La photo du dimanche, hors sujet
(28 septembre)
En fait, ce n'est pas tant que je sois hors sujet: il n'y a pas de thème proposé cette semaine, la personne qui devait le fournir ayant abandonné le projet. (Ce que je peux tout à fait comprendre, je ne suis moi-même pas du tout certaine de poursuivre l'aventure l'an prochain.)
Et donc, à défaut de sujet, voici ce que je photographie au moins autant que mon chat:
Les fleurs, et en particulier les hortensias, qui en ce moment prennent leurs magnifiques couleurs d'automne.
Ceux de mon jardin commencent à virer au mauve, alors que ce sont des blancs colorés en bleu. Mais il y en a de magnifiques roses, dans la rue:
Et puis, hier, j'ai vu ce rhododendron, complètement hors-saison:
Libellés : régions
A n'en plus finir
(24 septembre)
Depuis le printemps dernier, il y a des travaux sur la portion de route qui mène de la sortie du bourg à la bretelle de la quatre voies que j'emprunte pour aller au lycée (du haut de la côte). Ils doivent durer jusqu'aux vacances d'automne, il s'agit de refaire le réseau d'eau potable et je ne sais quoi encore.
A la fin de l'été, des travaux ont été annoncés sur la quatre voies. Ils devaient commencer mi-septembre pour se terminer fin octobre. Et puis, on nous a prévenu·es que la bretelle d'accès serait fermée. Dès le premier jour des travaux de réfection, j'ai donc pris la vieille route vers la préfecture, rejoignant par là le rond-point qui me permet de faire la jonction avec la rocade. Les panneaux indiquant la déviation par cette même route n'ont été apposés que le lendemain.
Et voilà que, en fin de semaine dernière, c'est sur la rocade que des travaux ont commencé. A peine annoncés, et prévus pour cinq jours seulement. J'en ai discuté avec un collègue, qui trouvait que ça commençait à faire beaucoup, ces travaux. Et comme je disais bizarre qu'on puisse faire en une semaine, sur la rocade, ce qui en prenait au moins six, sur la voie express, il m'a répondu que, peut-être, sur cette dernière, ils allaient refaire les deux côtés. Alors, je lui ai rappelé que ça faisait trois ans qu'ils nous faisaient le coup des travaux, sur la quatre voies. D'abord un tronçon dans un sens, puis, l'an dernier, le même dans l'autre direction, et maintenant, un morceau avant la partie qui avait été refaite en premier. Donc, à mon avis, on s'oriente plutôt vers des travaux à l'automne 2026 pour refaire le même tronçon dans l'autre sens de circulation.
Il n'empêche que j'avais raison de m'interroger sur la durée des travaux: la réfection de la rocade est désormais prolongée jusqu'aux vacances de la Toussaint. La bonne nouvelle, c'est donc que tous les travaux devraient être terminés à la reprise de novembre. La mauvaise, c'est que, en attendant, c'est un peu le bazr pour aller travailler, et souvent encore plus compliqué au moment de rentrer. Car j'ai la chance de circuler dans le bon sens, semble-t-il.
Il n'empêche, les ralentissements, sur la quatre voies, sont imprévisibles. Je continue à passer par là au retour, notamment quand je passe faire des courses. Et, si la circulation est restée fluide tout du long, hier, vers 17 heures, c'était bien la première fois que cela arrivait. Mardi dernier, comme les fois précédentes, il y avait un ralentissement au moment où tout le monde doit passer sur une seule voie. Avec des gens qui essaient de gruger en doublant jusqu'à la dernière minute. Mais nous sommes quelques un·es que cela agace, et qui nous plaçons au milieu, sur la ligne discontinue, pour dissuader ces tricheur·ses. En revanche, vendredi, alors que je passais sur le pont qui enjambe cette voie rapide, j'ai vu qu'elle était complètement bouchée, sur les deux voies. Alors, au rond-point, j'ai pris la vieille route. Excellent choix, confirmé d'abord une heure plus tard par le P'tit Mousse, dont le bus est "resté un temps fou" dans cet embouteillage, et ensuite le lendemain par une conversation surprise à la boucherie ("une heure pour rentrer de [la préfecture], hier soir").
Moi, je n'ai rien contre les travaux, puisqu'ils sont censés améliorer les conditions de circulation. Mais là, entre la petite route sinueuse et les ralentissements, je commence à trouver ça fatigant. Hier matin, au moment où j'arrivais enfin au rond-point par où j'entre habituellement dans la préfecture, et alors que j'allais me dire "ouf, c'est fini", je me suis rendue compte que, de cette entrée, on ne voyait strictement rien, à cause du soleil qui se levait en face. Vivement l'hiver, qu'on arrive de nuit et par des routes rénovées!
Libellés : humeur, service public
La photo du dimanche (38)
(21 septembre)
Le thème à traiter aujourd'hui est "frisson".
Mais je frissonne rarement, grâce à ma bouillotte 100 % naturelle.
On se demande qui réchauffe l'autre...
Nationalité de papier
(18 septembre)
Lorsque j'ai divorcé, je n'ai pas fait refaire immédiatement ma carte d'identité. Il faut dire qu'il y avait à l'époque des délais abominables pour obtenir un rendez-vous. C'est seulement cet été que je me suis enfin lancée dans la démarche.
J'ai rempli le formulaire en ligne, en pestant contre le menu déroulant qu'il a fallu ouvrir une bonne dizaine de fois avant qu'il me propose enfin le département adéquat pour la commune de naissance de mon papa, dont j'ai découvert à cette occasion qu'elle avait deux homonymes (pourtant, quand on demande à la toile mondiale, c'est cette ville de banlieue qui apparaît comme premier résultat). Je ne me souviens pas qu'on m'ait demandé de préciser le département de naissance de ma maman, mais j'ai pris soin, par honnêteté, de préciser "Canada" entre parenthèses après le nom du saint.
J'arrive à mon rendez-vous, quelques semaines plus tard, et là, la Madame, en voyant que j'ai écrit "française" pour la nationalité de mes deux parents, me dit que ma maman est canadienne, puisqu'elle est née au Canada.
Quoi?
Je lui réponds que, lorsque je suis née, ma maman était française (et née là où je l'ai indiqué*).
Elle persiste, elle est devenue française par son mariage, oui, mais elle est canadienne. Et elle laisse entendre que la préfecture pourrait faire des problèmes.
Je me retiens de lui renvoyer l'identité de papier de ma mère à la figure, et que puisque c'est comme ça, je vais me contenter de mes documents canadiens. J'insiste pour laisser "française", et j'évite de lui raconter qu'il y a des Français·es qui naissent à l'étranger tous les jours, elle ferait moins la maline si ma mère était fille de diplomates et que j'avais indiqué comme lieu de naissance celui qui figure sur son certificat de décès (et qui est différent de celui qui est mentionné sur mon acte de naissance*).
Elle consent en faisant la moue, et on verra bien si la préfecture demande des précisions, me dit-elle.
Mon sang bouillonne, je vérifie en rentrant si la nationalité figure sur les actes de naissance dont j'ai une copie à la maison.
Bien sûr que non, et cette bonne femme était dans son tort. J'ai reçu à peine dix jours plus tard une notification m'invitant à aller chercher ma nouvelle carte d'identité. Et j'ai eu le bonheur de tomber sur une remplaçante, au moment de la récupérer (bon, du coup, on n'a pas trop su quoi faire quand il s'est avéré que la carte était "désactivée" et qu'il était impossible de confirmer mon identité numérique).
Depuis, Numérobis s'est lancé dans les démarches pour obtenir son passeport canadien.
Et là, c'est l'administration qui devrait revoir la version francophone de ses formulaires...
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| ("fournir les informations demandées qui se trouve dans le passeport délivrer a son nom") | |
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| ("Veuillez précisez") |
* Ma maman avait été adoptée bébé. A l'époque de l'adoption, les autorités canadiennes notaient comme lieu de naissance celui du baptême, ou de la commune de résidence des adoptants, soit, pour ma mère, un Saint-N. C'est ce lieu de naissance qui figure sur l'acte de mariage de mes parents et sur tous nos actes de naissance. Mais dans les années 1980, une loi est passée au Canada, avec effet rétroactif, obligeant à indiquer le lieu de naissance réel. Ma mère a donc découvert, en voulant faire refaire ses papiers (français, il lui fallait un acte de naissance), qu'elle était née à Montréal. Et c'est le nom de cette métropole qui figure comme lieu de naissance sur son certificat de décès. Ce qui conduit à cette absurdité: la femme dont mon père est veuf n'est pas née au même endroit que celle qu'il a épousée...
Libellés : humeur, service public
Le mercredi je m'balade
(17 septembre)
Cela fait des années que je travaillais (aussi) le mercredi. Avec toutes les difficultés qui en découlaient pour la garde de mes enfants. Et maintenant qu'il ne reste que le P'tit Mousse à la maison, voilà que j'ai mon mercredi.
Je dois dire qu'il est extrêmement agréable, le mardi soir, de se dire qu'il n'y a pas d'urgence, pas de cours à préparer ni de copie à corriger pour le lendemain. Et si je profite correctement de cette coupure au milieu de la semaine, je n'aurai rien non plus à prévoir le jeudi soir, car je travaille, le jeudi et le vendredi, dans deux établissements différents. Il y a bien longtemps que mon emploi du temps n'a pas été aussi confortable.
Alors, je pourrais en profiter pour me balader. Ou pour visiter des maisons et appartements à vendre, à condition que mon GPS veuille bien me mener jusqu'à ces demeures par des routes praticables.
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| (Non seulement ce n'est pas une rue, mais en plus, il y a un sens interdit à moins de 100 m.) |
Cependant, cette semaine en tout cas, j'en ai surtout profité pour essayer de dormir. Parce que, la rentrée, c'est fatigant. L'automne arrivé d'un coup n'a pas aidé non plus, et les premier·es élèves et collègues sont déjà malades. Et puis, le P'tit Mousse va rester en garde chez moi pendant environ deux mois, et il n'est pas
encore du tout autonome pour se faire à manger. Voilà un point sur lequel il faudrait travailler...
A défaut de promenade, le soleil de ce jour aura au moins été l'occasion de mettre une lessive à sécher dehors. Et puis, pour faire un peu de sport, je vais essayer ce soir un nouveau cours de danse.
Libellés : école, loisirs
La photo du dimanche (37)
(14 septembre)
C'est la famille qu'il s'agit aujourd'hui d'illustrer, sans montrer de visage en ce qui me concerne, cela s'annonçait compliqué.
Et puis, une conversation de cantine m'a donné une idée.
- Elle est dans quelles classe, la fille de J [collègue ayant récemment obtenu une mutation]?
- En seconde [bip], elle fait de l'allemand.
- Ah oui, je l'ai aussi.
- Moi j'ai déjà eu le grand frère, elle ne lui ressemble pas du tout. Ni à J, d'ailleurs.
- Oui, moi je connais aussi la mère, ce n'est pas vraiment le même gabarit.
- Ah, mais on connaît toute la famille, alors?
- Et moi, j'ai même rencontré Madame Mère une fois.
- Dommage, on ne pourra jamais avoir le grand-père. [Il est décédé l'an dernier.]
Et donc, voici des familles au complet (sauf une), qui auraient aussi bien pu illustrer le thème "vintage" il y a quelques semaines:
Libellés : école
La culture pour tou·tes
(12 septembre 2025)
Comme j'ai gagné pas mal de sous l'an dernier avec les heures supplémentaires, j'en ai utilisé une partie pour me payer des abonnements culturels. Un au théâtre préfectoral, pour aller voir, entre autres choses, une adaptation d'une pièce de Schiller à laquelle je vais traîner le P'tit Mousse (le bac français, c'est cette année, et ce serait bien qu'il sache à quoi ressemble une représentation théâtrale), et l'autre à l'Opéra de Paris.
Paris, c'est loin, et il faudra que je réserve des nuitées rapidement, parce que les horaires des représentations ne me permettent pas de rentrer dormir chez mon Papa dans la banlieue nord. Mais j'ai réussi à trouver des spectacles de ballet deux soirs de suite et pendant les vacances scolaires, en enchaînant une oeuvre classique et une oeuvre plus contemporaine, et je me réjouis de ces parenthèses parisiennes.
Ce qui m'a bien plu, aussi, c'est de découvrir, en recevant ma carte d'abonnée, qu'elle était justement intitulée au féminin et au masculin. En écrivant les deux mots en entier pour éviter l'écriture inclusive prohibée il y a quelques années par un gouvernement a la longévité relativement importante.
Il me semble que, depuis la polémique sur cette manière d'écrire qui voulait gagner de la place en incluant le féminin dans le masculin (et que j'utilise moi-même assez souvent ici), je vois de plus en plus de publicités et autre affichages qui mettent en évidence le féminin. Et donc, paradoxalement, en voulant interdire une chose, le sinistre Jean-Mi (celui-là même dont la réforme du bac est remaniée chaque année) semble avoir provoqué une prise de conscience et l'apparition un peu partout de formes féminisées jusque-là invisibles.
Libellés : école, langage, loisirs
C'est complet!
(10 septembre 2025)
Le problème, avec les effectifs de germanistes, c'est qu'ils varient d'une année sur l'autre, et qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre, en seconde.
Au moment des affectations, on nous annonçait 35 élèves, dans le lycée en haut de la côte. Et quelques jours plus tard, il y en avait potentiellement 37. Ce qui était beaucoup mieux, parce que, pour 37, il fallait faire deux groupes. Mais deux jours plus tard, le proviseur affirmait (j'aurais envie de dire "décidait") qu'ils et elles ne seraient que 35.
Le jour de la pré-rentrée, j'ai découvert une liste de 36 élèves, dans le même groupe, avec une paire de jumelles et une paire de jumeaux. J'avais vu les jumeaux aux portes ouvertes, ils sont identiques. Et comme les jumelles, en dehors des cours d'allemand, ne sont pas dans la même classe, il y avait des chances qu'elles le soient aussi.
A la fin de la première semaine, j'ai découvert le groupe. Il y avait bien 36 élèves en face de moi. Mais seulement 35 tables et chaises. J'ai donc été chercher un pupitre dans la salle voisine, heureusement inoccupée à cette heure-là, et je suis allée dès que possible réclamer une délocalisation pour ce groupe.
Lundi, j'étais dans une salle un peu plus grande, mais avec seulement 35 tables et chaises. J'ai donc fait une demande pour qu'on ajoute le mobilier nécessaire, puisque, manifestement, il n'est pas prévu plus de 35 élèves par salle de classe (or je ne suis pas la seule à devoir en accueillir parfois 36). Comme j'avais prévu un travail en îlots, le regroupement des tables et la chaise du bureau ont permis à chacun·e de trouver une place. Car, malgré le départ d'une élève, ils étaient toujours 36, puisqu'un autre l'avait remplacée.
Mardi, le pupitre supplémentaire n'avait pas été installé*, et il restait encore 2 places libres après l'appel, en raison des retardataires. Les deux premier·es ont pu s'asseoir. Quand le dernier élève est arrivé, j'ai ouvert la porte en disant "C'est complet!" avant de trouver une solution pour qu'il puisse tout de même s'installer (sur un coin de table).
Ce jour-là, comme il restait un peu de temps, j'ai fait un petit jeu: j'ai posé des questions, en allemand bien sûr, en demandant à toutes les personnes concernées de se lever. L'une de mes questions était: Qui a un frère jumeau ou une soeur jumelle? Et là, j'ai vu 6 élèves se lever. En dehors des deux paires évidentes, il y a un jeune homme qui a un jumeau (hispanisant, dans une autre classe) et une jeune fille qui a une jumelle (comme je n'ai pas encore appris le nom de cette élève, je n'ai pas pu chercher sa soeur sur les listes de classe).
C'est décidément un groupe exceptionnel!
* pour avoir du mobilier en plus, je suis d'abord passée par l'intendance, où on m'a répondu qu'il fallait envoyer un message informatique via la plate-forme de la région. Autrement dit, au lieu d'appeler un agent pour aller chercher ce qu'il faut dans une réserve qui se trouve nécessairement quelque part dans l'établissement, il faut passer par Rennes et attendre que le message redescende vers le lycée. (C'est la même chose quand il faut ajouter du toner dans une photocopieuse.) Vive la gestion à la française!
Post Scriptum: il semblerait que l'administration essaie de réduire l'effectif d'une classe de première, qui compte 36 élèves, en transférant une ou deux personnes vers une autre classe. Mais 36, pour un cours d'allemand en seconde, ce n'est pas surchargé?
Libellés : école, humeur, service public
La photo du dimanche (36)
(7 septembre)
Virginie nous demande de publier aujourd'hui un auto portrait.
Il est bien évident que je ne vais pas montrer ma bobine sur ce blog. Alors, j'aurais pu faire la maline et remarquer que, sans le tiret entre "auto" et "portrait", on peut afficher une photo de voiture. Mais il m'est venu une autre idée.
Aussi reconnaissable que mon visage et caractéristique de ma personne, il y a:
Les cicatrices de ma jambe gauche, particulièrement visibles en cette fin d'été en raison du bronzage (oui, je suis bronzée, là! J'ai même retrouvé la trace de mon opération à la thyroïde, cette année.)
Libellés : psyché
Quand le téléphone sonne
(4 septembre)
Quand le téléphone sonne en mon absence, personne ne répond. Les enfants, quand ils sont là, n'osent pas décrocher le combiné.
Le P'tit Mousse a eu beaucoup de mal à contacter son lieu de stage, avant de s'y rendre, l'an dernier. Et une fois sur place, il a été peu bavard. En classe, ses professeurs le trouvent souvent isolé.
Pour Numérobis, l'entrée en seconde, dans une classe où il n'avait aucun ami proche, a été un véritable drame. Il déteste les transports en commun, qui sont plein d'inconnus. Et, même si cela s'améliore, je l'ai senti sur le point de renoncer plusieurs fois, lorsque nous avons fait la queue pour renouveler sa carte de bus (Mais je n'ai pas de photo? Mais je n'ai pas de pièce d'identité?) il y a quelques jours. Oui, je l'accompagne encore, parce que je ne suis pas certaine que, seul, il y serait allé. La prise de parole est une chose difficile pour lui aussi.
Dans son rapport / mémoire de M2, le Pirate a mentionné ses difficultés avec les interactions sociales. Nous en avons discuté, à table, avec ses cadets, et j'ai dit que je n'étais pas très douée là-dedans non plus, que c'était plus le domaine de leur père. Etonnement de Numérobis: "Mais tu es prof?"
Oui, je suis prof, et j'ai plein d'élèves en face de moi. Ce qui est parfois un vrai problème. Je me rends compte que je ne parviens pas toujours à établir un contact visuel. Quand on corrige un exercice, il peut m'arriver de rester le nez collé dans mon livre, au lieu de regarder l'élève que je viens d'interroger. Plus ils et elles sont nombreux dans la classe, pire c'est.
Alors je ne sais pas trop ce qui m'a pris de répondre oui, l'autre soir.
J'étais en train de préparer à manger, la radio a annoncé le sujet de l'émission inter-active du soir, une annonce gouvernementale dont j'avais justement discuté avec mes deux cadets avant de ramener Numéobis à la sous-préfecture. J'ai saisi mon portable pour envoyer un message Ouatsape au 524 7000 (avec quelques chiffres devant en plus, mais je connais ce numéro depuis mon enfance), et j'ai mis mon plat au four.
Quelques minutes plus tard, mon téléphone a sonné, affichant un numéro privé.
A priori donc, ce n'était pas Clara Vivaldi (son numéro commence par 01); mais je supposais tout de même un importun que je n'aurais pas de mal à moucher.
Que neni, bien sûr, vous l'avez compris, c'était un standardiste de l'émission qui me rappelait, parce que mon témoignage les intéressait, et est-ce que j'étais d'accord pour passer à l'antenne?
Heu... L'hésitation était réelle, mon petit coeur commençait déjà à s'emballer, mais j'ai répondu oui quand même. Alors Pierre (?) m'a dit qu'il allait me passer un technicien, et j'ai entendu un grésillement, et puis la radio dans mon téléphone.
Je crois que j'avais déjà entendu la radio dans mon téléphone, un samedi après-midi, quand j'avais donné la réponse à une devinette, il y a longtemps.
Bref, mon coeur commençait à battre la chamade, je me suis dit qu'il fallait que j'éteigne mon radio-réveil pour éviter l'effet d'écho, et j'ai suivi autant que possible le débat. Le technicien m'a demandé si j'entendais bien la radio, si j'étais sur un fixe ou un portable, si j'avais bien éteint mon poste, et m'a recommandé de bien garder mon téléphone à l'oreille et de ne pas mettre le haut-parleur (il y a toujours des gens qui attendent en mettant le haut-parleur, il se passe quelques secondes avant qu'ils ne reprennent leur téléphone quand c'est leur tour, et on entend la radio en écho derrière).
Je ne sais pas combien de mois d'espérance de vie j'ai perdu dans cette affaire, mais mon taux de cortisol ne cessait de grimper, et quand j'ai entendu Fabienne S. dire qu'elle allait repasser au standard, je me suis demandé si j'allais réussir à parler. J'ai causé dans le poste, et l'animatrice m'a relancée (ah non, pitié, quelle torture!); j'ai eu l'impression de bafouiller dans ma réponse, et j'ai été bien contente quand le technicien, au bout de quelques minutes, m'a remerciée et dit que je pouvais raccrocher.
Manger a été un peu diffcile, tant je tremblais, après cette minute de gloire (inter)nationale. J'ai été chercher le son de l'émission sur la toile, et je me suis rassurée: mon trac est peu audible. En fait, je me rends compte que beaucoup d'auditeur·rices qui passent doivent être aussi ému·es que moi, ils et elles ont les mêmes hésitations dans leurs phrases. Alors qu'il s'agit juste d'une conversation téléphonique, et que tous les interlocuteur·rices qui m'ont parlé étaient très aimables.
Libellés : enfants, psyché, service public
La rentrée en mode Amélie Poulain
(2 septembre)
Pendant les vacances, Numérobis, qui aime beaucoup le cinéma, m'avait interrogée sur la vraisemblance de cette scène de film. Ce qui le surprenait, surtout, c'était qu'on ait pu appeler les cabines téléphoniques.
Et bien figurez-vous que la réalité dépasse parfois la fiction, ce que je n'ai pas manqué de raconter à mon fils.
Une collègue bienveillante était en train de me faire visiter le nouvel établissement dans lequel j'effectue un complément de service. Nous pénétrons dans une salle où se trouvent des armoires de rangement et un espace pour prendre un thé ou travailler sans descendre en salle des professeurs. Un collègue est au téléphone, et répète ce qu'on est en train de lui demander.
"La nouvelle prof d'allemand? Mme B. ?"
Je fais signe que c'est bien moi.
"C'est pour toi", me dit-il en me passant le combiné.
A l'autre bout du fil, quelqu'un qui a eu l'intuition qu'il pourrait me trouver là et qui a besoin de me parler pour établir mes codes de connexion au réseau pédagogique. Quelle chance!
[Certain·es collègues TZR, qui changent d'affectation tous les ans, sont toujours étonné·es quand je leur dit que mes identifiants de connexion ne sont jamais les mêmes d'un établissement à l'autre; car il semblerait qu'il y ait des priviligié·es qui ont des codes fonctionnant sur tous les ordinateurs de l'académie. Ce n'est pas mon cas.]
Libellés : école, humeur