Le 18 juin au matin, Granit n'est pas venue manger ses croquettes.
En fait, elle n'est pas rentrée après sa virée nocturne.
Nous avons été voir les voisins, ils ne l'ont pas vue.
J'ai appelé le vétérinaire, le centre des puces électroniques et signalé la disparition sur la toile mondiale. On m'a demandé sa couleur, et j'étais bien embêtée, parce que, si sur son carnet de santé il est écrit "écaille de tortue", les voisins l'appellent "la petite chatte grise".
A la fourrière, on m'a dit que la première chose qu'ils faisaient, quand ils récupéraient un animal "vivant ou mort", c'était de regarder s'il était identifié. Au moins, personne n'a rapporté le cadavre de Granit écrasé sur la route.
Mais nous ne la reverrons probablement pas. A la campagne, les chats disparaissent parfois sans laisser de trace. Un renard? Un aliment empoisonné?
Pirate, le chat des voisins, est venu renifler à la porte, comme s'il cherchait sa compagne de jeux.
Je n'ai pas mis d'affichette dans les "commerces de proximité", ni à aucun des deux feux rouges du bourg. Tout ça est à plus de 5km, et il paraît qu'un chat va rarement à plus de 200 ou 300m de chez lui.
En attendant le Tour, les voisins nous ont demandé si nous avions retrouvé Granit, mais elle n'est pas revenue.
Dès le début de l'année, nous avons su que le Tour de France passait sur la commune. Comme il était passé en limite Nord de cette même commune il y a deux ou trois ans, nous n'avons pas fait trop attention.
Et puis, dans le journal d'information de l'agglomération du mois d'avril, sont parus des prévisions horaires qui laissaient peu de doute: entre Watterloo et Bel Air, la première étape allait forcément passer (pratiquement) devant chez nous.
Mais il était compliqué d'avoir des informations. En dehors de l'horaire prévisible du passage et d'une probable interdiction de stationner (même en campagne?) sur le trajet, ce n'était pas très clair. Le site du Tour, du point de vue des informations utiles aux riverains, est plutôt muet. Je n'y ai trouvé aucune mention sur les restrictions de circulation pourtant prévisibles.
Premier indice tangible d'un passage imminent de cyclistes: les travaux sur "la vieille route". Elle a été partiellement refaite, mais elle reste quand même assez mauvaise.
Ensuite, nous avons eu dans nos boîtes aux lettres un petit dépliant de la mairie indiquant que la circulation serait interdite sur tout le parcours entre 11h45 et 15h15, et que le stationnement serait interdit à partir de la veille au soir (20h). un certain nombre de rues, au bourg, étaient également concernées par des restrictions, et le dépliant indiquait les différentes possibilités pour se garer le jour J.
Quant à moi, je commençai à trouver étrange que l'herbe ne soit toujours pas fauchée sur le bord la route. Et je n'ai pas tout de suite compris pourquoi, dans un premier temps, seules les intersections avaient été dégagées.
Mais c'est parce qu'une partie d'entre elles a reçu ce genre de panneau:
A partir de là, il a été clair que nous aurions du mal à circuler, et qu'il valait mieux renoncer à emmener le Pirate à la voile. D'autant qu'il y a une autre zone du parcours sur le trajet, comme K. l'a constaté en voyant des panneaux et une équipe qui s'entraînait.
Les indications se sont multipliées sur les routes principales, nous avions l'impression d'être cernés...
Mais il n'y avait toujours rien sur les voies secondaires.
Et puis l'herbe a été fauchée, et sont enfin apparu ces panneaux sur les petites routes:
Et donc, dix jours avant la première étape, le trajet était balisé, l'herbe fauchée sur les bas-côtés, et les intersections prêtes à être interdites:
Chez nous, la "rue" finit en cul de sac, et il n'y a qu'une ferme et six ou sept habitations, donc nous n'avons pas droit au panneau jaune, mais notre barrière était quand même prête.
Aucun doute sur sa fonction à venir:
Le Pirate a suggéré qu'on la place en travers de la départementale, pour faire une farce... Avec les plots pour bloquer l'intersection suivante, on pourrait détourner le trafic et perdre des automobilistes.
Et avouez que notre barrière en plastique a quand même plus d'allure que celles qu'on trouve plus près du bourg et au centre-ville (derrière lesquelles le public pourra certes s'appuyer):
Le samedi précédant la course, j'ai constaté qu'un nouveau panneau indiquait la fermeture d'une partie de la voie express, et que certaines bretelles de sorties seraient fermées (normal, elles débouchent directement sur le tracé). Mais je ne me suis pas arrêtée pour prendre de photo...
Le lundi, en sortant du bourg, j'ai remarqué plein de signaux destinés d'une part à empêcher le stationnement, d'autre part à interdire l'accès aux piétons.
Le truc le plus dangereux que j'aie vu à cet endroit jusqu'ici, c'est un troupeau de vache qui courrait vers son pré.
Vendredi soir, en voyant "zone interdite au public" en plus à cet endroit, je me suis demandé de quoi il pouvait bien s'agir. Une pause pipi collective à l'abri des hauts arbres? Le ravito? Réponse ce matin (il y avait déjà du monde deux heures avnt, et des gendarmes partout, donc j'ai préféré ne pas m'arrêter pour prendre des photos): c'est bien la zone ravitaillement, suivie d'une zone de ramassage des déchets.
Flourig n'ayant plus de cachet contre sa (légère) hypertension, je suis allée, de bon matin, chez le vétérinaire. Il était un peu tôt, le cabinet n'était pas encore ouvert.
Mais il serait faux de dire qu'il n'y avait pas un chat.
Quand quelqu'un a amené Pompon au cabinet, il y a un an et demi environ, c'était un petit chaton abandonné. Personne n'étant venu le réclamer (ni l'adopter), les vétérnaires et les secrétaires ont continué à s'en occuper, et Pompon vit là comme un coq en pâte...
Avec les collègues, nous avons décidé de fêter la fin de l'année (enfin, presque) en plein-air, du côté de l'Ïle Tudy. Ce n'est plus une île depuis longtemps, et il y a là un circuit de randonnée qui se parcourt en deux heures, si l'on marche d'un bon pas.
Au départ de la plage (il y avait moyen de se garer à l'ombre, mais je ne l'ai vu qu'à l'arrivée), ce circuit suit le bourg, traverse la pointe et revient vers la plage.
Il est très bien balisé et parfaitement aménagé pour qu'on ne se mouille pas les pieds dans les quelques passages en sous-bois (enfin, je dis ça, je suis passée en début de semaine, il faisait un soleil magnifique et il n'avait pas plu depuis quelques temps).
Autre particularité: il y a trois blocs sanitaires sur le parcours. Je n'avais encore jamais vu autant de toilettes sur un circuite de randonnée!
On peut peut-être juste regretter de ne voir correctement le Sillon que depuis le bord de la route. Le chemin passe ensuite un peu loin. C'est probablement mieux pour ne pas déranger les oiseaux. De toute façon, quand je suis arrivée, il faisait manifestement déjà trop jour ou trop chaud pour eux.
En arrivant là, j'ai enlevé mes chaussures pour marcher dans le sable, qui n'était pas encore trop chaud.
Mais j'ai dû les remettre pour passer la pointe, au bourg.
Le phare de la Perdrix, avec son damier.
Il semblerait que ce soit une habitude locale de faire sécher son linge au plus près de la mer. Les jardins sont trop petits. Mais il est tout de même un peu étrange de suspendre ses habits à l'extrémité d'un parking.
C'était jour de marché, et si j'avais su que j'étais si près de la plage et du bout du circuit, j'aurais pris des fraises. Il y avait même des framboises!
Au bord de la longue plage, un bel espace aménagé avec des tables de pique-nique sous les pins (fraîcheur Saint-Marc...).
Les élèves de terminale, pour éviter de se contaminer avant l'épreuve de philo, sont priés de rester chez eux. Les élèves de première, qui n'ont pas intérêt à être cas contact le jour de l'écrit, itou. Par conséquent, je leur ai dit au revoir, voire adieu. Même s'il est probable que j'en reverrai une partie jeudi prochain, puisque tout le monde va être mobilisé pour la surveillance des épreuves.
Une élève de terminale est venue me voir à la fin de son dernier cours avec ceci
pour me remercier de ces trois ans passés ensemble. Les cadeaux sont suffisamment rares pour m'émouvoir à chaque fois.
Les élèves de seconde, du fait de l'absence des autres niveaux, viennent de nouveau en classe entière. Ca risque de ne pas durer très longtemps. Car, si les emplois du temps sont conservés jusqu'au 4 juillet, les collègues de français sont convoqués pour le bac, les conseils de classe sont passés, et certains se demandaient déjà qui serait de retour après le 17 juin. D'autant que les convocations encore à venir font transformer certains emplois du temps en Gruyère.
Mais la véritable nouvelle, qui aurait pu passer dans le journal à la rubrique fait divers, c'est lui:
Est-ce que vous le voyez?
Un peu au-dessus de la fourche supérieure, vert comme le feuillage...
Un perroquet s'est enfui de chez lui et a trouvé refuge dans un arbre du lycée lundi soir.
Mardi, sa propriétaire a fait tout son possible pour le récupérer. Lui faisait un boucan d'enfer, il m'a fait penser au Cracoucas des Schtroumphs. Mais il a refusé de descendre.
Hier matin, quand je suis arrivée au lycée, j'ai compris que l'oiseau était toujours dans les parages,
mais je n'ai pas réussi à l'apercevoir.
Et ce matin, la cage n'était plus là. le perroquet a dû (enfin) rentrer chez lui.
C'est vrai, c'est une bonne question, ça, comment vont les chats? Je remercie Nathalie de l'avoir posée.
Et donc, les chats vont bien.
Granit a développé une technique subtile pour passer la nuit avec moi. Elle monte dans la chambre, de préférence quand je n'y suis pas, et elle se cache. Parfois, je l'entends monter, alors je la cherche. Mais comme je ne la trouve pas tojours, il arrive que je me couche en laissant la porte ouverte, pour qu'elle puisse sortir. Sinon, elle vient se coucher sur le lit, et c'est vers 5 heures du matin qu'elle commence à faire un peu de rafut pour sortir.
A part ça, elle aime toujours autant jouer dans les escaliers, manger du carton et courir après les ficelles. Elle doit s'ennuyer un peu dans la journée, parce qu'elle vient toujours dire bonjour quand je rentre du lycée.
Flourig ne veut toujours pas jouer avec elle (c'est bien trop fatigant). Pourtant, elle est relativement en forme. Elle dort un peu moins et depuis qu'il fait beau, elle est retournée dehors. Oh, elle ne s'éloigne guère à plus de deux mètres de la maison, mais il lui arrive parfois même de sortir par la chatière, alors qu'elle déteste cet engin. Ce qu'elle aime, c'est qu'on lui ouvre la porte de la cuisine, avec le seuil en granit pierre chauffé par le soleil; de temps en temps, elle descend quelques marches de l'escalier extérieur pour chauffer ses vieux os. Et elle monte et descend de nouveau les escaliers intérieurs pour réclamer des câlins.
A dire vrai, je lis rarement les mails syndicaux qui inondent ma boîte académique. Mais, sur l'avis d'un collègue, j'en ai ouvert un qui m'a mené à article se terminant par ces paragraphes:
"Ces temps-ci, les professeurs évoluent au milieu d’une véritable
hostilité institutionnelle. Ils ont été méprisés par une série de
réformes successives : celle de l’école par le ministre Peillon, celle
du collège par le ministre Vallaud-Belkacem, celle du lycée par le
ministre Blanquer, celles de la fonction publique par les ministres
Lebranchu, Girardin et Darmanin, celles des retraites par les ministres
Fillon et Philippe.
Bousculés, en constante adaptation dans un cadre général que l’Etat
ne cesse de transformer, surchargés de travail au nom de nouvelles
missions sans cesse ajoutées aux obligations de service, méprisés par
une hiérarchie administrative qui n’écoute aucun argument et humilie
leurs représentations syndicales, nombre de professeurs sont aujourd’hui
désorientés.
Ils sont même désavoués par des experts infatués et pédants dont
Molière et Aristophane n’auraient fait qu’un vers, mais qui leurs sont
opposés contre toute logique, en dépit du plus élémentaire bon sens, à
rebours d’évidences flagrantes.
La fonction publique française est victime de maltraitance : police,
hôpital, justice, services de secours, école sont lentement dégradés par
le pouvoir politique jusqu’à l’épuisement des personnels qui tombent
malades, au point de se suicider.
La perversité du pouvoir politique parait avérée : publiquement, il
vante les qualités de la fonction publique, mais la martyrise
régulièrement dans l’intimité feutrée des ministères et des
administrations. Le nom de cette violence faite aux agents de la
fonction publique : le management.
Le pouvoir politique tord la réalité sans vergogne lorsqu’il
s’exprime dans les médias : il le fait pour accéder au pouvoir, puis le
fait encore afin de se maintenir au pouvoir. Plus personne ne semble
écouter ceux qui font leur métier, et le connaissent mieux que
quiconque.
Sourd aux propos des professeurs qui constituent l’école, le dernier
ministre de l’Éducation Nationale en date évoque publiquement « sa
confiance » en eux. Ainsi, il ne peut plus causer que stupeur et
écœurement, repli ou violence en ceux qui supportent « à l’intérieur »
les conséquences de ses décisions."
Vous pouvez retrouver cet article à propos de la souffrance au travail sur le site d'Action et Démocratie, avec un deuxième volet ici. Je vous passe le troisième volet sur le rôle des syndicats...
C'est la fin de l'année. Avec l'alternance des cours, certains élèves de terminale m'ont déjà dit au revoir. Alors je m'autorise à passer un film pendant les dernières de cours.
Comme nous avons parlé de Thomas Mann, de Bertolt Brecht et d'écrivains contraints à l'exil, j'ai choisi le film sur la fin de la vie de Stefan Zweig. On y entend des tas de langues: portugais, français, allemand, anglais, espagnol...
La scène du suicide n'est pas montrée, on voit à peine les corps dans un miroir. Tout le monde parle d'empoisonnement. Et puis, un proche de Zweig va vers le lit et, hors champ, commence à réciter le kaddish.
Et là, paf! les larmes me montent aux yeux.
Pourquoi? Je ne suis pas juive, je n'ai jamais entendu cette prière que dans des films. Est-ce justement pour ça? Parce que la plupart des films où on entend la prière des morts (ou n'importe quelle prière en hébreu) ont a voir avec l'holocauste?
Ou bien ai-je juste trouvé émouvant que quelq'un se souvienne de cette prière, en plein milieu du Brésil?
Prof d'allemand et maman d'un Pirate et d'un Numérobis majeurs et vaccinés, ainsi que d'un P'tit Mousse de 14 ans. Et n'oublions pas Monsieur Gribouille le chat!