Le truc du mardi: on s'en serait bien passé

 (8 juillet)

La semaine dernière, le lundi après-midi, je suis allée au cinéma pour me remettre des délibérations du bac. Ils donnaient Le Bourgeois gentilhomme, filmé à la Comédie Française. Une adaptation modernisée et dans laquelle on devait pouvoir reconnaître les airs de Lully malgré une transposition balkanique. La Marche pour la Cérémonie des Turcs (la BO de Tous les matins du monde) à l'accordéon, c'est amusant. Mais le Menuet (Acte II, scène 1) a été totalement défiguré. Je connais l'air, et là, par exemple, je le reconnais tellement bien que je peux le chanter, ce qui me confirme que le texte aussi a été modifié, puisqu'il n'est plus question de "en cadence s'il vous plaît" ni de "haussez la tête, tournez la pointe du pied en dehors, lala redressez votre corps" (merci Mme Saouter). Bon, la version moderne de la danse est sympathique quand même.

C'est en sortant du cinéma que les choses ont commencé à se gâter. D'abord, il y avait ce message de la prof de danse, qui transmettait l'information de S (qui donc, bien sûr, avait le Covid). J'avais fait un auto-test la veille au soir, espérant secrètement me dispenser des délibérations du bac. Mon test était négatif. Celui que j'ai fait jeudi matin aussi. Il semblerait que je sois résistante à ce virus. Croisons les doigts.

Du cinéma, je suis remontée au lycée à pied (l'aller-retour permet de faire 10 000 pas, surtout si on traîne un peu en ville) pour le CA, auquel j'ai assisté masquée, pour ne risquer de contaminer personne. Pour une raison que je ne m'explique pas, j'ai gardé mon téléphone (en mode silencieux) sur la table, et je l'ai consulté de temps à autre. Jusqu'au moment ou un message du père de mes enfants m'a obligée à le cosnulter plus souvent. Le P'tit Mousse était aux urgences pour une entaille au doigt.

Je vous passe les détails de l'accident, je n'y étais pas. Disons qu'il s'est fait agresser par un taille haie (et non taille hait comme l'a écrit l'interne, ou bien est-ce que c'est l'ordinateur qui a mal retranscrit sous la dictée?), qu'heureusement il avait des gants, et qu'ils ont passé la soirée à attendre que l'unique interne de garde puisse jeter un oeil au "troisième doigt de la main gauche" avant de leur dire de repasser le lendemain matin aux urgences pédiatriques.

Le lendemain matin, le P'tit Mousse a été installé dans une chambre, et son père m'a appelée, parce qu'il fallait mon autorisation. Est-ce qu'il me dictait quoi écrire, ou est-ce que je pouvais passer? Je n'avais rien de prévu, donc j'y suis allée, d'autant que j'avais compris que, forcément, une autorisation, ça voulait dire une intervention chirurgicale. On ne demande quand même pas l'autorisation des deux parents pour faire des points. J'ai pensé à prendre un masque, et mon passe sanitaire pour rentrer dans l'hôpital, et aussi le carnet de santé, pour la date du dernier rappel du tétanos. Mon fils se souvenait qu'il l'avait fait l'année dernière, on lui avait vendu le truc comme son dernier vaccin avant ses 25 ans, mais entre-temps celui contre le coronavirus a été étendu aux plus jeunes. Comme le P'tit Mousse ne l'a pas reçu, il n'a pas de passe vaccinal, et on l'a testé: il était négatif. Est-ce que, sinon, on ne l'aurait pas opéré? Je préfère ne pas le savoir.

La chambre du P'tit Mousse était bien située, avec vue sur l'entrée de l'hôpital; on pouvait observer les gens qui arrivaient à pied, à vélo ou en fauteuil (en dévalant la pente à toute vitesse), ceux qui venaient en voiture ou en taxi, les ambulances qui se signalaient par une sirène au feu et avaient du mal à monter la rampe jusqu'aux urgences, à cause de la courbe, les papas qui arrivaient avec un maxi-cosy vide, "pour kidnapper un bébé" a dit le P'tit Mousse, les bus de la ligne A qui passaient à une cadence plus régulière dans une direction que dans l'autre. Les infirmères étaient très gentilles aussi, le chirurgien qui est passé voir le doigt un peu moins (il a pris une photo, décidément il doit y avoir des albums entiers de doigts avant / après), mais personne ne pouvait nous dire quand on allait "explorer" la plaie.

Le jeune patient a fini par s'assoupir. L'infirmière m'a conseillé d'aller chercher de la lecture au "salon des ados", une chambre avec des étagères pleines de BD, de livres, de jeux, et même un baby foot auquel un jeune garçon sous perfusion jouait avec une jeune fille. Au retour, j'ai failli rater la chambre, parce que la porte était ouverte; les brancardiers étaient déjà là. J'ai été surprise quand ils m'ont dit que je devais descendre avec eux. Je ne sais pas si c'est parce qu'ils n'ont aucun rôle de soin, mais les brancardiers ont toujours de l'humour. Nous avons pris l'ascenseur, et le P'tit Mousse était épaté de rentrer avec son lit dans un ascenceur, et puis nous sommes arrivés à la salle d'attente du bloc par un chemin que j'avais déjà emprunté.

Il y avait déjà là un jeune homme avec sa maman, et puis un adulte est arrivé dans son lit, et puis, après le départ du premier jeune homme, un autre a pris sa place, dans la même tenue de bloc. Celui-là était prêt à dire qu'il pesait 49kg, sa mère a rectifié avec horreur qu'il en faisait 10 de moins, ce serait dommage de l'assommer avec les anesthésiques. Une anesthésiste est venue voir le P'tit Mousse et poser les questions d'usage, en disant "il" comme si elle s'adressait à moi seule, mais il était capable de répondre à la plupart des questions. Elle m'a dit qu'elle ne savait pas quand il pourrait passer, que je pouvais aller manger et qu'ils m'appelleraient quand ce serait fini.

J'ai attendu encore un gros quart d'heure, l'aide-soignante qui s'occupait de l'accueil des patients a apporté de la lecture à mon petit blessé, et puis je l'ai abandonné. Il a dû attendre longtemps, parce que son père, qui en avait assez de patienter, est retourné dans sa chambre et ne l'a vu remonter que vers 18h30. Il est resté là encore trois bonnes heures, à attendre que l'effet des narcotiques se dissipe et que le chirurgien (qui a dû avoir une sacrée journée) passe le voir. Ils sont ressortis avec des tas d'ordonnances (nous avons demandé des doubles), et le carnet de santé rempli.

Jeudi, j'ai assisté au premier pansement (parce que je devais fournir la carte vitale). Il y a six ou sept points à retirer dans 15 jours. Il y a aussi de la rééducation, on a commencé vendredi (ça aide d'avoir un kiné pour le grand frère, on devrait prendre une carte de fidélité), et une attelle (le père s'en est occupé dès jeudi). Un tendon est touché, le nerf aussi. Le P'tit Mousse est interdit de sport et de baignade pendant 6 semaines, ça va limiter les activités pour les vacances. Heureusement, il est droitier et il aime lire...

Et je tire mon chapeau aux personnels de l'hôpital public, qui, malgré les tensions et le nombre réduit de soignants par apport à l'abondance de patients, restent souriants, disponibles, rassurants et à l'écoute.

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8 Commentaires:

At 1:58 PM, Anonymous Dr. CaSo a bien voulu donner son avis...

Oh la la, pauvre P'tit Mousse alors!!! J'espère que tout se passera bien et qu'il retrouvera son doigt et son nerf et son tendon au complet rapidement :) Bon courage pour l'été, j'ai passé plein d'étés avec des plâtres sur les jambes alors je comprends les complications. Heureusement que moi aussi j'aimais lire :) Gros bisou au grand blessé!

 
At 2:19 PM, Blogger Mme Chapeau a bien voulu donner son avis...

Comme le Dr CaSo, j'espère que votre courageux garçon récupèrera rapidement l'usage du troisième doigt de la main gauche. Courage à vous tous.

 
At 10:39 PM, Blogger Bleck a bien voulu donner son avis...

Eh bien décidément dans l'univers "je connais des gens autour des blogs" ça craint pour les doigts !!
Allez, je souhaite à ton petit bonhomme de se remettre au plus vite et de ne pas avoir mal, et en effet vivent les soignants.

Bleck

 
At 8:21 AM, Anonymous Anonyme a bien voulu donner son avis...

En effet, c'est le genre d'événement dont on se passerait bien.
J'espère que tout va bien se remettre en ordre rapidement. Bon courage à p'tit Mousse et sa maman.

 
At 8:21 AM, Anonymous Anonyme a bien voulu donner son avis...

De la part de wam

 
At 11:09 AM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Merci pour vos gentils messages. Le P'tit Mousse est "vaillant", comme on dit au Québec. Il se débrouille comme un chef manchot avec son attelle façon Chistera en plastique...

 
At 9:20 AM, Anonymous Béatrice a bien voulu donner son avis...

J'arrive bien tard avec mes voeux de bon rétablissement, j'espère que tout va bien <3

 
At 5:30 PM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Il n'est jamais trop tard, le P'tit Mousse va bien, mais il en a encore pour un moment.

 

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