Prendre la Bastille

 (22 mai)

Quand j'ai constaté que je n'avais pas la garde des enfants pour le pont de l'Ascension, je me suis dit qu'il fallait que j'en profite. Et quand l'Opéra de Paris, auquel j'ai été abonnée il y a fort longtemps, et qui continue à m'envoyer des messages d'information, m'a proposé de réserver des places pour des ballets de Béjart, je me suis dit qu'il y avait peut-être quelque chose à faire. J'ai consulté les dates, regardé ce qui se jouait en parallèle (il y a toujours deux ou trois spectacles en cours) et constaté qu'en jouant malin, il était possible de voir deux ballets différents pendant ce fameux pont. Nous étions en décembre, je me suis fait offrir les places pour Noël.

Et donc, jeudi matin, j'ai laissé un chat encore un peu patraque d'avoir vomi la veille pour prendre le train en direction de la capitale. J'avais réservé un hôtel pas cher (et il ne valait pas mieux) du côté de la Bastille, mais sur une ligne de métro qui permet aussi de se rapprocher de l'opéra Garnier. De mon hôtel, je pouvais aller à mon premier spectacle à pied, et heureusement, parce que:

Et vraiment, ces trois pièces chorégraphiées par Béjart, c'était très très bien. J'avais un peu peur de L'Oiseau de Feu, parce que j'avais vu la version originale du Sacre du Printemps (autre ballet sur une musique de Stravinsky) il y a quelques années et que je n'avais pas aimé. Il semblerait que la version de Béjart parle un langage que je comprends mieux. Je ne connaissais rien du Chant du Compagnon errant sur des Lieder de Mahler), mais j'y ai découvert avec bonheur le talent du danseur étoile Guillaume Diop. Et puis, le Boléro de Ravel, en final magnifique...

Le lendemain, je me suis rendue à pied jusque dans le Marais. Passage par la Place des Vosges que se partageaient les touristes matinaux et les sportifs, errance dans le quartier Saint-Paul, découverte de la rue des Rosiers et visite du musée Carnavalet, qui retrace l'histoire de la ville de Paris. Je ne me souvenais pas l'avoir déjà vu. Rien que le bâtiment est étonnant, puisque le musée occupe deux anciens hôtels particuliers de part et d'autre du lycée Victor Hugo. Il y a des tas de trucs à découvrir, toutefois j'avoue que j'ai passé un peu rapidement après la Révolution, parce que j'avais faim...

J'avais ambitionné de manger du côté de la rue des Rosiers, mais quelle erreur horreur, tous ces touristes! J'aurais peut-être pu me contenter d'une pâtisserie, les nombreuses boulangeries n'étant pa totalement saturées. Mais pour le salé, il n'y avait que des vendeurs de "fallafels authentiques", à manger sur le pouce après avoir fait la queue pendant de longues minutes. Pardon, c'est ça la nourriture traditionnelle juive qu'on pourrait attendre de ce quartier? Quel dommage! J'ai pris une rue perpendiculaire jusqu'à être suffisamment éloignée de la foule. Et j'ai trouvé un charmant petit restaurant corse où j'ai fort bien mangé. Le moelleux à la châtaigne était délicieux. Ca, c'est de la cuisine authentique!

Ayant poussé jusqu'aux Halles, j'ai eu droit à un spectacle de danse de rue assez époustouflant, et puis je suis rentrée à mon hôtel me reposer un peu. J'ai pris un en-cas avant de me diriger vers le Palais Garnier assister à The Dante Project. Les danseurs sont toujours aussi bons (Guillaume Diop était encore dans la distribution), mais j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le spectacle, pour une raison technique. J'étais bien placée, là n'est pas le problème. Des costumes noirs, sur un décor sombre et une scène peu éclairée, certes, c'est un concept pour l'Enfer, mais on n'y voit goutte! Et puis, tous les personnages, à l'exception de Dante et Virgile, étaient habillés pratiquement de la même manière (il n'y a guère que les traces plus claires sur les costumes qui variaient). Comment, dès lors, faire la différence entre Ulysse, Didon et Enée, les poètes et les voleurs? J'ai en revanche très bien compris que les Courroucées n'arraitaient pas de se chamailler. Les actes deux et trois étaient plus clairs, dans tous les sens du terme (normal, on s'élève vers le Paradis, tout devient lumineux). A l'applaudimètre, le public était d'accord avec moi pour dire que c'était moins bien que Béjart. Mais je pense que tout le monde regrettait un peu aussi de ne pas pouvoir applaudir plus précisément tel ou tel rôle, faute d'avoir identifié les danseur·ses.

(Entracte à Garnier)
Ce qui était amusant, à Garnier, c'était tout d'abord de se dire qu'on avait bien fait d'y aller à Noël, avec les enfants, parce que là, la façade était dissimulée derrière un échaffaudage, et qu'en plus, pendant les spectacles, on n'a pas accès à la bibliothèque. J'avais l'impression d'être initiée à des mystères inaccessibles à d'autres spectateurs. Et ensuite, j'ai trouvé drôle de voir arriver une famille germanophone et un couple de Britanniques très bien habillés. A Vienne ou à Londres, on se costume encore pour aller à l'Opéra. A Paris, on ne sort plus sa belle robe pour voir un ballet, sauf si c'est le soir de Noël ou du Réveillon... Car, si les places ne sont pas données, ces spectacles restent plus accessibles que les JO...



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4 Commentaires:

At 9:12 AM, Blogger Bleck a bien voulu donner son avis...

Un ouikend à Paris, mieux, un ouikend à Paris lors d'une des périodes où "ils" sont partis s'aérer en province est toujours très bénéfique et tu as bien fait d'en profiter un maximum, de plus le Onzième et la Bastille, tu étais dans notre (ancien) jardin, si je puis m'exprimer ainsi...

Bleck

 
At 1:02 PM, Anonymous Dr. CaSo a bien voulu donner son avis...

Chouette weekend :) Je lisais justement hier combien aller à l'opéra est hors de à Montréal (entre $200 et $700) et je suis contente de voir que Paris reste faisable.

 
At 5:55 PM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

La vache, Doc! Mes places ont coûté 89 euros chacune, il y avait certes plus cher, mais j'étais tout à fait bien placée.
Comment ça, Bleck, vous fréquentates le 11ieme? J'y ai vécu jusqu'à mes 24 ans. Il y avait donc un peu de nostalgie dans ce séjour.

 
At 11:29 PM, Blogger Bleck a bien voulu donner son avis...

J'ai rencontré la femme de ma vie rue St. Maur et nous avons fréquenté jusqu'en 2021 (épisodiquement mais régulièrement le haut de la rue de la Roquette, nous avons habité les bords du canal St. Martin dans le 10 ème en 82 - 84 et la rue St. Hubert en 81 - 82) Mais franchement aujourd'hui, Paris m'épuise j'ai adoré nous y avons des tas de souvenirs mais stop !

Bleck

 

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