Un texte sans trou

 (07 octobre)

Notre tout nouveau ministre a décidé de (re)donner une part importante à l'écrit. Quand on voit certaines productions d'élèves, même au lycée ("Je ne c'est pas si" vous allez comprendre), ou qu'on lit les résultats des "tests de positionnement" à l'entrée en seconde, on se dit qu'il a raison, et qu'il faut faire quelque chose.

Mais supprimer les textes à trous?

Il y a, dans les manuels que j'utilise, un certain nombre d'exercices à trous. Les élèves doivent placer le bon mot au bon endroit, cela permet de vérifier l'acquisition du vocabulaire. Ou alors on leur demande de compléter juste un pronom relatif; parce qu'ils auraient trop de difficultés, dans un premier temps, à écrire une relative en entier (ceci à cause de leur faiblesse en grammaire, dans leur langue maternelle, qui les empêche de comprendre les subtilités d'une grammaire étrangère). Evidemment, le texte à trous est plus facile qu'un exercice dans lequel il faut tout réécrire. Et je suis la première à pester quand mes élèves, au moment de compléter des déterminants, ne copient sur leur cahier que lesdits articles, lesquels n'ont aucun sens sans le nom qu'ils déterminent (et dont la fonction au sein de la phrase est également importante). Une solution est d'exiger qu'ils recopient tout le texte du manuel, en complétant les trous au passage.

Mais il ne s'agit pas de cela. Il s'agit, pour le ministre, de demander à tous les élèves (du primaire) d'écrire des paragraphes entiers, au lieu de se contenter de compléter des photocopies avec les mots importants. Cela ferait sans doute plus de sens. (On économiserait du papier.) Et il faudrait aussi consacrer plus de temps aux leçons. Mais surtout, cela serait très discriminant pour tous les élèves présentant des difficultés d'apprentissage. Les dyspraxiques, dyslexiques et dysorthographiques seraient d'autant plus pénalisés que beaucoup d'entre eux ne reçoivent pas le soutien d'un·e AESH (on parle de la grève de ces personnels?). A l'heure où on se vante de pratiquer l'inclusion scolaire, l'abolition pure et simple des textes à trous est une abérration.

Quand il confondait les consonnes sourdes et sonores, et même après avoir arrêté les séances d'orthophonie, le P'tit Mousse a bénéficié de l'aménagement par textes à trous. La maîtresse, en CM, avait plusieurs niveaux de dictée pour permettre à chacun d'être en réussite. Le niveau le plus bas était le texte à trous. C'est une pratique pédagogique qui a du sens.

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6 Commentaires:

At 3:07 PM, Blogger Mme Chapeau a bien voulu donner son avis...

Je n'écrirai plus jamais ici que je n'ai pas tout compris. Et dire que ce ministre porte le prénom d'un ange.
Un petit Julos pour vous remonter le moral?
https://www.youtube.com/watch?v=3N5bwshWLm0

 
At 3:44 PM, Anonymous Dr. CaSo a bien voulu donner son avis...

Ce sont des problèmes intéressants et pas faciles à résoudre. Ici, avec l'avènement de l'IA générative, il y a des profs qui ne font plus que du travail en classe, au crayon/stylo/papier, et ça crée aussi autant de problèmes que ça n'en résout, parce que justement, certains étudiants n'ont jamais écrit "manuscriptement" et/ou on les difficultés que tu cites. "L'inclusion scolaire" prend du temps, de la réflexion, et beaucoup d'argent et personne ne nous offre ça, ni aux profs ni aux élèves/étudiants.

 
At 5:30 PM, Anonymous Béatrice a bien voulu donner son avis...

Des effets d'annonces bien populistes ...ça m'énerve encore beaucoup ...
Je ne sais pas qui conseille ce monsieur, mais "Peut mieux faire" !
Belle soirée tout de même ;-)

 
At 8:35 PM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Béatrice, oui, sans doute, on peut compter sur les enseignants pour que cette nouvelle prescription ne soit pas appliquée ;)
Dr CaSo et Mme Chapeau (qui a bien le droit de ne pas comprendre, de temps en temps; et merci pour le lien), ce ministre, comme bien d'autres, a évidemment été un bon élève, dans une école priviligiée, et n'imagine pas les difficultés que peuvent rencontrer certains enfants.

 
At 9:24 PM, Blogger Tili a bien voulu donner son avis...

Hello à tous,
Les textes à trous faisant partie de l'aménagement des enfants avec des troubles des apprentissages, ce n'est pas applicable de les "interdire".
Les limiter et redonner sa place à la lecture - écriture est sans doute souhaitable mais sans changement sociétal va forcément augmenter les inégalités.
Hélas, aujourd'hui l'équation semble quasiment insoluble.

 
At 9:57 PM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Tili, est-ce une équation à trou? Les inégalités sont déjà flagrantes en maternelle...

 

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