pulls, au mois de janvier, puisque le printemps s'annonce déjà: les primevères sont sorties dans le jardin...
Libellés : humeur, régions
Gaufres
(6 janvier 2012)
Oui, je sais, aujourd'hui, c'est plutôt le jour de la galette.
Mais le Père Noël, c'est un gaufrier qu'il m'a apporté. Et pas un gaufrier banal qui ne ferait que des gaufres, ce serait trop facile. Un gaufrier trois en un, je vous prie, même que d'après le fabricant, tu peux manger toute la journée grâce à lui. Par exemple, tu te fais des gaufres pour le petit déjeuner. Le midi, t'as pas trop faim (forcément), et puis t'as pas eu le temps de faire la vaisselle, alors tu changes juste les plaques de l'engin magique et tu te fais un croque-monsieur. Au goûter, tu utilises le dernier jeu de plaques pour te faire des gaufrettes à tremper dans ton thé. Et le soir, tu as trois jeux de plaques à laver et vraiment plus faim.
Avec les enfants, nous avons déjà essayé de faire des gaufres. Ce qui a été un peu difficile, dans la mesure où le livret fourni avec l'appareil explique bien tout ce qu'il ne faut pas faire, mais ne propose pas une seule recette (non mais, avec la sorbetière que le Père Noël m'a apportée l'an dernier - il sait que je suis gourmande et que j'ai des enfants -, il y avait plusieurs recettes de glaces et sorbets). Heureusement que j'avais conservé pieusement, du temps où le Pirate fréquentait la crèche, les recettes de gaufres testées à l'époque par les "loulous". Quant au temps de cuisson, j'ai eu le tort de me conformer aux pictogrammes figurant sur le livret. Numérobis a trouvé que les gaufres n'étaient pas assez cuites. Ce n'est pas très grave, ça nous fait un bon prétexte pour renouveler l'expérience et améliorer la production.
Et puis, il y a encore les plaques à croque et celles pour les gaufrettes à tester...
Libellés : cuisine, enfants, humeur
Meilleurs vieux
(3 janvier 2012)
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier pour vos messages de fête. Ce n'est pas parce que je n'ai pas pris le temps d'écrire que je ne suis pas passée lire les commentaires...
Permettez-moi ensuite de vous souhaiter un entourage âgé plus en forme que le nôtre. Ce n'est pas la grande forme, surtout du côté de K. Aussi, mon principal voeu pour cette année bissextile concerne-t-il la santé, que je vous souhaite, ainsi qu'à ceux qui vous sont chers, sinon excellente, du moins aussi bonne que possible.
Un peu d'amour ne fera évidemment de mal à personne, mais j'y ajouterais aussi la tolérance, vertu que j'ai tendance à oublier un peu moi-même.
Pour la prospérité, vous m'excuserez, mais soyons réalistes: par les temps qui courent, ça va être dur!
Libellés : humeur, santé