Rationnement

(4 décembre, Sainte Barbe, patronne des pompiers et des mineurs)

Vendredi, j'ai entendu dire que des queues commençaient à se former aux stations services, parce que les professionnels du BTP avaient bloqué les dépôts de carburants. Et le soir, je n'ai pas été surprise de constater que ça bouchonnait dès le rond-point avant le rond-point d'Intermarket. Les gens ont toujours peur de manquer et font des provisions, y compris pour leur camping-car. Comme si c'était la saison pour partir en vadrouille.
Ma philosophie à moi est différente: je n'avais pas précisément besoin de faire le plein, pas du tout envie de faire la queue, et donc, j'ai passé mon chemin. Il me semblait que je pouvais tenir jusqu'à aujourd'hui avec le contenu de mon réservoir. J'ai tenté de limiter un peu les déplacements, mais il a bien fallu aller chercher le Pirate à la voile et l'emmener à la gare. Ce qui m'a permis de passer devant deux stations qui n'avaient plus de gasoil.
Lundi, ma voiture a commencé à réclamer du carburant, mais un grand calicot devant la station précisait qu'il n'y avait plus rien.


Mardi matin, la jauge indiquait encore une soixantaine de kilomètres à parcourir. De quoi tenir jusqu'au soir? J'ai conduis le P'tit Mousse à l'école, et suis partie pour le lycée. C'est dans une grande côte que la jauge est passé aux fatidiques trois tirets: il me restait mois de 25 kilomètres de carburant. J'en ai encore fait 5 jusqu'au lycée. Et là, je me suis dit que je n'aurais jamais assez de gasoil pour retourner à l'école puis rentrer à la maison. Même rentrer directement chez moi était périlleux (j'ai vérifié: il y a 19 kilomètres). A midi, comme le débloquage des dépôts était encore sans effet, j'ai appelé K. à l'aide.
La voiture a dormi sur le parking du lycée. Je suis retournée la chercher cet après-midi, ce qui m'a permis de marcher un peu par ce beau froid sec. Il y avait bien de l'essence à K-rouf, mais il m'a fallu faire une bonne demie-heure de queue. Avec des gens pas doués et des andouilles qui klaxonnent, comme si ça pouvait arranger les choses. Et surtout, c'est la première fois de ma vie que je ne peux prendre qu'un montant défini de carburant. (Entendons-nous bien: je trouve ce rationnement tout à fait normal, et 30 euros, franchement, c'est largement suffisant pour tenir jusqu'à lundi, quand les choses iront sûrement mieux.)
Comment ferons-nous, le jour où l'énergie fossile viendra vraiment à manquer?

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