Famille d'intellos

(30 mai 2011)

Il est déjà trop tard pour que je cesse de "parler compliqué" à mes enfants. Il faudrait les abrutir au moins trois heures par jour devant la télé pour qu'ils redescendent au niveau de certains de mes élèves.
Les preuves?
N°1: Une élève de troisième (qui n'aura vraisemblablement pas son brevet, ceci explique cela) lit au fond de ma salle. Je tolère cette activité, qui me paraît plus intellectuelle que le dessin et beaucoup moins bruyante que les habituels bavardages. Soudain, elle s'exclame: "Madame, ça veut dire quoi 'hors de leur domicile'?" Puis s'embrouille en me disant qu'elle fait de l'allemand, puisque son livre parle de la première guerre mondiale (les Juifs, tout ça - hum). Lorsque j'ai raconté l'anecdote, le soir, à table, K. est resté perplexe, et le Pirate a profité du silence pour dire "Ca veut dire 'hors de leur maison'."
N°2: Numérobis sait réciter l'alphabet (moins U et V), reconnaît une dizaine de lettres, sait que "deux et cinq, ça fait 25" et peut "déchiffrer", j'entends par-là lire tous les chiffres. Par ailleurs, son vocabulaire est assez étendu pour qu'il puisse (oh mon Dieu, un subjonctif!) expliquer aux amis venus à son goûter d'anniversaire que les bonbons noirs qu'il n'aime pas, "c'est du cycliste" (ah ben ouais, mais le mot "cycliste", dans la bouche d'un enfant de 5 ans, ça ne doit pas être si courant).
N°3: le P'tit Mousse, quand il arrive à se hisser sur le canapé, se cale bien au fond et tient devant sa figure une revue. Il "lit", dans la même position que son plus grand frère. Et à part ça, le pédiatre me demandait s'il disait des mots, des vrais qui expriment quelque chose. La réponse est oui, même si vous aurez du mal à deviner ce qu'il entend par "main" (la réponse n'est pas là où est arrivé un curieux qui avait frappé "javanais occidental" chez Gogole, j'en ris encore).

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Pauvreté linguistique

(25 mai, dites donc, c'est l'anniversaire de Numérobis!)

Il ne sera pas question ici des efforts du P'tit Mousse pour se faire comprendre, verbalement ou gestuellement, il y arrive plutôt bien, le bougre.
Non, je vais seulement me plaindre encore une fois du niveau des élèves...
Il y a quelques années déjà, j'avais pu constater que, si le mot "chaotisch" est un mot transparent, son sens n'en reste pas moins obscur pour une grande majorité des élèves. Non qu'ils ignorent le chaos, mais ils le nomment habituellement autrement.
Lorsque, cette année, j'ai inscrit "la proposition subordonnée complétive" au tableau, et qu'une élève de troisième m'a, en toute sincérité, demandé si ça existait en français, je me suis dit qu'on tombait bien bas. Ces enfants-là connaissent à peine la grammaire de leur propre langue, comment voulez-vous, dans ces conditions, leur apprendre celle d'une langue étrangère? (Figurez-vous que ce fameux "que" ne se traduira pas de la même manière suivant qu'il introduit, justement, une complétive, une relative, ou un complément du comparatif. Voilà une idée totalement déraisonnable et tordue pour des enfants qui croient encore que chaque mot a un unique synonyme absolu dans chacune des autres langues du monde.)
Après tout, on peut m'objecter que, sans en connaître l'appellation, elle devait bien vaguement savoir ce que c'était. Peut-être. Mais la suite a prouvé la pauvreté linguistique dans laquelle se meut cette élève. J'avais en effet noté quelques exemples, avec leur traduction. L'une d'elle affichait clairement un subjonctif, en français. Ce que je m'empressai de souligner pour montrer que, pour une fois, la langue de Goethe était plus simple que celle de Molière (sans parler de celle de Cervantès, qui aurait sûrement exigé un subjonctif à chaque fois). Et là, la même élève de demander: "Mais on n'a pas ça, en français, le subjonctif?" Ben si, la preuve. "Et c'est quoi?" Ben c'est quand tu dis "Il faut que je fasse". Elle n'utilise pas "ce verbe, fasse". Jamais. Parce qu'elle n'emploie jamais de phrase complexe, sans doute. La collègue de français m'a confirmé qu'une récente étude prouvait que de plus en plus de gens se contentent de la structure sujet-verbe-complément.
Quand je pense que le Pirate, à deux ans et des brouettes, me disait "je fasse mon lit" (parce que je répétais chaque matin qu'il fallait que je fisse les lits avant de m'occuper de lui)... Il va falloir que j'arrête de parler compliqué à mes enfants.

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Test

(23 mai)

Au départ, je pensais faire un test de réactivité. Il s'agissait de savoir, qui de la mairie du Nord ou de celle du Sud, m'enverrait en premier le certificat de naissance nécessaire à l'établissement d'un passeport pour chacun de mes deux aînés (le P'tit Mousse a déjà le sien). J'ai donc envoyé la même lettre, accompagnée de la photocopie du livret de famille et d'une enveloppe timbrée à mon adresse, vers le 59 et vers le 83.
Cette lettre disait, en gros: mon adresse, que je voulais faire faire un passeport à mon fils Albert, né le tant sur votre commune, merci.
J'ai reçu les deux réponses le même jour. Une enveloppe épaisse, l'autre nettement moins. Comme il n'y a plus de cachet de la poste (quel scandale!), il m'était difficile de savoir d'où elles venaient avant de les ouvrir. J'ai commencé par la plus épaisse, craignant d'y trouver un formulaire à compléter. Point du tout. C'était la copie de l'acte de naissance du Pirate, agrafée à ma lettre et ma photocopie.
L'autre enveloppe, en revanche, contenait uniquement un formulaire. Il y a à Fréjus des fonctionnaires zélés qui n'ont qu'une chose à faire: casser les pieds au gens. Sous prétexte qu'un décret de 1997 exige qu'on fournisse la filiation pour toute demande d'acte comportant cette filiation, je devais indiquer le nom du demandeur (moi, c'était juste l'en-tête de ma lettre), mon lien avec la personne dont je demande l'acte (euh, voyons, s'il est mon fils, ne serais-je pas peut-être sa mère?), les noms et prénoms de ses parents (ah, c'est ça, il manquait mon nom de jeune fille et le prénom de K.!) et indiquer une adresse de contact avant de signer (comme si j'avais envoyé une lettre anonyme, la semaine dernière).
Alors moi, je vais vous dire: je me suis mariée au XXIème siècle; donc après ce fichu décret. Et je ne me souviens pas qu'on m'ait demandé de remplir ce genre de formulaire à la noix pour me fournir un acte de naissance. Je ne me rappelle pas non plus qu'on ait demandé le nom de jeune fille de sa mère à K. Et si la mairie de naissance du Pirate a pu m'envoyer le précieux document sans faire d'histoires, pourquoi est-ce que celle de Fréjus en est incapable? Parce que mon fils cadet a un prénom serbo-croate et un nom qui sonne italien?
J'ai renvoyé le formulaire, avec quelques remarques en rouge et sans copie (obligatoire) de la pièce d'identité; ils n'avaient qu'à garder la photocopie du livret de famille. Et puis, s'il y a un problème, maintenant, ils ont mon numéro de téléphone...

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Devoirs

(20 mai)

"Apporter du sel, un pot de yaourt en verre et un morceau de tissu."
Ok, maîtresse, je te vois venir. Ma fête, c'est dans une dizaine de jours. Et ça sent le pot à trucs et la pâte à sel à plein nez. Dis-moi juste, le morceau de tissu, c'est pour quoi faire, que je choisisse un peu la couleur et les motifs en fonction? Et pis tu veux pas que je fasse réaliser l'objet directement à la maison, non, tant qu'à y être? Parce que je te trouve un peu gonflée, quand même, de me demander de fournir le matos pour mon cadeau!
N'eût-il pas été plus discret de demander le pot de yaourt juste à la rentrée des vacances (voire même avant, qu'on ait au moins le temps de consommer le contenu)?
Tiens, à ce propos, je n'ai toujours pas eu l'explication des "rouleaux de sopalin vides" réclamés par la maîtresse de Numérobis pour "réaliser des travaux sur le thème de la ferme". Ce n'est pourtant pas de ma faute s'il y a eu pénurie, puisque mon fils a apporté au moins trois rouleaux de carton (vu que la demande a été formulée alors que nous avions quelque retard dans le vidage de la poubelle des recyclables).
Je me demande si les écoles ne devraient pas songer à organiser au premier trimestre un "mois de collecte", pendant lequel chacun apporterait des objets utiles aux différentes réalisations de l'année. "Pour nos travaux de cette année, nous aurions besoin de pots de yaourts en verre, morceaux de tissus, bouteilles en plastique, rouleaux de papier toilette (vides)." Les maîtresses auraient alors une possibilité plus discrète de trouver de quoi fabriquer les cadeaux de fête des mères (ou des pères: l'an dernier, c'est à cette occasion que Numérobis avait eu besoin d'un pot de yaourt). Et ça augmenterait l'effet de surprise pour les parents!

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Fête de la Bretagne

(19 mai, Saint-Yves)

Le Pirate dessine les maillots des équipes bretonnes de première division. Il les copie d'après le journal, rubrique des sports. Lorient, Brest, Rennes. Et il s'aperçoit qu'il a une équipe dans chaque département, "sauf celui au-dessus de celui de Lorient". (Le Pirate est calé en géographie.) Il me met donc à contribution pour trouver une équipe dans les Côtes du Nord d'Armor. Je suggère que Saint-Malo a sûrement une équipe de foot; oui, mais c'est en ligue 2; alors il me propose d'autres noms de villes en ligue 1, de Caen à Lens en passant par Sochaux, mais curieusement pas Lille ou Lyon (il doit savoir où elles se trouvent), et écarte aussi Nice, parce que "c'est dans le Var" (pas tout à fait quand même). Finalement, il se rabattra sur les Malouins pour avoir une équipe dans chacun des quatre départements (administratifs) bretons.
Un vrai patriote?

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Le bel âge

(17 mai)

Il marche, alors il va où il veut, et il se refuse à donner dans la main dans la rue.
Il dit "ta" en montrant du doigt quand il veut quelque chose, et le plus souvent, on le lui donne.
Il a des esclaves grands frères pour jouer avec lui.
Il ne veut pas tenir son biberon tout seul; dans les bras de Maman, c'est tellement mieux!
Au petit déjeuner, il redonne son morceau de pain pour avoir de la confiture, dessus.
Il mange des fraises et du chocolat (et il sait où les grands rangent les sucreries).
Il se met debout sur le canapé et tente d'escalader l'Everest l'escalier, et il se retrouve par terre avec une grosse bosse, c'est très frustrant.
Il remarque avant tout le monde qu'il y a, derrière la baie vitrée, un chat qui demande à rentrer.
Il reconnaît son papa en photo dans le journal.
Il fait la moue quand il arrive chez la nounou, mais il n'est jamais vraiment pressé de repartir.
Il fait très bien les gros yeux quand il n'est pas content.
Fort heureusement, il est le plus souvent d'excellente humeur, et sa joie de vivre est communicative.
Le P'tit Mousse aura bientôt 15 mois, et sa vie est belle.

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Baguette magique

(14 mai)

Si j'étais Harry Potter, ou Hermione Granger ou même seulement Lavande Brown, il suffirait que je dise pliamus, ou un truc dans ce genre-là, pour que le linge en vrac sur mon canapé soit plié et classé en une pile pour chaque membre de la famille.
Si j'étais de la famille des Malefoy, j'aurais un elfe de maison pour accomplir les tâches pénibles. Le problème, c'est que mon elfe de maison à moi est habillé, et se croit donc permis de mettre un tas de choses à terre.
Si j'étais Madame Weasley, je connaîtrais la formule pour faire la vaisselle en deux temps trois mouvements, et je n'aurais qu'à tendre ma baguette pour que le linge sorte de la machine à laver pour aller se mettre à sécher. En même temps, si j'étais elle, j'aurais eu Fred et Georges à la place du P'tit Mousse...
Si j'étais Ron Weasley, je saurais peut-être faire du Polynectar, et j'aurais pu me transformer en un camarade de classe de Numérobis pour accompagner la sortie à la ferme.
Si j'étais Cédric Digory, croyez-moi que ce n'est pas pour le passer sous la table que j'utiliserais mon balai!
Seulement voilà, même si j'ai deux chats noirs, je suis une vraie de vraie moldue. (L'avantage, c'est que je sais à peu près me servir d'un ordinateur.)

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Une souris

(10 mai)

Non mais, qui l'eût cru? Avec deux chats chez moi, j'ai trouvé l'autre jour, en cherchant des papiers pour la déclaration d'impôts (excusez moi de vous rappeler cette petite formalité), des crottes de rongeur dans un placard. L'animal a dû se faufiler par l'arrière du meuble, dont le fond s'effondre. Je m'explique mal comment il a pu ne serait-ce que rentrer dans la maison. En revanche, il est probable qu'il soit arrivé jusque là pour échapper aux griffes des deux prédateurs qui, si elles sont capables d'attraper des grives dans le jardin, devraient bien pouvoir régler son sort à un pouic pouic dans la maison.
La question que je me pose est la suivante: où ce rongeur est-il passé? A-t-il été finir sa pauvre vie sous le meuble pour échapper aux chats? (Pourvu que non: ce meuble supporte des étagères pleines de livres que je n'ai pas envie de vider pour aller vérifier la présence d'un cadavre. Ca sent fort, une dépouille de mulot?) Ou bien est-il sorti de sa cachette sans être vu ni entendu par ses prédateurs, et a-t-il pu rejoindre le plein-air? En tout cas, il n'y a nulle part ailleurs de trace d'un si petit mammifère; ni crotte, ni objet rongé, ni tache de sang, ni cadavre.
Il était temps, cependant, qu'une petite souris fasse ses quartiers chez nous: le Pirate vient de perdre sa première prémolaire (elle est trouée: ce doit être celle qui a été soignée, et le "plombage" est parti rejoindre la pièce de un euro avalée la semaine dernière) et les incisives de Numérobis ne sont plus aussi bien alignées qu'il y a quelques mois. Ca travaille, la-dessous, et j'en connais une qui va bientôt devoir apporter des cadeaux en échange de petites dents (remarquez, je suis prévenue, je peux faire les courses en conséquence).

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Veinarde!

(5 mai)

Depuis que mes cheveux sentent la cardamone, je gagne des tas de trucs. D'aucuns diraient que j'ai de la veine, mais ce n'est pas tout à fait l'avis de l'infirmière venue me faire un prélèvement (de routine, je vous rassure) hier matin, et qui trouvait mes veines bien trop petites. Pour tout vous dire, elle a même dû changer de bras après un charcutage infructueux à droite.
Bref.
Pas plus tard que ce matin, j'ai encore eu une excellente surprise. J'étais en train de déjeuner, mes cheveux séchant tranquillement et le P'tit Mousse se délectant de pain sec à la confiture. K. était parti à moto depuis moins d'une demie-heure. Donc, lorsque j'entendis une voiture sur les graviers, je me demandai ce que cela pouvait bien être. Le facteur n'a pas eu le temps de sonner. Le facteur? Avec un colis à mon nom? Mais je n'avais rien commandé, et puis les chocolats pascaux et grand-parentaux étaient déjà arrivés, qu'était-ce donc que cette histoire? Le tampon mentionnant l'adresse de l'expéditeur ne me renseignait pas vraiment: mal posé, il indiquait un Cabinet Franck *$ù^y à Paris.
J'ai donc ouvert pour voir de quoi il retournait. Et découvert un lot alimentaire pour le P'tit Mousse. Que je n'avais, donc, pas commandé. Au fond du paquet, un morceau de papier me donna enfin l'explication: j'avais gagné, par tirage au sort, à un concours sur le site d'un magazine parental. Ils auraient au moins pu me prévenir!
En tout cas, je les rassure tout de suite, le P'tit Mousse ne manquera certainement pas d'appétit pour dévorer ces "tato" parfaitement adaptés à son âge!

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Rhubarbe

(2 mai 2011)

Quand j'étais petite, ma maman faisait de la confiture de rhubarbe pour mon papa. Il était le seul à en manger, au petit déjeuner: mes soeurs et moi avions décrété que nous n'aimions pas ça.
Et puis un jour, j'ai eu envie de goûter la rhubarbe. En tarte ou en confiture avec des fraises, je ne sais plus. Peut-être bien en tarte, pour essayer une recette trouvée quelque part. En tout cas, j'ai changé d'avis. Et depuis, je fais tous les ans de la confiture fraise-rhubarbe (feuilletez donc ce blog au mois d'août dernier, vous verrez), et de temps à autre, ma fameuse tarte à la rhubarbe, appréciée de tous, même de K. qui n'aime pas trop les desserts, et des enfants qui n'aiment pas trop les fruits.

Pour la pâte, il faut 200g de farine et 100g de beurre mou, ainsi qu'un peu d'eau: malaxer le tout (à la main!), en commençant par un demi verre d'eau, et en ajoutant du liquide si cela vous paraît nécessaire. Former une boule avec la pâte et la mettre au frigo.
Pendant ce temps, préparer 500g de rhubarbe: ôter les parties dures et tailler en tronçons d'un centimètre environ. Puis mettre dans une casserole avec 150g de sucre (ou un peu moins pour un goût plus acidulé). Faire cuire à feu moyen, en remuant régulièrement, jusqu'à ce que la rhubarbe soit bien tendre et commence à s'effilocher.
Sortir alors la pâte du frigo, préchauffer le four (th. 6); abaisser la pâte et en garnir le moule, puis déposer dessus l'appareil de rhubarbe.
Enfourner pour 45 minutes, à peu de choses près.
Miam!

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