Elle préfère les médecins femmes

 (30 mai)

Un jour, une collègue avait expliqué qu'elle avait plus ou moins toujours été suivie par des médecins hommes, et que, le jour où elle avait rencontré son nouveau médecin traitant, qui est une femme, elle avait vu la différence. Elle se sent beaucoup mieux avec elle.

Je dois dire que, moi aussi, je préfère parler à une femme. Je les sens plus à l'écoute.

Et ce n'est pas qu'une impression. J'ai pu le vérifier pas plus tard que la semaine dernière.

Quand j'avais été voir le gynécologue, au mois d'août, il m'avait prescrit une mammographie. Et comme il m'avait dit que ce n'était pas urgent, j'avais décidé d'attendre la fin de cette année scolaire pour faire prariquer cet examen assez peu agréable. Comme ça, j'aurais les clichés avant la prochaine visite chez le médecin; et comme on serait l'année de mes 50 ans, ça compterait peut-être pour le dépistage organisé.

J'avais donc rendez-vous la semaine dernière. Il a fallu mettre à jour mon dossier, parce que l'ordinateur ne me connaissait que sous un nom que je ne porte plus. Et puis attendre un peu. Le temps de voir passer un homme fort affairé qui, à peine entré dans la salle d'examen, disait à la patiente "allongez-vous, Madame". Pour que je l'entende aussi bien, la porte ne devait pas encore être fermée...

La technicienne qui pratiquait l'examen m'ayant annoncé qu'elle allait d'abord me poser quelques questions, je ne me suis pas déshabillée tout de suite. Et elle a déroulé son questionnaire, sur un ton assez bienveillant, comme si elle se souciait vraiment de savoir à quel âge j'avais eu mes règles et combien de temps j'avais allaité mes enfants. Ensuite, elle m'a fait installer dans la salle d'examen voisine, où le médecin allait, éventuellement, pratiquer une échographie.


 

Le monsieur affairé est entré et m'a dit de m'allonger. Et c'est donc à moitié nue, dans une position marquant une infériorité, que j'ai dû répondre de nouveau au questionnaire sur mes antécédents. Sauf que le docteur n'avait pas bien lu sa fiche, et qu'il y est allé d'un "Ménauposée depuis?" qui m'a un peu choquée. J'aurais dû lui répondre "J'aimerais bien lire l'avenir", ou quelque chose comme ça, mais ça ne m'est pas venu à l'esprit. J'ai juste pensé qu'il manquait du tact le plus élémentaire.

Et j'ai repensé à ma collègue qui préfère les médecins au féminin. Comme elle a raison!

(Et donc, cet examen va bien rentrer dans le cadre du dépistage organisé; et à la première lecture, il n'y a rien de suspect.)

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La vérité sur les augmentations

 (28 mai 2023)

Mais oui, bien sûr, les professeurs vont être augmentés.

C'est-à-dire qu'on va doubler notre prime d'ISOE ("indemnité de suivi et d'orientation des élèves"). Alors, déjà, les professeurs documentalistes ne touchent pas cette indemnité. Donc tout le monde ne verra pas de sous en plus sur sa fiche de paie. Et ensuite, c'est une PRIME. Un truc qui ne compte pas pour la retraite. Ils ont fait le coup aux infirmières, maintenant c'est au tour des profs... Il y a des économistes qui ont calculé qu'en 20 ans, nous avions perdu l'équivalent de 70 000 eurso, compte tenu de l'inflation.

Ah oui, c'est vrai, on pourra signer un PACTE pour être rémunéré un chouïa plus, en échange de quelques missions supplémentaires. Au forfait. Par exemple: 24 heures de remplacement dans l'année. Cà fait un peu moins d'une heure par semaine, en moyenne. Mais çà peut vouloir dire des semaines avec 4 heures de plus, et d'autres avec un emploi du temps normal. Et surtout, ce type de remplacement vise plus à garder les élèves qu'à leur faire profiter de vrais cours. Parce que, si je signe ce genre de contrat, je devrai me substituer à n'importe quel collègue absent, et ça ne pourra pas être dans ma matière, puisque je suis le seul professeur d'allemand du lycée.

Notez que c'est déjà possible. Cette semaine, il y avait une heure de maths, dans mon emploi du temps:

Bon, c'était un arrangement avec la collègue. Elle avait autre chose à faire (dans le lycée) à cette heure-là, et elle m'a demandé si je voulais bien surveiller un devoir. Surveiller, des maths ou autre chose, c'est tout-à-fait à ma portée. D'autant que le cours durait deux heures et que les élèves étaient déjà en train de plancher quand je suis arrivée. J'ai même réussi à faire l'appel, alors que je connaissais à peine un cinquième des présents (facile, il suffisait de compter, ils étaient tous là).

Et vous savez quoi? Je vais même être rémunérée, pour cette heure supplémentaire. Je me demande si l'Education Nationale dépense vos sous (et les miens) de manière vraiment raisonnable...


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Prendre la Bastille

 (22 mai)

Quand j'ai constaté que je n'avais pas la garde des enfants pour le pont de l'Ascension, je me suis dit qu'il fallait que j'en profite. Et quand l'Opéra de Paris, auquel j'ai été abonnée il y a fort longtemps, et qui continue à m'envoyer des messages d'information, m'a proposé de réserver des places pour des ballets de Béjart, je me suis dit qu'il y avait peut-être quelque chose à faire. J'ai consulté les dates, regardé ce qui se jouait en parallèle (il y a toujours deux ou trois spectacles en cours) et constaté qu'en jouant malin, il était possible de voir deux ballets différents pendant ce fameux pont. Nous étions en décembre, je me suis fait offrir les places pour Noël.

Et donc, jeudi matin, j'ai laissé un chat encore un peu patraque d'avoir vomi la veille pour prendre le train en direction de la capitale. J'avais réservé un hôtel pas cher (et il ne valait pas mieux) du côté de la Bastille, mais sur une ligne de métro qui permet aussi de se rapprocher de l'opéra Garnier. De mon hôtel, je pouvais aller à mon premier spectacle à pied, et heureusement, parce que:

Et vraiment, ces trois pièces chorégraphiées par Béjart, c'était très très bien. J'avais un peu peur de L'Oiseau de Feu, parce que j'avais vu la version originale du Sacre du Printemps (autre ballet sur une musique de Stravinsky) il y a quelques années et que je n'avais pas aimé. Il semblerait que la version de Béjart parle un langage que je comprends mieux. Je ne connaissais rien du Chant du Compagnon errant sur des Lieder de Mahler), mais j'y ai découvert avec bonheur le talent du danseur étoile Guillaume Diop. Et puis, le Boléro de Ravel, en final magnifique...

Le lendemain, je me suis rendue à pied jusque dans le Marais. Passage par la Place des Vosges que se partageaient les touristes matinaux et les sportifs, errance dans le quartier Saint-Paul, découverte de la rue des Rosiers et visite du musée Carnavalet, qui retrace l'histoire de la ville de Paris. Je ne me souvenais pas l'avoir déjà vu. Rien que le bâtiment est étonnant, puisque le musée occupe deux anciens hôtels particuliers de part et d'autre du lycée Victor Hugo. Il y a des tas de trucs à découvrir, toutefois j'avoue que j'ai passé un peu rapidement après la Révolution, parce que j'avais faim...

J'avais ambitionné de manger du côté de la rue des Rosiers, mais quelle erreur horreur, tous ces touristes! J'aurais peut-être pu me contenter d'une pâtisserie, les nombreuses boulangeries n'étant pa totalement saturées. Mais pour le salé, il n'y avait que des vendeurs de "fallafels authentiques", à manger sur le pouce après avoir fait la queue pendant de longues minutes. Pardon, c'est ça la nourriture traditionnelle juive qu'on pourrait attendre de ce quartier? Quel dommage! J'ai pris une rue perpendiculaire jusqu'à être suffisamment éloignée de la foule. Et j'ai trouvé un charmant petit restaurant corse où j'ai fort bien mangé. Le moelleux à la châtaigne était délicieux. Ca, c'est de la cuisine authentique!

Ayant poussé jusqu'aux Halles, j'ai eu droit à un spectacle de danse de rue assez époustouflant, et puis je suis rentrée à mon hôtel me reposer un peu. J'ai pris un en-cas avant de me diriger vers le Palais Garnier assister à The Dante Project. Les danseurs sont toujours aussi bons (Guillaume Diop était encore dans la distribution), mais j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le spectacle, pour une raison technique. J'étais bien placée, là n'est pas le problème. Des costumes noirs, sur un décor sombre et une scène peu éclairée, certes, c'est un concept pour l'Enfer, mais on n'y voit goutte! Et puis, tous les personnages, à l'exception de Dante et Virgile, étaient habillés pratiquement de la même manière (il n'y a guère que les traces plus claires sur les costumes qui variaient). Comment, dès lors, faire la différence entre Ulysse, Didon et Enée, les poètes et les voleurs? J'ai en revanche très bien compris que les Courroucées n'arraitaient pas de se chamailler. Les actes deux et trois étaient plus clairs, dans tous les sens du terme (normal, on s'élève vers le Paradis, tout devient lumineux). A l'applaudimètre, le public était d'accord avec moi pour dire que c'était moins bien que Béjart. Mais je pense que tout le monde regrettait un peu aussi de ne pas pouvoir applaudir plus précisément tel ou tel rôle, faute d'avoir identifié les danseur·ses.

(Entracte à Garnier)
Ce qui était amusant, à Garnier, c'était tout d'abord de se dire qu'on avait bien fait d'y aller à Noël, avec les enfants, parce que là, la façade était dissimulée derrière un échaffaudage, et qu'en plus, pendant les spectacles, on n'a pas accès à la bibliothèque. J'avais l'impression d'être initiée à des mystères inaccessibles à d'autres spectateurs. Et ensuite, j'ai trouvé drôle de voir arriver une famille germanophone et un couple de Britanniques très bien habillés. A Vienne ou à Londres, on se costume encore pour aller à l'Opéra. A Paris, on ne sort plus sa belle robe pour voir un ballet, sauf si c'est le soir de Noël ou du Réveillon... Car, si les places ne sont pas données, ces spectacles restent plus accessibles que les JO...



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Motif de l'absence: raison familiale

 (20 mai)

Veuillez excuser ce silence momentané, mais j'avais fort à faire, cette fin de semaine:

Je vous raconte ça bientôt, dès que j'ai rattrapé mon retard de câlins avec Monsieur Ouille, préparé mes cours pour lundi, fait une lessive et rangé un peu avant le retour des enfants...


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La ligne magique

 (16 mai 2023)

J'ai rempli ma déclaration d'impôts.

Et ce ne fut pas une mince affaire.

Cette année, Dieu sait pourquoi, mais sans doute est-ce en rapport avec le divorce, j'ai reçu un exemplaire papier des impôts. Je me suis dit que j'allais l'utiliser comme brouillon, histoire de bien noter les divers dons et charges déductibles. Et j'ai d'abord constaté une erreur dans le montant indiqué pour les heures supplémentaires. Allez savoir pourquoi, il y avait une différence d'une centaine d'euros entre le montant connu et le montant réel. Pas bien grave, ça se corrige.

La deuxième difficulté a été, comme chaque année, de comptabiliser les dons. Je vous passe les recherches dans les archives de la messagerie, les messages à l'organisme qui envoie toujours les reçus après la bataille, et le tri 66 / 75 %, pour en arriver à la petite blague de l'administration fiscale. Une association me dit de reporter mon don "ligne UF". Je cherche la ligne sur le formulaire papier. Elle n'existe pas!

J'ai UG, UH, mais pas de UF. VA, alors?

Je note, en regardant un peu mieux ce formulaire, qu'il y a un petit malin qui s'est bien amusé à perdre le contribuable. Les lignes ne sont pas du tout par ordre alphabétique...

On passe de C à R et de R à J. Encore heureux que cette déclaration soit "simplifiée", hein!

Ayant tout bien préparé, je me suis rendue sur le site des impôts. Qui croit que je suis toujours propriétaire, mais ça, c'est parce que "les hypothèques ont deux ans de retard", m'a-t-on expliqué chez le notaire qui a enregistré, par convention, la cession de ma part de la maison à mon ex-conjoint. Donc, je fais comme si je n'avais rien vu, et je ne vais pas déclarer qui occupe ce logement dont je ne suis plus responsable.

Je commence donc à compléter, demander le rattachement de mes enfants mineurs en résidence alternée, corriger le montant perçu en heures supplémentaires exonérées... Et j'arrive aux charges déductibles. Et là, miracle:

La ligne UF est de retour! Avec toutes ses copines et la question de savoir si les organismes sont domiciliés en France ou à l'étranger. Comme d'habitude, je mets tout dans la même case (puisque c'est la même réduction!). Et j'attends que gouvernements et associations se mettent d'accord pour une nomenclature simplifiée (organisme de "type A", donnant droit à une réduction de 75% et basé en France, par exemple, organisme de "type B" pour ceux ayant leur siège à l'étranger...).

Au moment où je pensais avoir terminé, une fenêtre s'affiche et me fait remarquer que j'ai déclaré une pension alimentaire ET des enfants à charge. Les deux sont incompatibles, évidemment qu'on en verse pas de pension aux enfants qui dorment sous notre toit. Mais: les enfants déclarés sont mineurs, et j'ai rempli la bonne case, tandis que la pension est versée à un enfant majeur (rattaché au foyer du père par la convention citée plus haut) et déclarée comme telle. Pas d'incohérence dans ma déclaration, juste un zèle excessif du serveur.

Et le site m'annonce enfin la somme prévisible de mes impôts. Le Pirate étant désormais majeur et rattaché donc, au foyer fiscal de son père, je devrais payer beaucoup plus. Mon taux d'imposition va doubler, pour tout dire. Heureusement que je suis d'une générosité extrême: mes dons aux oeuvres devraient m'éviter, de justesse, un gros rattrapage...



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On nous prend pour des cruches

 (10 mai 2023)

(Le 10 mai, c'est l'anniversaire de l'élection à la présidence de M. Mitterrand...)

Mme Zouzou nous parle encore de la "revalorisation substancielle" promise par le ministre. En réalité, c'est seulement une prime qui va doubler. Une prime qui n'est même pas touchée par tous les enseignants. Qui ne compte évidemment pas pour la retraite. Et qui peut être revue à la baisse n'importe quand.

Sinon, pour gagner des sous en plus, les professeurs pourront toujours signer un Pacte...

Pacte à propos duquel je viens de trouver ce long article sur le Café pédagogique. Je vous copie un paragraphe très intéressant, et qui enfin ce que j'entends beaucoup en salle des professeurs...

"En ne s’employant pas à remédier au quintyque « déclassement, dévalorisation, déconsidération, déqualification, déshumanisation » autrement que par un saupoudrage de primes soumises à des exigences supplémentaires, le ministère de l’éducation nationale fait œuvre d’humiliation. Après les promesses non tenues, il demande à ceux qui ont été socialement rétrogradés de « mériter » la récupération de ce qui leur a été retiré. Loin de leur soumettre ou d’élaborer avec eux un projet pour l’avenir, il les enjoint de s’inscrire dans des dispositifs qui semblent plus destinés à les contraindre qu’à répondre aux difficultés et aux besoins essentiels des élèves. Ces derniers ne trouveront pas leur compte, ni les réponses à leurs difficultés, dans ces dispositifs qui sont des artifices consommateurs de temps et de crédits. Ils trouveront face à eux de plus en plus d’enseignants fatigués, désillusionnés et pressés."

Voilà.

Et je rappelle juste que tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse.


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On nous prend pour des quiches

 (8 mai)

Je cherchais quoi raconter sur ce blog.

Il ne se passe pas grand chose, dans ma vie, en ce moment, et puis, avec ce mois plein de trous et de ponts, je perds le rythme et la motivation.

Et je suis tombée sur cette ancienne capture d'écran:

 

Je ne sais plus ce que j'étais en train de commander. Mais je me souviens très bien pourquoi j'ai voulu garder l'image. Regardez bien les tarifs. Certes, si je choisis le plus cher, je peux être livrée un peu avant. Mais entre le bon vieux service public et un service privé assez commun, la question en se pose même pas: le second est plus cher, le colis met plus de temps à arriver, et en plus, il faut aller le chercher dans un point de retrait, alors que le facteur le mettre directement dans ma boîte à lettres. Il y a vraiment des gens qui cochent l'option numéro deux?

(Quand le paquet ne rentre pas dans une boîte aux lettres standard, et qu'il faudra aller le retirer dans un bureau de poste aux horaires aléatoires, je peux comprendre.)

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Le printemps

 (2 mai 2023)

Le printemps, c'est quand le soleil commence à chauffer juste assez pour te donner un teint de pêche l'air d'un poivrot avec ton nez rouge.

Le printemps, c'est quand ça bourdonne de partout: les abeilles et autres bibites, les tondeuses à gazon, et même le bagad qui se remet à répéter dehors.

Le printemps, c'est quand les rayons du soleil qui passent par les baies vitrées indiquent clairement qu'il faudrait faire les carreaux, là, non?

Le printemps, c'est quand tu peux mettre ton linge à sécher dehors (mais en faisant quand même attention aux oiseaux, qui parfois salissent ce qui était juste sec).

Le printemps, c'est quand tu laisses la fenêtre de la cuisine ouverte pour que ton chat aille profiter du jardin, et qu'il te fait de chouettes traces de pattes sur le carrelage en rentrant.

Le printemps, c'est quand il fait trop beau pour rester à l'intérieur et que tu n'as pas du tout envie d'aller faire cours à des élèves qui n'ont pas non plus l'intention de travailler.

(du côté de Plourguerneau)


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