Bronches dilatées

(5 février)

Avec un peu de retard, voici des nouvelles de mes expériences sur le système de santé et les différents examens qu'on peut passer.
Bon, radio, prise de sang, on a commencé par du classique.
Ensuite, il y eu le scanner. Un peu moins classique, même si les gens qui patientaient dans la salle d'attente ont passé leur scanner à peu près comme une radio, au fond. Juste un peu moins déshabillé. Car, personnellement, pour ma "tomodensitométrie thoracique", j'ai eu le droit de garder un t-shirt. Pas le soutif, évidemment, le laser pas plus que les rayons X n'aiment les agrafes métalliques ou les armatures.
Je m'attendais à passer dans un tube, mais il faut croire que mon image du scanner datait un peu. Celui-là était un anneau dans lequel le matelas (très confortable) glissait assez rapidement. La machine a dit trois fois, avec une voix d'homme: "Inspirez. Bloquez la respiration, ne bougez plus, ne respirez plus. Vous pouvez respirer normalement", et puis c'était fini.
Enfin, pas tout à fait fini, parce qu'il a fallu attendre l'avis du médecin. "Vous fumez?" Non! "Vous avez déjà eu des infections respiratoires, des épisodes de toux?" Non. et c'est là que ça cloche un peu, voyez-vous, car il paraît que j'ai les bronches dilatées, et que ça ne s'explique que par des infections à répétition, ou sans doute du tabagisme (mais même de manière passive, je ne suis plus exposée au tabac depuis une bonne dizaine d'années).
Le lendemain, mardi donc, avait lieu un examen un peu plus complexe, au doux nom d'endoscopie bronchique, ou broncoscopie. Prière d'arriver à jeûn à l'hôpital. J'avais oublié ma carte vitale, mais il faut croire qu'ils me connaissent, depuis la naissance de Numérobis, parce que la secrétaire a quand même réussi, rien qu'avec l'attestation, à sortir un papier avec toutes mes coordonnées. Munie de ce bon de circulation, je me suis rendue au sixième étage, où j'ai été accueillie par une charmante infirmière, installée sur un lit d'examen, cachée sous une chemise d'hôpital (on va peut-être enlever le pull, d'abord, hein, sinon je vais avoir trop chaud), branchée du doigt sur un appareil qui mesure le rythme cardiaque (autour de 74 BPM, c'est en dessous de la moyenne, qui doit être de 77, j'ai lu ça récemment quelque part) et la saturation en oxygène (autour de 100, je crois).
Après quoi, sans vérifier si j'avais une allergie, elle m'a mis le masque qui m'envoyait un mélange de salbutamol, de xilocaïne et d'un troisième truc dont je n'ai pas réussi à lire le nom sur l'affichette, afin d'anesthésier mes voies respiratoires. Ca a duré un bout de temps, pendant lequel je contemplais le poster représentant les images de bronches normales. On aurait dit des yeux, ou plus exactement la partie supérieure de têtes d'extra-terrestres (oui, l'anesthésie a des effets secondaires).
Le médecin est arrivé, s'est présenté comme le mari de sa femme (la pneumologue qui m'avait envoyée à lui), m'a dit qu'elle avait eu des résultats de labo, mais sans préciser lesquels (et a priori, quand le labo téléphone au médecin, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche) et a regardé le scanner. Après quoi il a expliqué à l'infirmière qu'il irait peut-être aussi "au contact".
Et puis, il a pris sa sonde. L'a introduite dans la narine droite. J'ai fermé les yeux. Apparemment, ça ne passait pas, il est ressorti pour passer par la narine gauche. Je me demande ce qui ce serait passé si ça avait bloqué de ce côté-là aussi. Mais non, il est descendu jusqu'à la glotte, dont l'un des rôles, est, je le rappelle, d'empêcher tout liquide ou solide de passer dans les poumons. Donc, même sous anesthésie, il a fallu forcer un peu le passage, ce qui n'était pas franchement agréable. Après quoi il m'a dit en rigolant que je pouvais rouvrir les yeux. Quand il est arrivé dans le poumon gauche, l'infirmière a dit "Han, mais elle est pleine!", admirant l'encombrement évoqué par les images de la radio et du scanner. Et oubliant aussi que "elle" était là et entendait tout.
C'est maintenant que vient la partie amusante de l'examen. D'abord, ils ont pompé un peu des mucosités qui m'encombraient ("c'est vert"). En fait, d'après ma pneumologue, son mari a même trouvé qu'il pompait beaucoup. Ensuite, l'infirmière a pris une seringue qui m'a parue énorme pour injecter, toujours via la sonde qui passait par mon nez (et sous mes yeux, donc) un peu de sérum physiologique. Oui, parfaitement, ils ont envoyé du liquide dans mon poumon. Mais ils l'ont aspiré aussitôt, enrichi de germes, pus et autres mucosités. En fait, l'infirmière a évoqué l'idée que ça me ferait du bien, et ça m'a effectivement dégagée. Surtout qu'il y a eu une deuxième injection. Et là, mon poumon s'est révolté, non mais oh ça va bien d'essayer de me noyer, là, je ne suis pas d'accord, et donc j'ai craché un peu. Le haricot sur mes genoux attendait juste ça, je l'avais repéré, l'infirmière m'a aidée à l'attraper et a aussi essuyé ma bouche, parce que bon, avec l'anesthésie, j'étais un peu comme chez le dentiste, la lèvre molle.
Et voilà, c'était fini, il n'y avait plus qu'à envoyer les prélèvement au laboratoire pour identifier enfin le responsable de cette pneumopathie. Mon rythme cardiaque était monté à 100 et la saturation en oxygène avait baissé à 80, il fallait attendre qu'elle remonte bien au-dessus de 90 pour pouvoir partir. Pendant ce temps, le médecin examinait les radios et dictait son compte rendu, tout bas en marmotant, comme si je ne devais pas entendre. C'est drôle, mon chirurgien, quand je me suis cassée la jambe, faisait exactement l'inverse: il dictait tout haut devant moi, et en me regardant pour vérifier que j'avais bien compris.
L'infirmière a appelé K. pour qu'il vienne me chercher, et effectivement, je tenais à peine debout. J'ai été patraque tout le reste de la journée, pour un examen somme toute mineur. Je n'avais pas le droit de manger tout de suite (la glotte étant anesthésiée, je risquais des "fausses routes"), et j'ai eu pitié du papy qui arrivait du service pour passer à son tour une fibroscopie, parce que, non seulement il était à jeûn depuis la veille, mais en plus, il allait rater le repas de midi.
Le lendemain, j'ai revu ma pneumologue, qui m'a trouvée mieux; elle m'a aussi expliqué les résultats qu'elle avait eu du labo: deux positifs, alors que normalement ces machins-là ne cohabitent pas. Enfin, elle attend les analyses du prélèvement pour me donner éventuellement un antibio, mais ce n'est même pas sûr, parce qu'en fait, j'ai l'air d'aller mieux toute seule. Elle m'a aussi expliqué que, les bronches dilatées, ça ne pouvait pas être juste à cause de cette infection-ci, et qu'il allait falloir chercher la cause de ce soucis, mais plus tard.
En attendant, pour guérir, je dois rester au chaud. Alors elle a regardé pour prolonger mon arrêt, et elle a ri, parce qu'elle voulait mettre au moins un semaine, et qu'elle a vu que les vacances commençaient dans quinze jours. Donc, je ne reprendrai pas les cours avant le mois de mars. Ca aura fait de sacré vacances aux élèves!

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5 Commentaires:

At 2:46 PM, Blogger Nanouk a bien voulu donner son avis...

Moi j'étais a 55 BPM la dernière fois que j'ai été mesurée, je crois que c'est des bons chiffres si j'avais voulu faire de l'apnée...

Contente de savoir que tu vas mieux, mais c'est bizarre cette histoire de bronches dilatées quand même...

 
At 5:19 PM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Je ne te le fais pas dire...
Sinon, comme on a identifié DEUX germes grâce au prélèvement, je peux commencer mon traitement antibiotique.

 
At 10:24 PM, Blogger Bellzouzou a bien voulu donner son avis...

Impressionnant! (bon courage et rétablissement!)

 
At 11:20 PM, Blogger Cécile-Une quadra a bien voulu donner son avis...

Ca m'a l'air trop agréable cet examen, ça me rapellerai presque l'échographie cardiaque transoesophagienne (oui on passe une petite sonde d'écho dans l'oesophage pour aller voir le coeur et les artères de plus près) que j'ai du subir, sans anesthésie autre qu'un gargarisme avec un gel au gout épouvantable dont l'effet a cessé 5 minutes après alors que l'examen dure minimum 15 minutes ;)
Au moins ils ont identifié les germes ça sera plus simple pour les flinguer avec le traitement adéquat ;)

 
At 10:28 AM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Miam! Echographie cardiaque transoesophagienne, ça a l'air sympa aussi, effectivement.

 

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