Blabla et le CECRL
(22 mars)
Avant-hier, j'ai assisté à une conférence en ligne à propos de la certification en langues vivantes qui doit apparaître sur les diplômes du bac. Sur une feuille séparée, en fait, mais peu importe.
Et on nous a dit tout et son contraire, sans cohérence, sans non plus tenir compte de nos interrogations.
D'abord, on nous a montré des statistiques, qui indiquent que la moitié des élèves n'atteignent pas le niveau espéré en fin de terminale. Et l'explication retenue semble être la suivante: c'est parce que nous, les profs, interprétons de manière trop sévère les grilles de notation. J'ai déjà entendu ça quelque part, et ça m'énerve. Non, je ne peux pas considérer qu'un élève qui ne sait construire correctement une phrase après 6 ans d'allemand a le niveau B1 du CECRL (le cadre européen commun de référence pour les langues).
Ensuite, on nous a dit qu'il fallait bien connaître les attendus de fin de troisième, pour nous appuyer dessus et faire progresser nos élèves. Ok. Des ATTENDUS. Ca ne veut pas dire qu'ils sont atteints par tous les élèves, loin de là. Au hasard, un élève de fin de troisième est censé être capable d'utiliser le parfait (passé composé) des verbes courants. Je viens de refaire le cours, en seconde, en différenciant suivant les acquis de chacun. Il y en a qui n'avaient jamais manié ce temps. Et il en reste encore beaucoup qui ne comprennent pas que le participe est invariable, pour les Germains. Alors ceux-là, pardon, mais je pense pouvoir prédire qu'ils n'atteindront pas le niveau espéré en terminale.
On nous a aussi fait remarquer que les résultats étaient meilleurs à l'oral, et que la grosse difficulté, c'était l'expression écrite. Evidemment, parce qu'il faut construire des phrases et connaître du vocabulaire. Et donc, on nous a d'abord dit qu'il fallait insister sur cette compétence, en entraînant par exemple les élèves à utiliser un dictionnaire. En cours, donc. Et dix minutes plus tard, on nous a dit que cet entraînement à l'expression écrite était chronophage, et qu'il fallait donc le faire réaliser à la maison. Bien sûr. Parce que les élèves sont honnêtes, et qu'ils ont bien compris que pour progresser, ils doivent travailler par eux-mêmes, et non pas demander à Gogole Trad, Dipeul ou Tchat j'ai pété...
Le pire, c'est l'aveuglement la surdité à nos remarques sur l'expression orale. Comment, sans organiser d'épreuve particulière, évaluer l'expression orale de 30 élèves, quand on n'a que deux heures (parfois même seulment une et demie) par semaine? Si on demande de préparer à la maison, on va surtout noter une capacité à mémoriser une traduction automatique. Donc ce n'est pas recevable pour l'attestation de niveau. Et si on veut faire parler chacun deux ou trois minutes, puis lui poser des questions (interagir) pendant 5 minutes, il faut compter 300 minutes dans l'année, soit 6 "heures" (de 55 minutes) ou trois semaines de cours!
Enfin bref, on nous a encore une fois pris pour des imbéciles. Et le pire, dans tout ça, c'est que cette attestation de niveau en langue
n'a
aucune
valeur.
Elle ne sert à rien, sauf éventuellement pour quelques rares écoles qui demandent tel ou tel niveau, et qui ne veulent pas se contenter de la déclaration des élèves.
Libellés : école, service public
5 Commentaires:
Courage, je compatis de tout mon coeur impuissant.
L'allemand est vraiment le parent pauvre de cet apprentissage des langues ... (même ici où les gamins commencent officiellement en Grande Section, voire même en Moyenne ou Petite section selon les endroits, et où il y a des classes bilingues paritaires ...).
voisineCopine s'arrache les cheveux aussi ... (elle est en collège).
Bonne soirée !
Béatrice, la réunion était commune avec les collègues d'espagnol. Il n'y a pas plus de réussite dans cette langue "facile". Tant qu'on ne fera que deux heures par semaine, en classe entière, on ne pourra pas progresser. Mais les petits groupes, ça demande des moyens.
Merci, Mme Chapeau
Comme tu le dis, il n'y a pas de solution miracle, il faut y passer du temps. J'essaye d'apprendre le japonais depuis un mois et demi et j'y passe entre deux et trois heures par JOUR, mais je sais que même si je continuais à cette allure, il me faudrait encore des années pour arriver à baragouiner trois mots à la suite. Apprendre une langue c'est difficile, et même carrément impossible quand on n'y voit pas un interêt et qu'on ne nous en donne pas les moyens. Je comprends ta frustration, d'autant plus que quoi qu'il arrive, ça sera toujours de la faute des profs!
Oui, Dr CaSo, c'est exactement ça...
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