Pauvreté linguistique

(25 mai, dites donc, c'est l'anniversaire de Numérobis!)

Il ne sera pas question ici des efforts du P'tit Mousse pour se faire comprendre, verbalement ou gestuellement, il y arrive plutôt bien, le bougre.
Non, je vais seulement me plaindre encore une fois du niveau des élèves...
Il y a quelques années déjà, j'avais pu constater que, si le mot "chaotisch" est un mot transparent, son sens n'en reste pas moins obscur pour une grande majorité des élèves. Non qu'ils ignorent le chaos, mais ils le nomment habituellement autrement.
Lorsque, cette année, j'ai inscrit "la proposition subordonnée complétive" au tableau, et qu'une élève de troisième m'a, en toute sincérité, demandé si ça existait en français, je me suis dit qu'on tombait bien bas. Ces enfants-là connaissent à peine la grammaire de leur propre langue, comment voulez-vous, dans ces conditions, leur apprendre celle d'une langue étrangère? (Figurez-vous que ce fameux "que" ne se traduira pas de la même manière suivant qu'il introduit, justement, une complétive, une relative, ou un complément du comparatif. Voilà une idée totalement déraisonnable et tordue pour des enfants qui croient encore que chaque mot a un unique synonyme absolu dans chacune des autres langues du monde.)
Après tout, on peut m'objecter que, sans en connaître l'appellation, elle devait bien vaguement savoir ce que c'était. Peut-être. Mais la suite a prouvé la pauvreté linguistique dans laquelle se meut cette élève. J'avais en effet noté quelques exemples, avec leur traduction. L'une d'elle affichait clairement un subjonctif, en français. Ce que je m'empressai de souligner pour montrer que, pour une fois, la langue de Goethe était plus simple que celle de Molière (sans parler de celle de Cervantès, qui aurait sûrement exigé un subjonctif à chaque fois). Et là, la même élève de demander: "Mais on n'a pas ça, en français, le subjonctif?" Ben si, la preuve. "Et c'est quoi?" Ben c'est quand tu dis "Il faut que je fasse". Elle n'utilise pas "ce verbe, fasse". Jamais. Parce qu'elle n'emploie jamais de phrase complexe, sans doute. La collègue de français m'a confirmé qu'une récente étude prouvait que de plus en plus de gens se contentent de la structure sujet-verbe-complément.
Quand je pense que le Pirate, à deux ans et des brouettes, me disait "je fasse mon lit" (parce que je répétais chaque matin qu'il fallait que je fisse les lits avant de m'occuper de lui)... Il va falloir que j'arrête de parler compliqué à mes enfants.

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2 Commentaires:

At 11:46 AM, Blogger Seer a bien voulu donner son avis...

Je me rappelle avoir débattu avec quelqu'un considérant qu'apprendre la grammaire française avec son jargon était sans intérêt du moment que les phrases des gosses étaient correctes. Merci d'illustrer si bien mon argument principal.
Honnêtement, vu que les pontes ne comprennent pas ça et qu'à l'école primaire tout est sabordé, ce genre de choses finit par ne dépendre que de l'environnement parental :
- si les parents n'ont pas l'habitude de lire, le plus souvent les enfants ne la prendront pas,
- et les enfants parleront comme leurs parents (et comme leurs copains ensuite pour le SMS)
Ca promet pour l'avenir...
Donc non, renonce pas surtout, sauve au moins tes enfants :)

 
At 10:03 AM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Ce que tu veux dire, c'est que si on n'apprend pas la grammaire aux enfants, ils ne pourront pas enrichir leur langue? C'est possible; le Pirate pose des tas de questions intelligentes, depuis qu'il a commencé la réflexion grammaticale à l'école.

 

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