K. pense, parfois.

(29 novembre 2006)

En ce moment, c'est la période des conseils de classes, donc il m'arrive de sortir tard du lycée. J'avais demandé à K. de voir s'il pouvait trouver une solution pour aller chercher Numérobis chez la nounou, mais il n'y a pas mis beaucoup de bonne volonté, et ce n'est que dimanche soir, quand j'ai commencé à expliquer au Pirate que, le lendemain, il dînerait sans moi et irait se coucher avant que je revienne, qu'il a compris l'ampleur du problème.
Question de K.: "Et pour Numérobis, tu fais comment?"
Réponse: "Ben, il va rester chez la nounou."
"Mais qu'est-ce qu'elle va en faire, si tard?"
"Elle va le recoucher."
"Mais... elle a un lit?"

Ben non, hein, ça fait presque trois mois que cet enfant fait la sieste par terre, sur le tapis de la cuisine, pardi!

Libellés : ,

Manger, c'est téter

(25 novembre)

Dès la maternité, je me suis rendue compte que Numérobis avait un fort besoin de succion. K. avait même été lui acheter une tétine. Une fois rentré à la maison, il n'en a plus voulu (et puis, nous ne l'avons pas encouragé non plus, nous ne sommes pas trop pour). Mais il a fini par trouver son pouce. D'abord le gauche, puis le droit, deux pouces, c'est bien pratique quand on est malheureux.
L'ennui, c'est que, pour lui, manger sans téter est inconcevable. La compote, il y a finalement pris goût, mais la cuiller, quelle horreur! Entre deux cuillers, il met donc le pouce dans la bouche, sauf si on l'en empêche. Mais trop longtemps privé de quelque chose à sucer, il proteste, et voit arriver le biberon de complément avec bonheur.
Ce midi, j'ai tenté les carottes. Grimace devant le goût nouveau, pouce, et puis refus total d'ingurgiter cette purée à la cuiller. L'ennui, c'est que je ne suis pas encore équipée de tétines à gros débit. K. devrait en rapporter une ce soir, ça ira peut-être mieux demain.
Chaque enfant a ces caprices. Le Pirate refusait de manger si la température ne lui convenait pas exactement (il a fallu lui faire chauffer sa compote pendant un mois!), Numérobis ne mange que ce qui se tète.

Libellés : ,

Autisme

(22 novembre)

un de mes élèves est autiste. Enfin, le diagnostic n'est pas certain, les médecins ont prononcé le mot quand il était plus jeune, mais c'est une maladie compliquée, et qui recouvre tellement de réalités différentes. En tout cas, cet élève a de graves problèmes psychologiques, la communication avec autrui est un gros soucis, pour lui. Il aurait dû être scolarisé en institution spécialisée, mais sa mère n'a pas voulu. Et vous savez quoi? Je pense qu'elle a eu raison. Parce qu'il ne s'en sort pas si mal, ce garçon. C'est un bon élève, et il commence (enfin) à s'intégrer dans sa classe. Certes, on a parfois l'impression d'avoir un élève de cinquième en face de soi, alors qu'il est en seconde (et cette difficulté à maîtriser son corps comme un jeune de son âge lui pose des problèmes en EPS, car il n'est pas dispensé), mais enfin ce n'est pas si terrible. Une fois qu'on sait pourquoi il est comme ça, il devient moins énervant et on l'accepte comme il est. Je ne suis pas sûre qu'il soit très "épanoui", comme on dit, cependant il n'a pas l'air malheureux non plus, et sa maman a réussi à lui faire vivre, jusqu'ici, une scolarité normale.
L'intégration du handicap. On en parle tellement. Je suis bien contente, dans une si modeste mesure, d'y participer.

Libellés :

Une tête

(17 novembre)

Quand ma maman oubliait de faire quelque chose qui concernait la famille, par exemple de payer le mois de cours de danse, et qu'on le lui faisait remarquer sur un ton pas toujours agréable, elle avait coutume de répondre qu'elle n'avait qu'une tête, et qu'elle ne pouvait pas penser pour cinq personnes à la fois.
Je confirme. Moi aussi, je n'ai qu'une tête. Aussi, mercredi matin, ai-je oublié de poster la lettre pour les impôts, qui est bêtement restée dans le pli formé par la capote de la poussette. Or, mercredi, c'était le dernier jour pour régler la taxe foncière. La lettre devait donc partir le jour même. C'est pourquoi, quand K. est rentré à midi, je lui ai demandé s'il pouvait s'en charger (avant 16h 30, heure de la dernière levée). Il a demandé où était cette lettre, puis affirmé qu'il la posterait.
Après quoi, je lui ai rappelé que j'avais rendez-vous chez le dentiste, et qu'il devait donc rentrer plus tôt pour garder nos rejetons.
Au moment où il partait, je lui ai encore rappelé la lettre.
Et puis, quand il est revenu, à 17h 25, je suis partie chez le dentiste. Et que vois-je, arrivée en bas de l'escalier?
La lettre! M...!
J'ai mis cette missive dans la boîte appropriée, trop tard bien sûr, et, à mon retour de chez le dentiste, j'ai vertement remercié K. d'avoir posté la lettre. Et que m'a-t-il répondu? Il avait oublié. Entre le haut et le bas de l'escalier (deux étages), il avait oublié! Et c'était de ma faute, parce que je venais de lui dire que j'avais rendez-vous à 17h 30, et qu'il était en train de réorganiser mentalement sa journée.
Sauf que je ne venais pas lui dire, pour le dentiste. Je lui avais annoncé la chose en fin de semaine dernière, puis redit lundi ou mardi, en indiquant l'heure, fait une piqûre de rappel le matin et répété (radoté) à midi.
Bon d'accord, il n'a qu'une tête. Mais c'est quand même une passoire.
Et après, il est persuadé de m'avoir dit des trucs, par exemple qu'il était invité à une soirée, et s'étonne que je les découvre au dernier moment...

Libellés : ,

Chauffage

(15 novembre)

Amis d'outre-Atlantique, du Nord, de l'Est et de l'Ouest, vous qui emmitouflez soigneusement vos enfants avant de sortir, vous qui avez ressorti bonnets et écharpes, bonjour! Sachez que que je vous écris en t-shirt (manches 3/4) et la fenêtre ouverte, tandis que mes chattes prennent un bain de soleil sur le rebord de ladite fenêtre.
Le chauffage, j'ai bien essayé de le mettre il y a dix jours, quand Monsieur Frileux est rentré de Bretagne, mais, à 21 ou 22° dans les chambres, j'ai abandonné. J'ai rechauffé un soir humide, puis recoupé. Pas la peine de gaspiller de l'énergie alors qu'il fait presque 19° dans l'appartement.
C'est incroyable, quand même, ce climat. Je ne suis pas sûre que les gens d'ici se rendent comptent de la chance qu'ils ont. Ils croient qu'ailleurs, il fait froid. L'an dernier, j'entendais une maman expliquer qu'en Corrèze, ou par là, il fallait sortir les moon-boots en novembre. Alors que c'est ici qu'il fait chaud. Je rigolais doucement, l'an dernier, de voir les jeunes filles, sous prétexte que ce devait être la mode, porter des bottes fourrées dès la fin de l'automne...

Libellés : ,

Elefant man

(10 novembre)

Quand on a enlevé, avant hier, les points de suture du Pirate, il avait une jolie cicatrice toute fine, en Y, au milieu d'un nez très enflé.
Et puis, il en retourné à l'école, il a fait le zouave à la récréation, et il est retombé sur sa plaie. Il y a maintenant un trou, au centre. Je suis dégoûtée, ça va rester moche alors que ça avait été si bien réparé.
Mais ce qui inquiète surtout le médecin, c'est l'oedème, qui était en train de se résorber et qui n'a pas du tout apprécié ce nouveau choc. Mon fils a un nez énorme, et tout le monde le dévisage, dans la rue, avec un commentaire du type "mais qu'est-ce qu'il a pris!".
Pour arrêter le massacre, cet enfant de trois ans a cinq jours d'ITT. Il n'ira plus à l'école avant d'avoir revu le médecin, lundi. Et moi, je me suis arrêtée pour le garder. Prémonition? Je venais de vérifier à combien de jours j'avais droit pour garder mes enfants malades. Et là, c'est très rigolo. Alors que les absences de profs sont toujours comptabilisées en "jours", les autorisations sont données en "demies-journées". Soit autant de demies-journées de congé que de demies-journées effectivement travaillées, plus deux. En ce qui me concerne, ça fait quatre jours. Dont deux seront donc mangés aujourd'hui (alors que je n'avais cours que le matin) et lundi (alors que je n'ai cours que l'après-midi).
Pour arranger le tout, K. a trouvé bon de tomber malade, lui aussi. J'ai donc deux enfants à garder en même temps, Monsieur ne se sentant pas en état de s'occuper d'un Pirate au mieux de sa forme.

Libellés : ,

Le monde est petit

(8 novembre)

Qui eût cru qu'en étant mutée à un millier de kilomètres, je trouverais dans ma classe une élève qui a été au collège de F***, à quelques kilomètres de mon ancienne demeure?
Cette élève, en revenant des vacances, qu'elle a passées dans le Nord, m'a demandé si je me souvenais d'Albert et de Félicien (mais non, ce ne sont pas leurs vrais prénoms!), ses anciens camarades. Car oui, j'avais fait un remplacement à F***, il y a bientôt quatre ans. Et je me souviens d'autant mieux de Félicien que je l'ai retrouvé, deux ans plus tard, en première. Il devrait avoir son bac, maintenant. En revanche, le nom d'Albert ne m'a rien évoqué, au premier abord, et il m'a fallu presque tout le temps du trajet retour pour arriver à mettre un vague visage sur ce prénom.
Il faut dire, que cette année-là, j'avais plus de 150 élèves, en tout. Pas comme cette année, où je n'en ai que 53! (Oui oui, 53 élèves, répartis sur cinq groupes, soit des "classes" de 3 à 25 élèves...)

Libellés :

Pirate

(2 novembre 2006)

Hier soir, je me demandais, pourquoi, au fond, j'appelle mon fils aîné "le Pirate", sur ce blog. D'autres mamans font comme moi, ou alors elles appellent leur fils "Viking", et les filles sont souvent des "Princesses", mais il n'y a pas de "Petit Prince" ou de "Prince" tout court. Pas assez viril, peut-être?
En tout cas, ce surnom, ce n'est pas moi qui ai commencé à l'attribuer à mon fils. Ce sont les parents d'amis à nous. Et comme il aime bien jouer au pirate en mettant son pied dans un broc en plastique (c'est sa jambe de bois), j'ai gardé l'idée.
Aujourd'hui, il vient de prouver que ce surnom lui va comme un gant. En montant à l'abordage d'un caddie de supermarché, il a renversé l'engin, qui lui est tombé dessus en lui fendant le crâne. K. l'a aussitôt emmené (notre fils, pas le caddie - je ne sais même pas ce qu'il a fait des courses qui étaient dedans, tiens) chez le médecin local (je rappelle que K. et le Pirate sont en vacances chez les Koz). Et là, notre grand bonhomme de trois ans même pas et demi s'est laissé recoudre le front sans anesthésie. Il a pleuré, d'accord, mais le docteur a semble-t-il trouvé que c'est un vrai petit dur.
Au téléphone, le Pirate m'a raconté qu'il avait eu un tracteur, avant de mentionner un "bobo" comme origine de cette récompense.
Autant le dire tout de suite, je ne pense pas que Numérobis prenne le même chemin. Lundi, il a suffit que le médecin pointe son index vers lui pour qu'il se mette à pleurer. Pauvre petite chose!

Libellés : ,