Mexicano-porcine

(18 août)

Les Allemands ne s'embarrassent pas, ils appellent la grippe A "Schweinegrippe". Moi, j'aimerais bien "mexicaine", parce qu'on voit mieux le cousinage avec la grippe espagnole de 1918-19, elle aussi H1N1. Et ce cousinage, il m'ennuie un peu, rapport à mes bronches dilatées. Parce qu'une des caractéristiques des virus de ce type, c'est de s'attaquer particulièrement au système respiratoire, en pénétrant profondément les poumons. La plupart des cas de mortalité sont dus à des complications pulmonaires. Mes bronches étant particulièrement accueillantes, je me sens plutôt menacée.
Néanmoins, cette grippe est, dans la majorité des cas, bénigne, rappelons le. Rien ne sert donc de s'alarmer, de prévoir des plans d'éducation à distance en cas de fermeture générale des écoles. D'autant que je me demande bien comment un cours à la radio pourrait apprendre à lire à mon Pirate... Le ministre a cru rassurer les gens en disant que les fermetures se feraient plutôt au cas par cas, les préfets pouvant décider de fermer seulement une classe, ou bien une école, ou encore l'école et ses voisines (celles du même groupe scolaire? celles de la commune?) quand il y aura trois cas déclarés dans une même classe, la même semaine. Naturellement, il n'y aura pas de service de garde de substitution. Ce serait en effet complètement stupide de dire aux enfants de ne plus venir à l'école et de les regrouper ailleurs, le problème n'étant pas l'école, mais la collectivité (à ce propos, personne ne parle de la fermeture des crèches, qui seront pourtant certainement touchées, elles aussi).
Il faudra donc recourir à la "solidarité familiale". OK, Monsieur le Ministre, alors si je te redemande un poste en Bretagne pour me rapprocher de la famille, tu me le donnes, dis?
Parce que tu es bien gentil, Monsieur, mais pour que la solidarité familiale puisse s'exercer, il faut qu'un certain nombre de conditions soient remplies. La première étant évidemment d'avoir une famille. La seconde, c'est que les membres de cette famille soient disponibles. Ce qui veut dire: grand-mère ou tante au foyer, grands-parents retraités, ou toute personne au chômage. Disponible, mais en bonne santé. Enfin, la condition absolument nécessaire de l'entraide familiale est la proximité. Et là, tu vois, cher ministre, mon mari sera à 1300 km (de toute façon, il travaille), ses parents à un millier de km, et les miens à 700. Ca fait un peu loin. Et je ne suis pas un cas unique. Un couple de collègues présente exactement la même configuration: ils travaillent sur la Côte d'Azur, avec des parents en région parisienne et à Brest. Ils ont trois filles, dont deux scolarisées. Un autre couple, et un autre collègue, ont toute leur famille et belle-famille dans le Nord. Eux aussi ont des enfants en primaire. Les parents du petit L., camarade du Pirate, font garder leur fils par une nounou, le mercredi, non pas parce qu'ils sont riches, mais parce qu'ils n'y a pas de grand-parent disponible à proximité. Alors je ne vois pas comment nous pourrions faire garder nos enfants. A moins d'organiser des tours de garde, en espérant que le proviseur accepte de nous libérer chacun notre tour un jour par semaine pour garder nos enfants non malades...
Tout ça pour un virus de rien de tout. Soyons raisonnables, un peu!

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