Brèves en vrac

 (31 août 2023)

Ca fait deux fois que ça m'arrive, et c'est énervant: on m'envoie un colis, et on me dit qu'il arrivera entre telle heure et telle heure. Comme s'il fallait que je sois là. Alors que non. Le premier paquet est entré comme une lettre à la poste par la fente idoine de ma boîte à lettres. Et le second est passé par la porte de ladite boîte, avec l'aide du facteur. Alors pourquoi me coince-t-on à la maison pour rien?

Les doigts musclés de mes enfants m'ont aidée à changer (presque) toute seule le troisième feu stop de ma voiture. Le garagiste m'avait conseillé d'en chercher un dans une casse, pour faire des économies; et il avait raison.

Monsieur Ouille aussi s'intéresse aux voitures:

Je soupçonne le camion qui se gare derrière chez nous et qui perd de l'huile d'être responsable de cette tache entre les omoplates...

J'ai vu de mes yeux vu une chenille sur l'un des buis, après le deuxième traitement. Les autres ont l'air "sains", si ce mot peut s'appliquer à des arbustes à moitié rongés. Mais pour le gros encore touffu de l'entrée du jardin, il va falloir sévir de nouveau, j'en ai bien peur.

Et on me souffle dans l'oreillette que je dois retourner travailler, demain.


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Balades bretonnes

 (28 août 2023)

Juste avant qu'il ne fasse (un peu) trop chaud (dans l'Ouest), je me suis offert trois petits jours de promenade, sans voiture mais assez loin quand même.

Quand je dis sans voiture, je triche un peu. le réseau de transports autour ne la préfecture n'est pas encore assez développé pour que je me sois risquée à me rendre à la gare en bus. Il n'y a, croyez-le ou non, pas de bus direct pour aller de mon bourg à la gare. Mais, une fois stationnée (gratuitement) à proximité du chemin de fer, j'ai pu prendre le train pour aller, d'abord, à Nantes.


Le centre-ville de Nantes est hostile aux véhicules motorisés. Tout est conçu pour les piétons, les vélos ou les trams. Même les passages piétons. Je veux dire par là qu'on prévient le marcheur de l'arrivée d'un tram, par feu et par drelin de la motrice, et qu'il n'y a pas toujours de feu pour les voiture, celles-ci étant priées de s'arrêter au moindre piéton. Ce qui est fort agréable, il faut bien le dire.

Ce qui l'est un peu moins, c'est que ce centre piétonnier a été urbainement conçu à une époque où l'on ne parlait pas encore d'écosystème ou de canicule. Il est donc essentiellement pavé de grandes dalles claires. Certes, il n'y a plus d'obstacle à la marche, ni aux fauteuils, cannes pour aveugles ou poussettes. Mais il n'y a pratiquement plus de verdure non plus. Ce qui m'a frappée, c'est qu'on entend fort peu les oiseaux, dans ce centre ancien. Je n'ai pas vu un seul moineau. Et bien sûr, quand il fait chaud, toutes ces dalles reflètent les rayons du soleil et augmentent la température. Il est grand temps de penser à replanter des arbres!

Heureusement, il y a des îlots de fraîcheur, fontaines, bords de Loire ou même le Jardin des Plantes, juste à côté de la gare.

Les amateurs de Claude Ponti apprécierons forcément cette oeuvre qui invite au calme.

Le centre médiéval est nécessairement un peu tortueux (et donc ombragé) aussi, et cache parfois de charmantes batisses.


Cacher n'est peut-être pas le bon verbe non plus. Vous avez sans doute entendu parler du Voyage à Nantes. Cette manifestation artistique, renouvelée chaque année, offre entre autre une déambulation dans la ville, pour découvrir ses lieux emblématiques, mais aussi des oeuvres plus modernes, comme cette statue que vous voyez au premier plan à gauche, dans le jardin derrière la cathédrale (laquelle est malheureusement inaccessible aux visites depuis l'incendie de 2020). Le parcours est aisé à suivre: il suffit de se laisser guider par une ligne verte tracée au sol. Et l'on passe, par exemple, devant ceci:

J'ai oublié le nom de l'artiste chinois qui a produit cette oeuvre en répliquant, en miroir, un certain nombre de statues antiques, de manière à obtenir de la symétrie dans les ports de bras, mais je me souviens avoir entendu un guide prononcer son nom comme "Chouchen", ce qui m'a paru fort approprié en (quasi) Bretagne.

A part ça, Nantes est fort intéressante pour ses musées aussi. On peut faire le tour intégral du chemin de ronde du château, et admirer ainsi différents points de vue sur la ville. Ledit château se visite également, et retrace dans un ordre un peu curieux et quelque peu désorientant du point de vue de la chronologie l'histoire de le ville et de la traite négrière. Car l'impasse n'est plus faite sur cette partie de l'histoire. La ville a choisi de garder la plupart des noms de rue se référant à des personnes impliquées dans la traite, avec l'explication suivante, lisible en plusieurs endroits: ces marchands, navigateurs, édiles, armateurs, bourgeois ont contribué à la richesse de la cité, ils sont fort nombreux à lui avoir donné des noms de rue, et effacer leur nom n'effacera pas le mal qu'ils ont pu faire; au contraire, mieux vaut les nommer pour assumer ce passé et ne pas l'oublier. Et puis, le mémorial de l'esclavage, sur les quais, est fort impressionnant, avec ces pavés qui portent les noms des lieux de départ et d'arrivée des esclaves, les noms des bateaux et leur port d'attache; la partie souterraine du mémorial est également fort bien conçue, elle rappelle des dates et des faits parfois surprenants sur l'esclavage dans le monde.

Enfin, j'ai beaucoup aimé le musée des Beaux Arts, où j'ai notamment admiré l'incroyable collection de Kandinsky. J'ai même hésité à y retourner en nocturne (gratuit) le jeudi soir...

A côté de ça, les musées de Vannes, où je me suis arrêtée sur le retour, font piètre figure. Toutefois, l'exposition temporaire de la Cohue m'a permis de découvrir le peintre Mariano Otero. Mais Vannes se visite surtout pour ces quartiers médiévaux, un peu moins dallés que ceux de Nantes.

Il faut croire que les pavés anciens plaisent plus aux moineaux, car j'en ai vu quelques uns. Et puis ma chambre avait une vue incroyable sur les remparts.

On gagne toutefois à s'éloigner un peu de l'intérieur de la cité pour fuir la foule et se diriger vers le paisible Lac au Duc, par exemple, ou vers la mer.


Monsieur Gribouille était fort aise de me voir revenir après ces trois jours de balade. Quant à moi j'étais prête pour entamer la dernière ligne droite des vacances et commencer à penser à la rentrée...



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Quand même le GPS est perdu...

 (25 août 2023)

Le GPS de ma voiture européenne ne parle pas. Ou plutôt, je n'ai toujours pas compris comment mettre le son, et dois donc me contenter de l'image lorsque je l'utilise. C'est pourquoi je repère habituellement d'abord la route sur une carte, vie Gogole. Ce qui est d'autant plus utile que les données de la machine ne sont pas à jour.

Le véhicule qu'on m'a octroyé au Canada disposait contre toute attente d'un GPS, lequel s'est mis à me parler français sans que j'aie le moindre réglage à faire. Enfin, français, c'est vite dit, même en tenant compte de l'accent.

Effectivement, dès le premier essai, je n'ai pu m'empêcher de clamer l'incompétence de la voix synthétique qui me disait de tourner sur le "boulevard René Lévécot". Lévécot? René Lévesque Ouest! Mais bien sûr, les plaques de rue portent juste "René Lévesque O", à l'américaine.

Ensuite, les enfants et moi nous sommes amusés à relever toutes les erreurs de lecture de la pas très intelligente artificielle. A commencer par les "ailloute". Vous avez une idée? Je devais prendre l'ailloute A20. Une autoroute, donc, notée "Aut" sur les cartes. De même, comme les cartes mentionnent des "rte", nous devions obliquer vers la "RTE" ceci ou cela. Le plus drôle a été le moment où, ayant loupé une intersection, la voix m'a demandé avec insistance de "faire demi-tour dès que possible"; quand j'ai tourné à droite (pour utiliser le réseau de voies perpendiculaires, et, suite à 3 virages à droite, pouvoir faire ce fameux demi-tour en prenant la rue de départ dans l'autre sens), elle s'est mise à calculer un nouvel itinéraire. Manifestement, le GPS considère qu'on peut (et doit) tourner à 180 degrés sur n'importe quelle route pour faire demi-tour.

Mais nous avons bien rit aussi des "villa" qui surgissaient à tout bout de champ. Le Pirate a fini par déterminer qu'ils dépendaient de la présence du mot "de" ou d'un déterminant, ainsi, une mention "rue de la Butte" devenait "rue villa de villa la Butte". Curieusement, "Butte S" devenait "Butte South", dans un joyeux mélange de français et d'anglais. Car S indique bien le Sud. Mais nous n'avons pas eu l'occasion de vérifier si E était lu "East" ou N "North", parce qu'il fallait toujours emprunter la voie Ouest, ce qui nous a donné un bon fou rire quand nous sommes arrivés rue Saint-Germain Ouest ("rue street Germain O", a dit la voix).

Un peu moins drôle a été notre expérience du côté du Lac Saint-Jean, quand nous sommes arrivés près de Saint-Nazaire (oui oui, Saint-Nazaire) où venait de se produire un accident. Impossible de passer, la police nous a indiqué qu'il fallait attendre au moins une heure ou "passer par les rangs". Mes enfants étaient un peu interloqués. Les rangs? Dans mon esprit, c'étaient les faubourgs ou lieux-dits entourant le village. Il semblerait que ce soient en fait les petites routes secondaires qui passent par lesdits lieux-dits. Ce qui revenait au même. J'avais besoin de m'orienter. Le GPS de la voiture ne connaissant que la route obstruée, j'ai demandé à mon téléphone, en cherchant un itinéraire vers Alma. Et il m'a affiché ceci:

Diantre, j'étais à Paris sans le savoir?

Bon, nous avons fini par trouver la déviation, qui passait par une route tellement secondaire qu'elle n'était pas goudronnée, et sur laquelle nous avons croisé un feu rouge clignottant. Pour les Européens, je précise que c'est l'équivalent d'un stop. Ma soeur me l'avait rappelé, mais j'ai eu un doute en voyant la file de voitures en face. La voie était trop étroite pour qu'on puisse se croiser, c'était donc chacun son tour par ordre d'arrivée (c'est ainsi que fonctionnent les arrêts au Canada). Mais pourquoi y avait-il autant de véhicules en face, alors qu'il n'y avait personne devant moi? Comme personne ne bougeait, je suis passée, et j'ai demandé aux enfants ce que les autres avaient comme feu. Un feu rouge clignottant. Peut-être la voiture en tête de file était-elle conduite par un Européen qui ne connaît pas le code, et les gentils Québécois derrière n'ont pas osé le klaxonner? (Car les Québécois·es m'ont semblé très courtois·es, et pas seulement au volant.)


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Efficacité allemande

 (22 août)

Pour lutter contre la pyrale du buis, qui est un envahisseur venu d'Asie (pour ne pas dire de Chine), il faut utiliser un bacille dont le nom évoque une région allemande.

En pulvérisant bacillus thurengiensis à la nuit tombante (parce que le bacille est sensible aux UV), on en imprègne les feuilles, que la chenille vorace va manger, ce qui va provoquer littéralement une in-digestion: le Thurengien bloque la digestion de l'Asiatique, qui en meurt.

Une partie de mes buis ressemble donc à un champ de bataille:

C'est la chenille qui a commencé.

Il m'a fallu presque deux heures pour pulvériser tous les arbustes atteints (j'ai rechargé plusieurs fois mon pulvérisateur, en dissolvant chaque fois de nouveau les sporules). Mais je ne regrette pas cet effort. D'abord, il m'a permis d'admirer le ciel magnifiquement étoilé, ce soir-là. Ensuite:

Deux jours plus tard, les chenilles que je vois sont mortes ou mourantes. Et je n'entends plus de bruit de grignottage dans les buis.

Bon, comme j'ai dérangé des papillons, en pulvérisant bien à l'intérieur, là où ils pondent, et que ces adultes peuvent vivre plusieurs jours en butinant, il risque d'y avoir une nouvelle génération. Les renseignements que j'ai pris indiquent de toute façon qu'il vaut mieux (comme pour les poux!) recommencer le traitement au bout d'une semaine.

J'ai remporté une première victoire, c'est déjà ça.



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Enfer et putréfaction!

 (20 août)

En ramassant les pommes (véreuses) sous l'arbre, je me suis aperçue que le buis voisin ne sentait pas très bon et tirait la tronche.

Un petit tour sur la toile pour vérifier quels types de maladies touchent les buis, et j'ai été voir tous les arbustes du jardins pour m'assurer de leur état et trouver la coupable.

La moitié des buis sont dévorés par la pyrale.

Je traite ce soir (hier, non seulement il est tombé quelques gouttes, mais en plus, nous avons eu une coupure d'eau), en espérant sauver ce qui peut l'être...

(Et maintenant, je me demande si l'odeur désagréable que j'attribuais aux fleurs n'était pas, en réalité, celle des déjections d'une première génération de chenilles.)

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Un fjord

 (16 août 2023)

Le DrCaSo demandait l'autre jour si mes enfants avaient apprécié leur séjour au Canada.

Je pense pouvoir répondre oui. Certes, c'est un peu difficile d'obtenir d'ados des commentaires positifs sur ce qu'ils voient. Mais, à dire vrai, je ne me souviens pas en avoir entendu de négatifs, donc je suppose qu'on peut prendre ça pour de l'approbation.

Dès le premier jour, ils ont été épatés par des choses toutes bêtes, comme les plaques minéralogiques. Au Québec, il n'y en a pas à l'avant des voitures. Et les voitures neuves n'en ont pas toujours à l'arrière non plus (ma soeur nous a expliqué que c'était assez compliqué de se faire faire des plaques). Les enfants étaient surpris aussi de lire "Je me souviens" sous tous les numéros, jusqu'à ce que je leur explique que c'était la devise de la province, et que les voitures d'autres provinces portent une autre devise sur leur plaque. Ils ont alors cherché les plaques différentes (et dans la région de Montréal, il y a même des plaques des Etats-Unis) et vérifié que je ne racontais pas n'importe quoi.

Ce qui me fait dire aussi qu'ils ont aimé ce qu'ils ont vu, c'est que Numérobis, qui d'habitude n'aime pas trop se promener, a pris du plaisir à grimper dans les rochers sur les sentiers au bord du Saint-Laurent. Et il a décrété, en découvrant le fjord du Saguenay, que plus tard, il s'y ferait construire une maison.

C'est là, au milieu du bois, au confluent du Saguenay et du Fleuve, qu'il veut une petite maison, pas trop grande pour n'être pas visible et ne pas dénaturer le paysage, qu'il veut pouvoir contempler à loisir.

Le fjord lui-même n'est pas mal non plus, y compris quand le soleil se fait un peu timide. Il y a de charmants chalets en bois qui font vaguement penser à ceux qu'on imagine dans les Alpes. Et, bien que l'eau soit froide, il est possible de pratiquer des activités nautiques.
Nous avons également été survolés par plusieurs hydravions. Les routes étant interminables et n'allant pas toujours là où l'on veut, tandis que le système de lacs est très développé, l'hydravion est en effet un moyen de transport parfois plus pratique que la voiture, dans cette partie du Québec. Les points les plus reculés de la rive nord sont, de toute façon, inaccessibles par la route.



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Se promener sans prendre la voiture

 (13 août)

Voici, avec une semaine de retard, le récit de la balade que j'ai faite dimanche dernier. Il faisait beau, le vent chassait les nuages...

Il y a, pas très loin de chez moi, en sentier de randonnée balisé en jaune et qui démarre à la chapelle Saint-Symphorien. Comme il ne fait que 7 km, j'avais décidé d'essayer de m'y rendre à pied. J'ai donc en quelque sorte doublé la balade, puisque mon podomère affichait 13,5 km à mon retour à la maison.


 D'habitude, j'aime bien les boucles qui passent au bord de la mer, mais si cette promenade est dans les terres, elle n'en est pas moins charmante, et agrémentée de quelques panneaux explicatifs pour les monuments qui se trouvent sur la route. (Seulement, comme je n'ai pas encore bien l'habitude de mon nouvel appareil photo, les clichés que j'ai pris à l'ombre sont un peu flous: vous ne les verrez pas.)

Ce qui était original aussi dans cette randonnée, c'est que c'est la première fois que je voyais ce genre de panneau:

Je ne comprends pas bien pourquoi ce sont des pins qui illustrent le message: est-ce qu'on a peur que je jette un mégot (les pins me font penser au rique d'incendie)? Ce premier avertissement était en bordure d'un champ, et c'était aussi la première fois que j'empruntais un sentier qui passait dans les cultures. Le jour de la moisson, le passage n'est probablement pas praticable, à moins d'aimer frôler les engins agricoles.

A propos de cultures, j'ai d'abord trouvé très beaux les champs de sarrasin, avec leurs fleurs blanches, jusqu'au moment où j'ai vu ceci:

Alors, oui, bien sûr, pour avoir du miel de blé noir, il faut bien mettre les ruches au plus près possible de la source. Mais si vous cliquez sur la photo pour l'afficher en grand, vous verrez en haut des points noirs qui sont autant d'abeilles, et la dernière que j'ai rencontrée ne m'avait pas fait de bien. Je me suis félicitée d'avoir attaché mes cheveux quand l'une d'elles est venue taper sur ma nuque, et puis j'ai couru en baissant la tête pour dépasser le corridor aérien.

Le second panneau indiquant la traversée d'une propriété privée était à l'entrée d'une chasse gardée, et là, comment dire, il est évident que c'est plutôt pour sa propre sécurité que le randonneur a intérêt à suivre le balisage. Cette partie dans les sous-bois était fort agréable, et débouchait ensuite sur une forte descente par-delà laquelle on devinait un paysage ensoleillé.

J'ai ensuite poursuivi et découvert le jardin Picart dont j'entends parler depuis des années, et qui est une curiosité locale, avec des sculptures et de beaux points de vue sur la campagne en contrebas.

Le parcours était bouclé en moins de deux heures, et je me suis offert une pause goûter à la chapelle avant de rentrer chez moi fort satisfaite de cette belle promenade.




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Quand j'étais petite...

(10 août)

La légende familiale veut que mon grand-père maternel n'ait accepté de donner la main de sa fille à mon père qu'à la condition qu'il la ramènerait tous les ans voir sa famille. Aussi, à la notable exception de l'année où ma mère a été très malade, nous avons fait chaque année le voyage outre-Atlantique, jusqu'à ce que j'aie une dizaine d'années. Mon grand-père était mort, notre famille était nombreuse, nous n'avons plus fait le (coûteux) trajet qu'une fois sur deux.

Je ne me souviens pas vraiment de la première maison où nous passions ces vacances. Une vieille demeure, à n'en point douter, et dont je crois bien qu'elle était chauffée par le sol (mais pas en été, bien sûr). Plus tard, mes grands-parents ont résidé à Trois-Pistoles, et je connais encore par coeur leur adresse et leur numéro de téléphone.

L'occasion de repasser par là s'est présentée cette année, puisqu'un traversier relie la ville de mon enfance à la Côte Nord (du fleuve, bien sûr - quel fleuve? Mais enfin, il n'y en a qu'un, le Saint-Laurent!) où j'avais l'intention de me rendre. La traverse présente en outre la possibilité de croiser des baleines. J'ai eu énormément de chance, parce que j'ai attendu d'avoir l'option internatioanle sur ma carte bancaire pour réserver le passage, et que, le matin où je me suis enfin connectée, le site indiquait qu'il ne restait que quelques places, et qu'il fallait téléphoner. Qu'à cela ne tienne, j'étais réveillée bien avant les Québécois, et j'ai appelé peu après l'ouverture des bureaux pour prendre la dernière place de la traversée qui m'intéressait.

La veille au soir, et sous la pluie, nous sommes arrivés à l'auberge où j'avais réservé pour la nuit. Une vieille maison, plus ancienne peut-être que celle que j'ai explorée à quatre pattes.

Les gérants sont en train de la rénover, j'espère qu'ils garderont ce charmant escaler en bois et les parquets qui craquent un peu.

Ce qui nous a fait rire, c'est quand, le soir, le P'tit Mousse a remarqué que nous avions dans la chambre un placard comme dans Monstres et Compagnie, et que, l'un des deux grands ayant plaisanté sur la possibilité qu'un monstre en sorte au milieu de la nuit pour nous faire hurler (comme cela se produit dans le film), le petit dernier est allé ouvrir le placard, pour voir...

Nous avons aussi profité d'une éclaircie pour aller faire un petit tour dans la ville, où j'ai reconnu les rues Rioux, Pelletier, et Vézina, dont j'ai appris le lendemain en visitant l'église avec un audio-guide qu'elles devaient leurs noms à d'anciens curés de la paroisse.

(Depuis le quai d'embarquement, on voit encore la silhouette typique de l'église.)

La ville m'a paru bien petite, mais c'est seulement moi qui ai grandi.

Le lendemain, nous avons donc fait la queue pour embarquer sur le traversier. Il faisait nettement meilleur que la veille, et nous avons pu rester sur le pont pour guetter les mammifères marins. C'est un monsieur qui a vu le premier le seul bélouga de la traversée.

Mais la rencontre la plus surprenante de cette journée fut sans aucun doute, de l'autre côté du fleuve, celle d'un de mes collègues (dont la femme enseigne par ailleurs au collège fréquenté par les enfants: elle a reconnu le P'tit Mousse). Le monde est si petit (et pourtant, je ne suis pas si grande que ça)...


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Photographier en conduisant

 (7 août)

Quand je conduis, mon téléphone reste dans mon sac. Il peut sonner ou biper parce qu'il me notifie des messages, je ne le sors pas. Et si j'attends un appel urgent et qu'il sonne, je trouve un endroit où m'arrêter.

Bon, c'est vrai, parfois il m'arrive de lire la réponse à un SMS que j'ai envoyé avant de démarrer; le téléphone est alors resté sur le siège passager jusqu'au feu rouge où je peux le consulter...

Mais je n'avais jamais, au grand jamais, encore pris une photo en conduisant.

Celle-là m'a fait faire des économies, et je ne la regrette pas.

Quand j'ai récupéré ma voiture de location à l'aéroport, on m'a dit que le plein était fait, et que je devrais donc la ramener avec le réservoir plein. Chose tout à fait normale et habituelle. Sauf que, une fois sur l'autoroute, et plus précisément dans un embouteillage une congestion, je me suis rendue compte que le réservoir était loin d'être plein. Alors j'ai demandé à l'un des enfants de sortir mon téléphone, et, profitant du fait qu'il n'y a pas besoin de changer les vitesses sur une automatique, j'ai pris une photo. Enfin, j'en ai pris trois ou quatre, mais au moins deux d'entre elles étaient floues.


(Je roulais à 15km par heure, donc...)

Au moment de rendre le véhicule, je me suis bien souvenue qu'il fallait faire le plein, et j'avais l'intention de le faire, parce que franchement, trouver une voiture avec un réservoir au trois-quarts vide, ce n'est pas agréable. Mais je n'ai pas pensé à faire le petit détour à la station-service près de chez ma soeur, et nous n'en avons pas vu d'autre sur le chemin.

J'ai donc ramené l'engin avec un réservoir aussi peu rempli qu'au départ (mais 2000 km de plus au compteur). Evidemment, le gars qui l'a réceptionné m'a dit qu'il allait falloir payer, mais je lui ai montré ma photo (enfin, celle que j'avais prise), et il m'a dit d'aller voir ça avec George, le manager.

Je me suis donc rendue au bureau. C'était la cohue, il y avait des voyageurs qui attendaient qu'on leur remette les clefs du véhicule qu'ils avaient réservé, et qui auraient bien aimé savoir combien de temps il faudrait attendre.

L'employé qui m'a reçue m'a d'abord annoncé que je devais payer 295 dollars (ça fait cher le plein, mais ce sont les conditions de vente: le litre est à 4,50 dollars, si le réservoir n'est pas plein au retour). J'ai répondu que je ne paierai pas, montré le cliché et réclamé le manager. Le gars a consulté rapidement son voisin et ils ont décidé que ce n'était pas la peine d'aller chercher leur chef (quelqu'un se serait peut-être fait enguirlander pour avoir laissé partir une voiture quasiment vide), ils ont juste vérifié la date de la photo, et hop! je suis repartie sans payer.

Ce qui me désole un peu, c'est que la voiture a dû repartir dans le même état (vu la presse au comptoir), et que ce réservoir quasiment vide a peut-être été un cadeau empoisonné pour le client suivant.

Mais pour une fois, je tire mon chapeau à la technologie. Il y a 12 ans, je n'aurais pas pu prendre de photo avec mon téléphone portable (qui n'était pas intelligent). Il y a 20 ans, j'aurais dû, si j'avais voulu éviter les ennuis, soit trouver le moyen de retourner à l'agence de location, soit faire mon deuil de mon bon droit et rendre la voiture avec le plein fait.

(Une deuxième erreur a été commise par l'employé qui m'a remis les clefs: il y avait dans ce véhicule un GPS, alors que je n'avais pas payé pour. Car, si la plupart des voitures ont cet équipement de série, les loueurs n'hésitent pas à le faire payer, pour une somme aussi hallucinante que celle qu'ils exigent pour un litre d'essence. Ma soeur a récupéré un SUV VUS sans GPS, elle a utilisé son téléphone. J'avais également pris un forfait international qui me revenait 3 fois moins cher que la location du GPS, et qui me permettait aussi de téléphoner...)


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Un cadeau de Gribouille

 (5 août)

Ce qui est frustrant, avec cette météo (très) humide, c'est qu'on ne peut pas prévoir d'activité en extérieur. Et Monsieur Gribouille n'aime rien tant que d'aller se balader autour de la maison et même plus loin...

Alors, quand il y a un rayon de soleil (et parfois même plus: j'ai réussi à faire sécher mon linge dehors, hier, hourra!), j'ouvre la fenêtre et je laisse sortir le chat.

Qui trouve parfois de drôles de choses, pour jouer.

Quand je l'ai vu avec ce truc dans la gueule, je me suis demandé 2 secondes s'il pouvait jouer avec des excréments. Mais non, ce devait être un bout de bois. Sauf que ça bougeait tout seul.
Il l'a apporté près de la fenêtre, mais je n'ai pas eu le temps de dégainer mon téléphone pour prendre la photo de ce que j'identifais comme une énorme larve, il est aussitôt reparti à la course.

Pour rentrer, après un tour de maison, me déposer ceci:

Ce machin énorme devait être une chenille de sphinx de la vigne. Je l'ai renvoyé dans l'herbe, ce qui a beaucoup déçu Gribouille, qui cherchait son jouet (Granit aurait grogné plutôt que de me laisser le prendre, Gribouille est resté bien sage pendant que je prenais la photo).

Alors oui, je sais, la vigne pousse mal au nord de la Loire, en théorie. Mais il y a dans le bas de la rue un fort joli spéciment qui donne de belles grappes. Et puis, le sphinx de la vigne apprécie aussi le gaillet et le fuchsia pour pondre, et ça, il y en a plus près de chez moi encore.


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30 ans après

 (2 août)

Le prétexte pour dépenser deux mois de salaire en allant au Canada, c'était une réunion de famille. Un mien cousin (j'en ai une trentaine) avait décidé de réunir ce qui restait de notre génération, avec éventuellement les survivants de la précédente (il sont encore 8 ou 9, avec mon père, sur les 20 du départ) et ceux de nos enfants qui voudraient bien venir. Il tablait sur une trentaine de présents. Nous fûmes plus de 60.

En dehors de ma soeur qui vit du côté de Montréal, je n'avais pas revu ces gens depuis au moins 30 ans. Et pourtant, nous nous sommes reconnus. C'est-à-dire que tout le monde m'a reconnue, et que j'ai quand même eu un peu de mal avec certains de mes cousins plus âgés, parce que je n'ai pas dû les voir depuis 40 ans. Ils avaient déjà quitté le domicile parental quand nous rendions visite à la famille, l'été. Ma soeur et moi étions celles qui connaissions le plus de monde, parce que, quand nous venions au Canada, nous faisions la tournée des différents frères et soeurs de ma mère. Et ça faisait des kilomètres!

(On est allé par là, mais cette vue, dans la réalité, n'existe pas. Cette anse est à moins de 20km de Rimouski.)

Ce qui est amusant, c'est de constater qu'en vieillissant, la ressemblance avec un parent devient plus frappante. Tel cousin ressemble vraiment à son père. Tel autre, non seulement est le portrait craché du père qui avait son âge la dernière fois que je l'ai vu, mais a aussi son humour et sa façon de bouger. Quant à moi, on m'a dit à deux embrassades d'intervalle que je ressemblais carrément à ma mère, et que je ne pouvais pas nier être la fille de mon père.

Je ne sais pas si mes enfants ce sont amusés. Heureusement qu'ils connaissaient au moins leurs cousins de Montréal. Ils ont parfois eu un peu de mal à comprendre tout le monde, aussi. (Ah bon, les Acadiens ont un accent plus prononcé?) Mais j'ai vraiment apprécié ces deux jours, et je suis ravie qu'un de mes cousins ait trouvé la fête si belle qu'il a décidé d'organiser la suivante.

(Le Saint-Laurent, à Rimouski et à marée haute - amateurs de zeugmes bonjour.)

(Les cases de BD sont tirées de Les petites victoires, d'Yvon Roy, qui raconte comment un père a réussi à communiquer avec son fils autiste et à le sortir de sa bulle.)

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