Laurence P.
(9 janvier)Dans l'indifférence quasi générale, Laurence P., qui a pourtant attendu un enfant avec des millions de femmes, nous a quittés, la semaine dernière, à l'âge de 90 ans.
Juste comme K. et moi nous demandions si elle était encore de ce monde.
Pourquoi nous poser cette question?
Parce que j'ai trouvé chez mes beaux-parents, qui sont en train de réorganiser leurs bibliothèques, l'édition 1971 du fameux livre. Celle où Laurence explique qu'il ne faut pas donner de prénom ridicule comme Ségolène (ou Harold) à son enfant.
Au chapitre sur les prénoms, l'auteur fustige aussi les assonances étranges, comme Léon Dupont et tout ce qui rime. Mais elle ne précise pas que les associations d'un nom et d'un prénom peuvent être ridicules. Et c'est comme ça que j'ai entendu l'autre jour à la radio un malheureux Monsieur Hoquet, que ses parents avaient prénommé Pierre.
En 1971, Laurence annonçait aussi que les prénoms régionaux commençaient à être acceptés par les officiers de l'état civil, mais qu'il valait mieux se garder de toute fantaisie. Et éviter aussi les prénoms "exotiques": appeler sa fille Sonia ou Ingrid quand on habite Lyon depuis deux générations, ce n'était pas envisageable. Enfin, pour Laurence. Parce que j'ai connu à Paris une Ingrid, née au début des années 1970, et qui n'avait rien de nordique.
En dehors de ces considérations sur les prénoms, il y a pas mal de choses qui ont évolué. Evidemment, pas d'échographie en 1971, le sexe de l'enfant était donc une des "deux surprises qu'il vous réserve" (l'autre étant de savoir à qui il ressemblera). Une femme enceinte pouvait fumer, mais pas plus de 10 cigarettes par jour. Et la bicyclette lui était déconseillée (elle est listée parmi les "ennemis").
Mais ce qui m'a fait mourir de rire, c'est la partie sur les choses à préparer pour partir à la maternité. La valise de maman, ok; la valise de bébé, avec 18 couches (lavables, évidemment!), une boîte d'épingles de sûreté et 12 "pointes" (est-ce que quelqu'un saurait de quoi il s'agit, ça à l'air en rapport avec le change?), des brassières et des chemise, mais pas de grenouillère ni de pyjama. Et oui, car dans les années 1970, les bébés restaient les cuisses à l'air; j'ai vérifié sur mes photos de naissance et sur celles de K.
Vous ne trouvez pas ça drôle? En fait, moi non plus, mais c'est qu'il y a encore un paragraphe. "Pour votre mari" Laurence conseillait de lui faire les courses, de manière à lui laisser une semaine de provisions pour le temps où la nouvelle maman reste à la clinique ou à l'hôpital. Car l'homme des années 1970 était incapable de faire les commissions (on disait comme ça, à l'époque).
Je me demande bien comment il s'y prenait pour faire cuire un steak, alors? Car ce n'est pas tout d'avoir de la nourriture dans le frigo. Encore faudrait-il être capable de se faire à manger.
4 Commentaires:
Oh merde! Je vois trop la meuf enceinte jusqu'au cou, qui vient de perdre les eaux et qui se précipite à Auchan un samedi après-midi en période de fêtes MIT contractions pour faire des courses à son homme qui n'aura plus de bonniche pendant une semaine!
Mein Gott!
J'ai toujours regretté de n'avoir pas eu 20 ans à l'époque de Woodstock, Donovan, Janis Joplin et Mélanie, mais là, d'un coup, tu m'as guérie! ^^'
Vive l'an 2000! :D
La malheureuse Laurence P. a eu le tort de survivre à sa crédibilité : bien que ses livres aient été régulièrement remis à jour et à la page, malgré que quasi tout le contenu du texte d'origine ait été changé au fur et à mesure des évolutions de la médecine, de la puériculture et de la société elle-même, ils sont devenus ringards.
C'est peut-être même leur longévité et le fait qu'ils aient survécu tout en étant modifiés de fond en comble qui a permis d'en faire le modèle et le témoin de tout ce qui a changé depuis 1960.
Pour éclairer ta lanterne, les couches sont les langes de coton que nous connaissons encore : on en plie un en rectangle pour faire le fond absorbant , un autre en triangle pour envelopper le fessier, le tout tenu par des épingles à nourrice, et la pointe est un triangle en plastique qui double le tout.
Pour la mobilité des jambes nues de bébé, je crois que c'était à la fois un progrès après des siècles d'emmaillottement, et une nécessité vu le peu de fiabilité du système de couches décrit ci-dessus... pantalon, salopettes, grenoullière n'auraient qu'augmenté la pile de linge sale...
Quand aux provision, je crois que c'est belle-maman venue en renfort de la nouvelle accouchée qui était censé y puiser pour faire la cuisine au pauvre mari esseulé.
A ma très grande honte, je dois avoir l'édition 1997 quelque part (après avoir vainement tenté de m'en débarrasser à un vide-grenier)!!!
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