Pas encore d'anosmie

(30 mars 2020)

Avec le printemps, les choucas recommencent à essayer de nidifier dans la cheminée. Ils y envoient forcent brindilles et bouts de paille (pris dans la benne à fumier du voisin), et arrivent parfois à faire tomber quelques pierres. L'une d'entre elles e entraîné dans sa chute une partie des racines qui pendent depuis le haut de la cheminée.
En ramassant ces racines, je les ai reconnues à l'odeur. un coup d'oeil dehors m'a permis de vérifier: il y a des linaires cymbalaires qui poussent en haut de la cheminée:


La cymbalaire est cette petite fleur qui pousse sur les murs (et qui, je trouve, a une odeur de petits pois quand on l'arrache).

(Vue de près, sur le muret en face du pignon.)

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Lucky me

(26 mars)

Quand je pense qu'il y a des gens confinés dans une chambre de bonne, probablement sans douche et avec des toilettes communes à l'étage.
Quand je me rappelle mon premier studio, avec une kitchenette dépourvue de four et une vue imprenable sur l'immeuble d'à côté.
Je suis parfaitement consciente de la chance que j'ai d'être confinée à la campagne, dans une maison suffisamment vaste pour que chacun ait une pièce pour s'isoler et travailler. Nous avons une connexion internet suffisante pour que le Pirate suive ses cours d'histoire par Skype tandis que son père et moi travaillons aussi en ligne. Nous avons un jardin (et par bonheur, il fait beau) et nous voyons le ciel ou la nature par toutes les ouvertures de la maison. Et nous pouvons même aller nous promener en direction des champs sans risquer de croiser qui que ce soit.
Le confinement nous empêche juste d'aller à nos cours de danse ou d'aïkido, d'aller à la piscine, au cinéma ou à la médiathèque. Il nous contraint à passer des heures devant les écrans, pour aller chercher le travail prévu par les différents enseignants, parfois aussi pour faire ces devoirs, ou, en ce qui me concerne, pour préparer des cours et récupérer des copies (mais comme les profs ne travaillent pas, je vais proposer à Sibête de les corriger)...


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Des questions

(23 mars)

En fin de semaine dernière, une certaine universitaire proposait ce questionnaire.
Voici ma contribution:
  • Qu’est-ce que vous faites de nouveau, de différent, d’inhabituel, depuis les restrictions dues à COVID-19?
Je passe un temps fou sur mon ordinateur pour préparer des cours et récupérer ceux des enfants.
J'ai arrêté de porter une montre et je ne sais jamais trop quelle heure il est.
  • Quels sont vos buts et vos espoirs pour la semaine qui vient?
Trouver un truc pas trop chiant à faire pour mes élèves, histoire que travailler à la maison soit un plaisir plus qu'une corvée. (Mais j'ai du mal à trouver des trucs vraiment rigolos et abordables à leur niveau.)
  • Quelles sont vos stratégies pour éviter de perdre la tête d’ennui ou de stress?
Je crois que je suis suffisamment occupée, mais j'essaye de sortir un peu chaque jour (j'ai la chance d'habiter une maison avec jardin en pleine campagne).
  • Quelle est la plus grosse difficulté à laquelle vous devez faire face en ce moment?
Arriver à me motiver pour travailler et à faire travailler mes enfants.
Et vendredi, il n'y avait plus de litière pour les chats à cause des gens qui pillent les magasins.
  • Qu’est-ce qui vous a fait rire, récemment?
En dehors des erreurs de lecture du P'tit Mousse, qui prêtent parfois à confusion, j'ai bien aimé deux messages de collègues: une caricature sur les difficultés de la "continuité pédagogique" et une invention juvénile autour du "chocolat-virus".
  • Quelles sont vos plus récentes stratégies pour éviter d’angoisser ou de paniquer?
Cette question ressemble beaucoup à la troisième... Je vais éviter de sortir vers des endroits habituellement animés. Ce vide est déprimant.
  • Qu’est-ce que vous avez réussi à faire de bien, ces derniers jours?
Pas grand chose, malheureusement.
  • En quoi vos pensées ou croyances ou attitudes ont-elles changé ces derniers temps?
Il se peut que je prenne plus mon temps.
  • Qu’essayez-vous de garder comme habitude “normale” dans votre quotidien?
J’essaie de me lever pas trop tard, même si je ne mets plus le réveil. Et pour les élèves, je ne me connecte sur l'ENT que pendant les heures de cours (pas le week-end, par exemple).
  • Qu’est-ce qui vous donne encore un peu d’espoir en l’humanité, en ce moment?
 Les messages échangés avec les uns et les autres. Nous restons proches et solidaires.

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Eh alors?

(20 mars)

Je m'étonne que notre ministre, auparavant si prompt à nous envoyer des vidéos pour un rien, n'en ait pas encore enregistré une pour nous remercier de notre engagement pour assurer notre mission de service public et maintenir la continuité pédagogique en ces temps difficiles (si tu veux, Jean-Mi, moi aussi je peux parler langue de bois administrative). Ou alors, il est vexé, parce qu'il avait dit qu'on ne fermerait pas les écoles, et paf! Ou encore, il se fait tout petit, parce qu'il avait promis que tout était prêt, sauf qu'en réalité, non?
Car il faut bien admettre que le démarrage a été difficile. Il y a des problèmes de connexion qui perdurent. Et puis, l'ENT officiel, Pro no te, ne permettait pas de déposer des fichiers volumineux (la capacité du site a été augmentée en début de semaine). Il n'est de toute façon pas toujours très pratique à consulter: il y a des informations partout, dans le cahier de textes, dans le travail à faire, dans les discussions ouvertes par les différents profs. J'ai raté une ou deux infos pour Numérobis, et mes élèves m'envoient des messages parce qu'ils ne trouvent pas mes documents, ou qu'ils ne savent pas comment rendre le travail demandé (ouh la, pas de panique, c'est pour mardi!). Alors je mets une partie des infos en doublon sur Pe arl trees, un outil utilisé aussi par le lycée (et que le proviseur envisageait de supprimer, parce qu'il est payant). C'est plus pratique pour les vidéos, et c'est visible par toutes les classes, donc je n'ai pas à déposer le même document plusieurs fois.
Il y a des élèves qui travaillent, ou en tout cas qui se connectent pour voir ce qu'il y a à faire. Il y en a sûrement aussi qui n'arrivent pas à avoir toutes les informations. Il y en a quelques uns qui en font plus que ce qu'on leur demande (euh, toi qui n'étais pas là le jour de l'expression écrite, qui t'a donné le sujet pour lequel tu as trouvé le moyen de m'envoyer ta production?) et il y en a probablement aussi qui ne font rien.
Il y a des collègues qui ont l'impression de passer leur journée devant leur ordinateur. C'est un peu ce que j'ai fait hier, en partie pour mon travail, en partie pour aider le P'tit Mousse ou Numérobis.

(Ah oui, moi z'aime bien quand les zens ils travaillent sur l'ordinateur.)
Il y a des collègues qui fournissent des tonnes d'exercices (bonjour, prof de maths du collège), des collègues qui râlent quand les élèves ne se manifestent pas (ben non, elle ne fait pas bronzette, la fille de la prof d'anglais, elle n'a juste pas d'ordinateur à elle, et de toute façon, la connexion rame) et des collègues plus compréhensifs (ne paniquez pas, les enfants, c'est vrai qu'on vous a donné beaucoup de boulot, cette semaine, mais prenez votre temps, et puis je comprends bien que vous n'avez peut-être pas tous votre PC perso).
Il y a aussi des collègues qui envoient des devinettes ou des liens vers des sites interactifs plus ou moins rigolos:
(La girafe a-t-elle toujours porté ce masque?)
Et on se demande où est la proposition subordonnée, dans "Barnabé n'a pas le droit d'aller se promener parce qu'il n'a pas eu une bonne note à son évaluation de grammaire."
Alors non, contrairement à ce que certains croient, les profs ne sont pas encore en vacances. Il y a même des profs d'EPS qui trouvent le moyen d'envoyer du travail (il est conseillé au Pirate de participer à la préparation des repas et de tenir un planning de ses activités physiques). Les professeurs sont devant leurs ordinateurs, ils tapent des cours et cherchent des activités un peu plus ludiques et distrayantes pour motiver leurs élèves à distance. Et en plus, ils s'occupent de leurs enfants, comme tout le monde.

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Sortir du réel

(16 mars 2020)

Quelle chose étrange que ce virus qui paralyse le monde. Celui qui m'entoure, en tout cas.
Ce matin, nous avons pris un peu notre temps pour nous lever, mais le Pirate était devant son ordinateur dès 9h 15 pour tenter de se connecter. Il n'a pas réussi, Pronotes saturait. Alors il s'est remis à la lecture de Descartes.
Le P'tit Mousse était très enthousiaste à l'idée de tenir un journal de bord (idée de la maîtresse), et il l'avait commencé dès samedi. Comme il y avait pas mal de fautes dans son récit, je lui ai demandé de les corriger pendant que j'allais faire quelques courses (dans un Intermarket dévalisé). A mon retour, ses frères étaient en train de l'aider. L'école à la maison, c'est quand les plus grands aident les plus petits.
Numérobis avait un DM de maths un peu compliqué, le Pirate lui est venu en aide, parce que lui-même n'arrivait toujours pas à se connecter.
J'ai tenté d'accéder à Pronotes en tant que parent pour prendre des nouvelles du collège, mais je me suis vu refuser l'accès. A l'école, où j'étais passée en revenant des courses, il n'y avait pas d'information non plus. Heureusement qu'il y avait ce DM de maths!

(L'école à la maison, c'est trop bien!)
Il a fallu que je m'occupe aussi un peu de mes élèves; mais comme je n'avais que des terminales, officiellement, aujourd'hui, ça ne m'a pas demandé trop de travail. C'est à eux de tout faire, en fait. Je ne suis plus là pour leur expliquer le vocabulaire manquant ou leur mâcher les phrases...
Et puis ce soir, j'ai découvert le mail de la maîtresse avec plein de sites pour faire des exercices de révision, et j'ai réussi à me connecter au collège. Il y a déjà pas mal de documents pour Numérobis, et le prof de maths a aussi prévu les exercices pour demain. En revanche, si la prof de musique espérait qu'il rende un truc aujourd'hui, c'est râpé. J'ai téléchargé les fiches d'anglais, je lui montrerai demain.
C'est toute une organisation à trouver (aussi parce que nous n'avons pas un ordinateur par enfant, et que, de toute façon, il est hors de question qu'ils passent leur journée devant un écran). Donc je suis bien contente que le P'tit Mousse ait passé une partie de l'après-midi à construire une tour en Kap'la et que mes trois fils aient improvisé un cours d'EPS (badminton) dans le jardin.
Je ne sais pas trop où nous allons, et cet inconnu n'est pas tout à fait rassurant non plus. Même si j'essaie de prendre tout ça comme une expérience...

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Musique pour patienter

(9 mars)

Pas très envie d'écrire, en ce moment.
Et puis la bande-annonce de Sophie Scholl, visionnée avec les élèves, m'a remis en tête cette musique qui m'émeut au plus au point.


(Associée pour moi à une mise en scène du Don Juan de Molière avec Arditi et Boujenah...)

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La desesperacion es muy grande

(4 mars 2020)

Non, mais évidemment, comment voulez-vous que je lutte contre l'espagnol, quand les collègues (dont moi) qui n'ont jamais étudié cette langue écoutent l'épreuve de compréhension orale et se disent "ah d'accord, je comprends presque tout"? Alors que, bien sûr, quand on écoute la même épreuve en allemand (et pour certains collègues, en anglais), c'est beaucoup plus compliqué.
Vous imaginez ce que ça donne pour les élèves. Quoique. Certains, qui ont étudié l'espagnol depuis 5 ans, sont capables de ne pas comprendre aussi bien que moi de quoi parle leur document. Quant à résumer en français, c'est encore une autre histoire...


Le document d'allemand était un extrait d'une interview de Katarina Witt, dont j'ai appris qu'elle était une lanceuse de marteau américano-marocaine, et que ses parents étaient artistes peintres.
Katarina Witt, la vraie, à Sarajevo en 1984:




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