Vacances vagabondes

 (29 août)

Je l'ai dit chez Bleck, je viens de passer une dizaine de jours en Italie avec les enfants.

Depuis qu'ils ont fait du latin au collège (ceci nous ramène donc avant le Covid), les deux grands réclamaient d'aller voir Rome et Pompei. Ils voulaient vérifier si ce que leur avait raconté leur professeur, passionnée, était exact, notamment à propos de ceci:

(Et donc, oui, c'est vrai.)

Quand j'ai proposé le voyage, et précisé qu'il faudrait un passeport, parce que nous prendrions l'avion, le Pirate a demandé si on ne pouvait pas y aller en train. Mon fils aîné serait-il écolo?

Pour le train, j'avais regardé. Du fin fond du Finistère jusqu'à Rome, ce n'était pas simple. Surtout depuis que ce tunnel s'est effondré, et que les trains ne passent plus sous les Alpes. Les guides ne sont pas au courant, ils annoncent toujours deux trains par jour, en passant par Milan, ce qui est inexact. Il n'y a cet été qu'un aller-retour quotidien, et encore, la rame s'arrête dans une vallée, il faut alors prendre un bus et retrouver un autre train de l'autre côté. Evidemment, cela réduit les possibilités de correspondances à Paris et Milan. Et pour tout arranger, quand j'ai consulté le site d'Hassan Céhef, en avril, les places étaient déjà presque toutes prises.

Ce qu'Hassan ne sait pas, c'est qu'on peut envisager des itinéraires alternatifs, par exemple en prenant le train de nuit de Paris à Menton (il semblerait qu'il ne passe plus la frontière), ou en transitant par la Suisse. J'ai envisagé le premier trajet, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il n'y avait que quelques minutes pour changer de train à Menton afin de passer en Italie, et là, encore une correspondance. J'ai renoncé à l'option suisse, j'en avais assez de chercher des combinaisons valables de chez moi à Rome, pour un prix incalculable, et j'ai regardé les trajets en avion, depuis Nantes.

J'avais pensé aller d'abord à Rome, prendre le train jusqu'à Naples (pour Pompei), et revenir directement de cette ville, ou bien faire l'inverse. Mais les horaires des vols vers ou depuis Naples n'étaient pas les meilleurs. Pour partir, il aurait fallu dormir à Nantes, le départ étant prévu à 7 heures et des cacahuètes (et bien sûr, il faut être sur place deux heures avant). Ce fut donc un aller-retour en avion pour Rome, et un trajet en train Rome-Naples et retour, ce voyage se faisant en un peu plus d'une heure.

Quand nous étions à l'aéroport de Rome, prêts à revenir vers la fraicheur bretonne (sans rire, les écrans des portes d'embarquement indiquaient les températures prévues à l'arrivée, et c'est notre destination qui avait la température la plus basse), Numérobis a vu qu'il existait des vols de Rome vers Naples. "Quoi? Il y a vraiment des gens qui prennent l'avion d'ici pour aller à Naples?" Mon fils cadet est peut-être écolo. Ou alors, il est juste pragmatique. Objectivement, étant donné le temps de trajet en train, ce doit être plus long, de centre-ville à centre-ville, de prendre la voie des airs. Il se peut même que la voiture soit plus rapide que l'avion, sur ce coup-là. Mais bon, peut-être que l'avion est moins cher? On marche sur la tête, parfois.


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Les benêts du mardi, épisode 9

 (27 août)

Aujourd'hui, un dialogue absurde.

Le téléphone sonne.

- Allô?

- Bon, tu viens, il faut qu'on parle.

- Je viens tout à l'heure, quand j'aurai conduit Numérobis à la préfecture, il a rendez-vous avec un pote.

- Tu ne peux pas venir tout de suite? Il attendra, avec son pote.

[Heu? Pour attendre avec son pote, il faudrait déjà qu'ils se retrouvent.]

- Mais non, il a rendez-vous à telle heure, il faut d'abord que je l'emmène.

- J'aurais pu le faire.

[What? Comment cet interlocuteur pourrait-il emmener mon fils à la préfecture alors que cet enfant est chez moi?]

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Rencontre au sommet

 (25 août)

Lors de notre excursion an Suisse Saxonne (Sächsische Schweiz), nous avons fait une recontre incroyable.


Il y avait là un vieux monsieur qui marchait avec sa petite-fille. Il a dû entendre les Tchèques parler entre eux, et s'est immiscé dans leur conversation. Je ne sais pas s'il parlait tchèque, ou plutôt russe, mais sa petite-fille a fini par lui demander de repasser à l'allemand, parce que tout le monde ne comprenait pas ce qu'il disait (à commencer par elle, je suppose).

Ce monsieur, qui avait 90 ans, avait été alpiniste (militaire?) en RDA. Il a participé à des expéditions dans l'Himalaya, sur des sommets à des milliers de mètres d'altitude auxquels ses chefs ont donné des noms socialistes (voire soviétiques). Depuis, les pics ont reçu des noms plus locaux. Ce grand-père nous a raconté qu'à si haute altitude, on ne peut pratiquement pas dormir, à cause du manque d'oxygène. Dès qu'on s'endort, on se réveille en sursaut, parce qu'on étouffe. Car, bien sûr, ils montaient sans bouteilles. D'ailleurs, il nous a bien dit deux fois que pour Reinhold Messner (vous connaissez Reinhold Messner? s'est-il enquis), ceux qui montent avec de l'oxygène ne sont pas de vrais sportifs.

Ce monsieur est retourné quelques fois dans l'Himalaya, et il a toujours bon pied bon oeil. Il était content que nous nous intéressions à ses exploits, et nous étions ravis qu'il nous les raconte.

Et puis, il me fournit un prétexte pour mettre encore une photo de ces montagnes qui ont inspiré Caspar David Friedrich, entre autres.


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Randonner, bien sûr

 (23 août)

Notre programme de cours et excursions à Dresde était fort chargé, comme si nous ne devions pas avoir de temps libre. Le rallye de découverte de la ville était organisé le samedi, et nous n'étions pas tout à fait libres le dimanche non plus. Il était prévu que nous allions (plutôt en groupe que seul·e, les billets de train étant un tarif de petit groupe) découvrir un lieu afin d'en rendre compte le jeudi suivant. Les organisateur·rices avaient formulé quelques propositions, parmi lesquelles une excursion en Suisse Saxonne. Il restait de la place sur un des billets, je me suis incrustée.

Et nous sommes donc partis, de bon matin, deux Françaises avec des Tchèques, deux Polonaises et une Bulgare, pour aller en train jusqu'à Rathen, où nous avons pris un bac pour traverser l'Elbe.

Le temps était breton fort humide, et la montée jusqu'au célèbre Bastion (die Bastei) avec son non moins célèbre pont (Basteibrücke) s'annonçait ardue. Néanmoins nous étions de bonne humeur et décidés à faire au moins la boucle de 5 km.

La vue, d'en haut, en valait la chandelle, malgré la bruine tenace.

Arrivé au pont, le groupe s'est divisé, une partie préférant redescendre immédiatement, tandis que la majorité continuait l'exploration du massif.

On se trouve là dans une montagne de grès, qui s'effrite en sable sous les pieds. Les pentes sont rudes, mais il y a des escaliers partout, et, à conditions d'avoir des chaussures à peu près correctes, l'accès est relativement facile.

On est parfois littéralement au milieu de la montagne. Il y a même un passage où il faut baisser la tête pour traverser la roche.

Le plus compliqué, c'est lorsqu'il faut croiser un autre groupe sur un de ces passages étroits. Mais, un dimanche matin pluvieux, les sentiers sont moins fréquentés que par grand soleil.

Le soleil a fini par chasser les nuages. Nous avons continué à marcher, nous avons profité d'une auberge, dans une vallée, pour nous restaurer un peu, tout en nous demandant pourquoi cet endroit était compré à la Suisse.

(Est-ce que vous voyez les deux vaches?)

Peut-être est-ce à cause de ce genre de paysage que deux peintre suisses ont donné ce surnom au massif dont le nom géographique est Erzgebirge. En tout cas, ce côté suisse est revendiqué, il y a même une statue de Guillaume Tell en bois, dans la vallée (que je n'ai pas eu le temps de prendre en photo, parce que nous avions peur de rater le train du retour).

Celles qui ont l'appli qui va bien sur leur téléphone nous ont assuré que nous avions marché au moins 16 km, ce jour-là. Et cela va sans doute rester comme l'un des plus souvenirs du séjour, pour moi.






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Les benêts du mardi, épisode 8

 (20 août)

Aujourd'hui, le benêt est un écrivain. Parce que, quand même, il ne faut pas exagérer dans l'invraisemblable.

Je suis en train de lire ce livre:


Joan / Amelia (oui, elle a deux identités, dont une cachée), suite à la mort de son époux et de son fils, trouve refuge dans un hotel au fin fond de l'Amérique Centrale. Leila, la propriétaire des lieux, l'accueille sans lui poser de questions et lui raconte sa propre vie.

Quand Leila était petite, elle adorait son oncle Timmy. Lequel se trouvait en France pendant la deuxième guerre mondiale.
Jusqu'ici, tout va bien.

L'oncle Timmy est tombé amoureux d'une Française, au cours d'une permission à Paris, et il s'est dépêché de l'épouser avant de repartir en Angleterre, où on l'attendait pour préparer le débarquement.
What? Un militaire américain pouvait impunément venir en permission dans Paris occupé par les Allemands?

Evidemment, le miliaire est tué dans une opération de préparation du débarquement (donc, on n'est pas encore en juin 1944). Evidemment, sa veuve est enceinte.
Soit.

La veuve se fait reconnaître comme telle, touche une pension et en profite pour se payer un billet d'avion. Elle décole d'Orly et arrive, enceinte de 4 mois, dans la famille de son mari.
Pardon? L'administration américaine, en pleine guerre, a mis moins de quatre mois pour reconnaître le statut de veuve et à lui verser des sous? Et la fille a trouvé un avion qui prenait des passagers à Orly? (Si les premières pistes à cet endroit remontent à 1909, les vols transatlantiques commerciaux ne démarrent pas avant octobre 1945, soit plus d'un an après la mort du soldat Timmy.)

Certes, le vrai peut quelques fois n'être pas vraisemblable, mais là, on dépasse les bornes de l'incohérence. Alors qu'il était si simple de faire se rencontrer les tourtereaux lors de la libération de Paris et de faire mourir Timmy sur la route vers l'Allemagne; bon, il était encore un peu tôt pour que sa veuve enceinte prenne l'avion, mais est-ce que le voyage en bateau l'aurait vraiment empêchée d'arriver avant d'accoucher?

(A part ça, c'est un livre agréable à lire.)

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Une ville de porcelaine

 (7 août)

Le stage auquel j'ai participé à Dresde se déroule habituellement à Meißen. Les professeurs sont alors logés dans un château, qui accueille aussi les cours. Mais cette année, le château se refait une beauté, c'est pourquoi nous avons été hébergé·es dans la capitale du Land de Saxe.
Néanmoins, la visite de Meißen, et en particulier de sa célèbre manufacture de porcelaine, est un point obligé du séjour.

Nous avons donc pris le train, tous ensemble (est-ce un relent de la culture socialiste? Même s'il y avait des points et horaires de rendez-vous, nous étions prié·es de voyager en groupe) pour nous rendre à Meißen. Une partie des stagiaires a fait le tour de la ville le matin, pendant que l'autre moitié visitait la manufacture, et les rôles ont été inversés pour l'après-midi.

Meißen n'a pas été touchée par la guerre, c'est le régime communiste qui ne lui a pas fait de cadeau. Il était même pratiquement question de raser le centre ancien, fort mal entretenu, à la fin des années 1980, pour faire du neuf. Heureusement, le Mur et le régime sont tombés avant. On peut donc toujours voir la mairie ancienne, et la plupart des habitations ont été réhabilitées.

Le problème de ce centre-ville, c'est qu'il est sujet aux inondations. Dresde et la vallée de l'Elbe aussi. Il y a sur les maisons des repères impressionnants pour marquer les crues les plus hautes. Et la situation a souvent été bien pire que lors de la fameuse crue de la Seine au début du siècle dernier, dont j'avais remarqué quelques marques cet hiver à Paris. Rien d'étonnant, par conséquent, à ce que les quartiers nobles aient été sur les hauteurs de la ville.

En montant, j'ai remarqué ceci:

Des bornes frontières, une curieuse limite entre l'état libre de Saxe (FreiStaat Sachsen) et le royaume de Prusse. J'avoue que je n'ai pas vérifié de quelle époque elles peuvent dater, ni si leur présence à cet endroit est authentique.

L'entrée de ce qui aurait pu être la cour du château m'a bien plu, la cathédrale au centre de cette place est agréable à regarder aussi. Il y a une histoire à propos des tours gothiques que je n'ai pas retenue.


C'est là que sont enterrés les rois de Saxe. (Enfin, pas dans le cloître, mais dans une chapelle au fond de la cathédrale. Mais j'aime bien les cloîtres.)

Il y a bien un château à côté, mais il n'a jamais été habité par les souverains, qui ont déplacé leur capitale à Dresde peu avant la fin de la construction de l'édifice. Les bâtiments ont servi un temps à la fabrication de la porcelaine, avant la création d'une fabrique plus grande et plus adaptée.

Nous avions un peu de temps libre pour manger avant la visite de l'après-midi, ce qui m'a permis de remarquer des décors de porcelaine dans certaines rues.

(Le fou du roi, existe aussi en buste de porcelaine, dans le musée.)

Le clou de la journée fut cependant la manufacture, ou plutôt son musée, avec démonstration de tournage / moulage et de peinture, entre autres étapes de la fabrication des précieux objets.

Ici, on voit la figure avant cuisson (mais après glaçage), la porcelaine cuite (elle a diminué d'un tiers) et, à l'arrière-plan, la même après peinture (à la main, évidemment). La jeune femme qui travaillait dans cette salle était en train d'ôter tous les petits défauts de la figurine en terre avant le glaçage. Dans la pièce suivante, une ouvrière nous a montré sa dextérité au pinceau.


(Assiette offerte par Adolf à l'ancien ambassadeur du Japon)

Le musée présente vraiment de très belles pièces, plus ou moins anciennes, plus ou moins drôles ou inventives. Je crois que ma préférée est cet enfant qui boit dans une tasse de porcelaine.

Il était disponible à la boutique, en fin de série, pour une somme à trois chiffres que j'ai préféré ne pas débourser...










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La suite de l'épisode 7 des benêts

 (14 août)

Si l'aller vers Dresde fut un peu mouvementé, le retour fut carrément abracadabrantesque.

Je devais prendre un train à 12 h 10, pour aller directement à Francfort. Une collègue française avait une réservation pour le même train, mais elle poursuivait vers Wiesbaden pour aller voir une amie. Et une troisième collègue devait prendre le train suivant, à 14 h 10, pour attraper un avion à l'aéroport de Francfort.

Comme nous avions été prié·es de vider nos chambres avant 8 h, je suis arrivée à la gare assez en avance. J'ai laissé ma valise dans un casier, je suis allée me balader, et quand je suis revenue, j'ai vu que l'ICE de midi était supprimé. J'ai envoyé un message à ma collègue, qui n'a pas tardé à arriver, et nous avons été au Reisezentrum pour modifier nos réservations pour le trajet suivant. C'était un peu embêtant pour la correspondance de la collègue, mais encore jouable.


Nous avons déjeuné, la troisième collègue est arrivée, j'ai récupéré ma valise, et nous nous sommes dirigées vers le quai où devait arriver notre train. Et là, mauvaise blague: l'ICE de 14 h 10 était annulé à son tour.
Pas le temps de râler encore une fois au Reisezentrum (au moins une demie-heure de queue), surtout pour la collègue qui avait un avion à prendre. Nous avons pris des renseignements au guichet près des quais. Le monsieur a dit: prenez le train pour Leipzig, le vôtre est tellement en retard que vous devriez pouvoir l'y rattraper. Car ces rames font des aller-retour entre Wiesbaden et Dresde. Et quand elles ont trop en retard, manifestement, elles ne vont pas jusqu'au bout pour repartir à peu près à l'heure dans l'autre sens. Il y eu une annonce au micro pour toute la gare, invitant les voyageurs pour Francfort à passer par Leipzig.

Nous sommes donc allées à Leipzig. Et à l'arrivée, nous avons fait comme beaucoup de gens: courir à la recherche du train suivant. Sauf que, si deux correspondances pour ailleurs étaient bien assurées, le train pour Francfort, lui, était déjà passé. Et nous avons donc dû attendre la navette suivante, environ deux heures plus tard. La collègue était sûre de rater son avion, elle a cherché un autre moyen de rentrer vers Lyon. (Et elle a trouvé un covoiturage pour une somme raisonnable; car la DB n'avait pas l'intention de lui rembourser son billet, vu qu'elle aurait réussi à effectuer le trajet, et la compagnie d'aviation estimait que ce n'était pas son problème si une voyageuse se présentait en retard.)



Ce que vous voyez là, c'est ce système super pratique (qui existe depuis longtemps, je l'ai connu en version papier) pour savoir si un siège est réservé. En l'occurence, j'ai pris la place vacante jusqu'à Francfort, côté couloir, tandis que ma voisine allait jusqu'à Mayence. Si elle ne s'était pas présentée, quelqu'un aurait pu prendre sa place à la fenêtre quand l'indication s'est éteinte, environ 20 minutes après le départ de Leipzig.

Nous avonc échangés des sourires complices, avec le couple d'en face, quand le contrôleur nous a souhaité la bienvenue à borde ce "gemütlichen ICE", comme si ces voitures étaient le comble du confortable. En revanche, les sourires étaient un peu jaunes, quand ce même contrôleur a répondu à ma collègue qui s'inquiétait pour sa correspondance et demandait si c'était bien normal, tous ces retards que "oui, effectivement". Tenez-vous le pour dit, les trains allemands ne sont pas à l'heure. Je suis donc arrivée à Francfort quatre heures après l'horaire prévu, et j'étais bien contente d'y avoir réservé deux nuits d'hôtel pour souffler un peu.

Car le retour vers la France a été quelque peu cocasse. D'abord, le Francfort-Paris a été détourné. Au lieu de s'arrêter à Kaiserslautern, Sarrebrück et Forbach, il est passé par Karlsruhe (et Strasbourg). Pourquoi? Il fallait désamorcer une bombe de la deuxième guerre à Kaiserslautern. Nous étions prévenus avant de monter, et cela ne changeait rien à l'heure d'arrivée à Paris. En revanche, il y a eu un petit couac à propos de Strasbourg, gare qui devait d'abord être desservie, puis non, et puis le train a effectivement marqué un arrêt en gare, mais les portes ne se sont pas ouvertes. J'espère que personne n'était monté à Karlsruhe avec l'intention de descendre à la frontière...

J'ai changé de gare à Paris, pour monter dans un TGV arrêté sur un quai qui annonçait fort opportunément la dernière ligne droite. Tout se déroulait pour le mieux, jusqu'à ce que, quelque part entre Redon et Vannes, le train s'arrête en pleine voie. Le contrôleur a pris des renseignements. Des vaches. Ce bétail divagait sur les voies. Un jeune couple espagnol qui se trouvait dans la rame a demandé des explications, car les agents de bord ne s'expriment qu'en français, aussi à l'Ouest, et le seul mot qu'avaient compris ces voyageurs était... "vache". Et le train a pris "environ une heure de retard"; le chef de bord est resté très prudent sur ses annonces, puisque, 59 minutes ou 61, ce n'est pas la même chose pour le remboursement des billets. Comme il y avait un autre TGV qui devait partir une heure après le nôtre, je me suis dit qu'il allait arriver pas bien longtemps après nous. Erreur de ma part. Les malheureux occupants des trains suivants ont eu entre une heure dix et une heure quarante de retard...
Quant à moi, j'ai d'ores et déjà obtenu un bon d'achat équivalent à la moitié du prix de mon billet (et donc, la SNCF reconnaît plus d'une heure de retard sur mon trajet).

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Les benêts du mardi, épisode 7

 (13 août)

Si on m'avait dit que je vivrais des aventures rocambolesques dans les transports en commun, je ne suis pas sûre que j'aurais imaginé tout ce qui m'est arrivé lors de mon escapade teutone.

Déjà, il faut savoir que pour aller du fin fond de la Bretagne au fin fond de l'ex-RDA, c'est compliqué. Les itinéristes de la toile mondiale suggèrent de se rendre à Paris (en train), puis de prendre l'avion, puis de nouveau un train. Et pour ne pas simplifier les choses, nous étions priés d'arriver entre 15h et 19h, ce qui, avec le temps de trajet depuis la France, voulait dire en gros partir la veille.

J'avais donc tout bien organisé, en consultant divers sites pour optimiser les trajets et les correspondances. J'avais aussi choisi de tout faire en train, parce que je n'aime pas les transferts vers les aéroports, et un peu aussi par soucis écologique. Je devais partir le dimanche matin, transiter par Paris et Bruxelles, dormir à Cologne, et repartir le lendemain tranquillement pour Dresde. Au retour, j'avais prévu deux nuits à Francfort, histoire de découvrir cette ville que je ne connaissais pas non plus.


Premier petit couac: un mois avant le départ, j'ai reçu un mail de la Deutsche Bahn m'informant que le train Cologne-Mayence mettrait plus de temps que prévu, et que je ne pourrai donc pas avoir la correspondance pour Dresde. Mais j'étais libérée de ma réservation et pourrai prendre n'importe quel autre train pour arriver à destination. Fort bien, j'avais de la marge, et le train direct suivant me permettait encore d'arriver avant 19h.

Deuxième incident anecdotique: comme je devais prendre un Eurostar jusqu'à Bruxelles, j'ai reçu un message m'informant que je devais être à l'embarquement une demie-heure avant le départ, et merci de prévoir le temps pour la correspondance. Il était trop tard pour modifier le reste du trajet, et je ne pouvais pas être Gare du Nord plus de 20 minutes avant mon train. J'ai vérifié sur le site. Evidemment, la demie-heure ne vaut que pour les Eurostars à destination de la Grande-Bretagne, pas pour les trajets continentaux. Pourquoi faire peur aux gens comme ça?

Troisième rigolade: une fois arrivée à Paris, j'ai pris la ligne 4, directe entre la gare Montparnasse et celle du Nord, et qui passe par l'île de la Cité et le Châtelet (dans cet ordre). Comme on était juste avant la cérémonie d'ouverture des JO, la station Cité (comme l'île) était fermée au public. Le métro ne s'y est donc pas arrêté. Mais ce n'est qu'en quittant la station Châtelet que le conducteur s'est souvenu qu'il avait une annonce à faire. "Suite aux JO [sic], la station Cité est fermée au public et toutes les correspondances ne sont pas assurée à la satation Châtelet". Il était peut-être temps de le faire savoir...

Là où ça a commencé à devenir moins drôle, c'est quand je suis retournée à la gare de Cologne, le lundi matin. parce que le train pour Mayence était en retard. Donc je suis allée faire un petit tour au Reisezentrum, et un gentil employé a tamponné mon billet et griffoné dessus un autre trajet, via Berlin, étant donné que les travaux sur l'autre ligne rendent le traffic très compliqué. Oui, ils sont comme ça, à la Deutsche Bahn, si le train prévu ne fonctionne pas, on peut prendre n'importe quel autre, y compris sur un trajet très différent. Ca leur évite de rembourser les billets. J'ai donc revu Berlin, vite fait et depuis ma voiture (j'avais trouvé une place assise, parce que la réservation n'est pas obligatoire en Allemagne, et qu'il reste assez souvent des sièges inoccupés), mais je stressais un peu parce que le train avait du retard et que le contrôleur avait annoncé que nous n'aurions pas notre correspondance. Il s'est trompé. J'ai à peine courru pour changer de quai, j'ai eu le temps d'apercevoir un ticket de métro parisien dans l'escalier, mais j'ai réussi à monter dans le train pour Prague, via Dresde, qui était bondé. Le contrôleur m'y a même trouvé une place. Et j'ai fini par arriver à bon port.

(Et comme ce billet est déjà long, une fois n'est pas coutume, je vous propose d'attendre demain soir pour lire la suite.)

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Virée à Dresde

 (11 août, 119 ème anniversaire de la naissance de mon grand-père)

Je n'avais jamais été dans les "nouveaux Länder", je ne connaissais donc pas Dresde. Cette ville est pourtant surnommée "la perle de l'Elbe", ou encore "la Florence de l'Elbe", c'est dire s'il y a du potentiel touristique.

Comme nous n'étions pas assuré·es de pouvoir manger à la cantine dès le soir de notre arrivée, je suis retournée vers le centre, ce qui était aussi un bon prétexte pour découvrir un peu la ville. Et manger une première glace (parce que, je ne voudrais pas dire du mal de la Bretagne, hein, mais j'ai vécu un véritable choc thermique, en arrivant en Allemagne).

Evidemment, il faut voir la Frauenkirche.

Bien sûr, ce n'est plus le monument original, je vous rappelle que Dresde a pratiquement été rayée de la carte par les bombardements alliés, et il a fallu des années avant qu'on puisse avoir le financement pour remonter les pierres qui, du temps de la RDA, formaient un amas sur la place. Mais enfin c'est une église baroque imposante, et un point central de la cité. Ce n'est pas un hasard si un militant a profité du monument à Luther qui se trouve devant l'église (vouée au culte protestant) pour placarder là son message politique. Il est sûr d'être vu.

A proximité, la frise (en porcelaine de Meißen) des souverains de Saxe.


Le centre historique se parcourt facilement à pied, c'est d'autant plus agréable que, comme dans beaucoup de villes allemandes, il est piétonnier.

En bordure des rues anciennes, l'opéra (Semperoper, du nom de son architecte).

Il se visite, moyennant une somme que j'ai décidé de na pas débourser. Et comme la saison ne recommence qu'à la fin du mois, je n'ai pas pu non plus profiter d'un spectacle pour aller en admirer l'intérieur.

En revanche, juste à côté, il y a le Zwinger, musée qui abrite une collection remarquable de tableaux du XV ème au XVIII ème siècle, et pour laquelle le Land de Saxe nous avait organisé une visite guidée.

Oui, Adam et Eve (de Lucas Cranach) sont là, ainsi que quelques autres chef-d'oeuvres. Et aussi pas mal de tableaux de Canaletto, qui a séjourné à Dresde et Pillnitz, dont il a immortalisé certaines vues, en plus de celles de Venise qu'on connaît plus ou moins.

Ce point de vue sur Dresde est devenu si célèbre qu'il y a, au bord de l'Elbe, un cadre pour le reproduire photographiquement.

Je préfère la toile, même si la rive non aménagée du fleuve est un endroit remarquable de fraîcheur, l'été. (Et oui, le pont aussi a été détruit et reconstruit après guerre, avec des arches plus larges, sans doute pour faciliter la navigation.)

Mais bien sûr, qui dit ville de l'Est dit aussi architecture communiste, et le Palais de la Culture en est un magnifique exemple.

Déjà, la façade vaut sont pesant d'efficacité socialiste. Mais sur l'aile à gauche de la photo, on découvre une mosaïque édifiante.

"Nous sommes les vainqueurs de l'histoire", rien que ça...
Il y a eu, au moment de la Réunification, une polémique pour savoir s'il fallait conserver ce bâtiment et sa frise, et je suis plutôt contente qu'on ait fini par préserver ce témoin historique.

Il y a encore beaucoup de choses à voir à Dresde, notamment les collections plus modernes de l'Albertinum, ou la statue dorée d'Auguste (le roi de Saxe, pas l'empereur romain), mais je n'ai même pas tout vu et surtout je ne voudrais pas surcharger la toile mondiale avec mes photos, alors je vous laisse le choix de naviguer, sur la toile ou dans les airs, pour découvrir cette belle cité.









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Saisir sa chance

 (8 août 2024)

Au mois d'avril dernier, à peine dix jours avant les vacances de printemps, les professeurs d'allemand de l'académie ont reçu un mail de l'inspecteur les informant qu'il y avait deux places à prendre dans un stage de langue et de culture pour professeurs étrangers offert par le Land de Saxe. Il fallait passer par l'inspecteur pour candidater, avant les congés à venir.
J'ai attendu deux jours, et envoyé un message demandant quelle était la marche à suivre, parce que je n'étais jamais allée à Dresde et que j'avais très envie de découvrir cette ville (ce n'est pas le motif que j'ai invoqué 😉).
Je n'ai reçu aucune réponse, jusqu'au jour où l'institution chargée du stage m'a  envoyé mon invitation. Je n'ai pas tardé à prendre mes billets (de train, j'en reparlerai) et à organiser mon voyage.

J'ai donc passé presque deux semaines à Dresde, avec une demie-douzaine de collègues françaises (venues du Sud-Est, en dehors de l'autre Bretonne et de moi-même), d'autant de Bulgares, des Polonais (oui, avec un homme) et de Tchèques (avec également un collègue). Tous gens fort sympathiques.
Nous avons été reçus comme des rois, avec un programme aux petits oignons. Des cours, surtout la première semaine, presque tous très intéressants, bien que certains aient été un peu éloignés de nos préoccupations enseignantes; des visites, des découvertes; et assez peu de temps libre. Il y avait m'a-t-il semblé, des relents d'organisation socialiste, dans ce relatif embrigadement. Le Mur est décidément toujours dans les têtes...

Ce qui m'a beaucoup surprise, ce sont les cadeaux de bienvenue que nous avons reçus.

Imagine-t-on, en France, une formation (de fonctionnaires) où les stagiaires se voient offrir, outre le gîte et le couvert, un petit carnet, un bloc de post-it et (absente sur la photo) une clé USB? Même si j'en demandais une à l'administration de mon lycée, je n'aurais pas de clé gratuitement, les professeurs étant l'une des rares catégorie d'employés à devoir acheter eux-mêmes leur matériel (et ne me parlez pas de la prime informatique, hein).

Mais ce qui était le plus extraordinaire, pour nous Françaises qui devont remplir des formulaires étranges sur des sites aux noms curieux pour quémander un paiement ou un remboursement*, c'est le contenu de cette enveloppe que vous voyez là. 135 euros. Cet argent était destiné à couvrir le montant des 9 repas que nous ne pouvions pas prendre à la cantine. Je crois qu'aucune de nous n'avait compté dessus. Mais après tout, les frais liés au stage étaient censés être pris en charge, nous n'avions que le voyage à payer. (Les pays de certains autres participants leur ont fourni les billets depuis leur capitale.)

* Sans rire, pour l'oral du bac, il a fallu que je remplisse une case pour confirmer que j'avais bien eu les 35 candidat·es indiqué·es sur ma convocation. Et bien sûr, je n'ai pas encore été payée.


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Les benêts du mardi, épisode 6

 (6 août)

A force de se moquer des autres, on finit par être sot soi-même...

J'ai, de manière tout à fait imbécile, embouti une voiture sur un rond-point. Parce que, au lieu de regarder à gauche si je devais laisser la priorité, j'ai regardé à droite, la voie où je voulais sortir étant curieusement embouteillée.

J'ai fait peur à la jeune passagère de la voiture que j'ai percutée, mais personne n'est blessé.

En revanche, il y en a un qui s'est cru plus intelligent que tout le monde, et c'est le sous-fifre qui a répondu quand ma co-accidentée a appelé le 17. Elle était désemparée et ne savait pas trop ce que nous devions faire, et cet incompétent s'est moqué de cette femme évidemment sous le choc de l'accident parce qu'elle ne savait pas lui dire exactement où elle était.

Et comme manifestement notre problème n'était pas le sien, il a conclu en disant: "Eh ben vous mettez votre petit triangle et vous appelez un dépanneur."
(Oui, il a vraiment dit "petit triangle", cet as de la psychologie et du service public...)

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Retour de voyage

 (5 août 2024)

Je rentre de deux semaines bien intenses; avec plein de trucs dans mes bagages.

J'ai des tas de choses à raconter, mais aussi un certain nombre de petits soucis à régler, alors je vous raconterai ma vie (pleine d'aventures) plus tard.

Les benêts de demain sont programmés de longue date (et le problème pratiquement réglé).


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Une trouvaille

 (27 juillet)

Quand je ne sais pas quoi faire de mon temps, et même lorsque j'aurais mieux à faire, je vais traîner sur la toile mondiale, sur Tutube ou Lebonqwoin. Il m'arrive de cliquer sur un coeur pour mettre certains articles en favoris, sur ce site, et j'avais repéré notamment quelques buffets. Et l'intelligence artificielle qui suggère des objets à partir de ceux qu'on a regardés m'a un jour proposé un meuble, un peu plus loin de chez moi que le rayon pré-défini. Je ne serais donc probablement jamais tombée dessus sans cette suggestion.

Le buffet me plaisait, et son vendeur annonçait être prêt à livrer, dans un rayon raisonnable. Je l'ai contacté, consciente d'habiter à une distance plus vraiment raisonnable, mais pas invrensemblable non plus. Et, moyennant un petit supplément, ce monsieur est venu livrer chez moi l'engin (un jour où j'avais des gros bras pour aider à porter ce mastodonte.)

Monsieur Gribouille l'a inspecté sous toutes les coutures, et ni lui ni moi n'avons trouvé de trace d'insecte.

(Ouh, mais il a le bidou qui traîne!)

Pour un meuble probablement centenaire, il est en bon état.


 

Le sympathique livreur m'avait dit que j'aurais peut-être du mal à trouver quels étaient les bons tasseaux pour mettre dans chacune des parties afin de placer les étagères, mais qu'il fallait juste essayer, un peu comme la chaussure de Cendrillon. C'est une réalisation artisanale, et, à ce titre, il n'y a pas de mesure standard.

Néanmoins, s'il avait un peu mieux observé ces bouts de bois, il aurait vu que quelqu'un, il y longtemps, avait laissé des indices au crayon gris:



Arrivez-vous à lire les "G", "M" et "D" qui m'ont évité de tatonner trop longtemps?

Alors, non, ce n'est pas un buffet de style breton, ce n'est pas non plus un de ces "mado" dont j'ai longtemps rêvé, mais il me plaît comme ça.

(Et Gribouille ne semble pas juger utile de le marquer en faisant ses griffes dans les coins, ce que j'apprécie beaucoup.)

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