Y arrivera-t-on?

(13 novembre)

Au lendemain du premier repas végétarien à la cantine du P'tit Mousse ("C'était pas bon."), j'ai envie de vous faire part de cette découverte, dans un roman d'anticipation de Barjavel sur lequel je suis tombée par hasard à la médiathèque.
L'action se passe en 2052.
"L'élevage, cette horreur, avait également disparu. Elever, chérir des bêtes pour les livrer ensuite au couteau du boucher, c'étaient bien là des moeurs dignes des barbares du XXe siècle. Le 'bétail' n'existait plus. La viande était 'cultivée' sous la direction de chimistes spécialistes et selon les méthodes, mises au point et industrialisées, du génial précurseur Carrel, dont l'immortel coeur de poulet vivait encore au Musée de la Société protectrice des animaux. Le produit de cette fabrication était une viande parfaite, tendre, sans tendons, ni peaux ni graisses, et d'une viande variété de goûts."
Quelques chapitres plus loin, on apprend qu'il existe le même genre de poisson, évidemment sans arrête, et que les pêcheurs rejettent tout à l'eau, parce que les poissons plein d'arrêtes n'ont plus aucun intérêt. La pêche est juste un loisir. Et la ménagère du XXIe siècle ignore qu'il faut plumer et vider une poule avant de la faire cuire. Il faut dire que le passage sur la viande cultivée se poursuit ainsi:
"Non seulement l'industrie offrait au consommateur des viandes au goût de boeuf, de veau, de chevreuil, de faisan, de pigeon, de chardonneret, d'antilope, de girafe, de pied d'éléphant, d'ours, de chamois, de lapin, d'oie, de poulet, de lion et de mille autres variétés, servies en tranches épaisses et saignantes à souhait, mais encore des firmes spécialisées, à l'avant-garde de la gastronomie, produisaient des viandes extraordinaires qui, cuites à l'eau ou grillées, sans autre addition qu'une pincée de sel, rappelaient par leur saveur et leur fumet les préparations les plus fameuses de la cuisine traditionnelle, depuis le simple boeuf miroton jusqu'au civet de lièvre à la royale."
Il y a aussi des viandes à goût de confiture, mais une "Association chrétienne des abstinents, qui avait pris pour devise: 'Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger', possédait sa propre usine. Afin de les aider à éviter le péché de gourmandise, elle y cultivait pour ses membres une viande sans goût."
René Barjavel a écrit Ravage en 1942, le roman a été publié l'année suivante, et je suis curieuse de voir comment il se termine.

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4 Commentaires:

At 3:25 PM, Anonymous Béatrice a bien voulu donner son avis...

Merci de cette découverte (je n'ai pas lu beaucoup de Barjavel il faut bien le dire).
Belle journée !

 
At 5:47 PM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Moi non plus, je n'avais rien lu de lui jusqu'ici, mais ce livre a éveillé ma curiosité.

 
At 9:34 PM, Anonymous Dr. CaSo a bien voulu donner son avis...

C'est marrant, je viens de lire un article sur la viande artificiellement "produite" justement, et qui expliquait que sa production était aussi mauvaise pour l'environnement que l'élevage intensif des animaux. Ton bouquin m'intrigue :)

 
At 12:18 PM, Blogger Pascale a bien voulu donner son avis...

Ravage est le seul Barjavel que j'avais lu, jusqu'à ce qu'une amie s'étonne que je ne connaisse pas "la nuit des temps" et me l'offre...
Ce qui m'a frappé en relisant Ravage est la misogynie du ton!!

 

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