Motivées

 (25 novembre)

J'aurais bien un article à écrire sur le vendredi noir, la réparation et les dévendeurs, mais je n'ai pas le temps de structurer tout ça...

Alors je vais vous parler d'un truc agréable, dans mon métier, pour changer.

Entre collègues, on se plaint beaucoup des élèves tire au flanc, de ceux, et surtout celles, pour lesquel·les le moindre petit bobo est prétexte à une visite à l'infirmerie ou que leurs parents gardent chez eux s'ils (elles) ont "mal au ventre" un jour de devoir. De notre temps, ce n'était pas comme ça. Nous, nous n'avons jamais mis les pieds à l'infirmerie que pour les visites médicales...

Alors, c'est sûr, il y a des abus. Mais il reste aussi des élèves motivé·es par les apprentissages. Des élèves qui viennent en cours malgré un mal de tête qui se lit sur leur visage (pas plus tard que lundi dernier, tiens). Et des élèves qui, bien que gravement malades, font tout leur possible pour suivre les cours comme tout le monde.

J'ai déjà eu plusieurs élèves atteintes d'un cancer. L'une était en rémission, elle est arrivée chauve (sous un petit bonnet que je me suis bien gardée de lui demander d'enlever) en seconde et repartie bachelière trois ans plus tard. La deuxième venait avec son crâne rasé et avait souvent des soins à l'infirmerie pendant mon cours, son emploi du temps était un peu aménagé, mais elle a toujours tenu à rendre les devoirs demandés. Et la troisième, cette année, ne peut pas être en classe.

C'est une jeune fille que je connais depuis son entrée au lycée. L'annonce du cancer de cette petite boule de bonne humeur nous a tous affectés. Alors, quand il a été question de lui permettre de suivre les cours à distance grâce à un robot, j'ai dit oui (certain·es collègues ne veulent pas qu'on trensmette leur image). Et depuis, à chaque cours avec son groupe, je vais chercher Beam et je l'allume pour qu'elle puisse suivre. Elle ne fait pas qu'écouter. Elle intervient aussi, y compris pour corriger les erreurs de ses camarades, quand elle est en forme. Et mercredi dernier, elle s'est même portée volontaire pour présenter son exposé, alors que les autres rechignent et veulent gagner du temps.

Alors, bien sûr, ça demande un peu d'organisation. Je dois quitter ma salle habituelle, pour que le robot ne voyage pas trop loin, et penser à scanner les documents, pour que l'élève puisse les lire sur son ordinateur. Mais comme je trouve le retour très positif (je me sens utile), je suis tout à fait disposée à faire ces petits efforts.

Il y a dans ce même groupe une autre élève remarquable. Elle a eu des ennuis de santé petite, et le COVID en a ravivé une partie. La semaine dernière, sa maman nous a annoncé qu'elle serait absente quelques jours. Mais l'élève est tout de même également volontaire pour présenter son exposé dès mercredi prochain. Quel contraste avec celles qui demandent à passer le bac en deux ans parce qu'elles ne se sentent pas bien dans leur tête!


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5 Commentaires:

At 2:04 PM, Anonymous Dr. CaSo a bien voulu donner son avis...

Ce petit robot est génial et tu as bien raison, ces jeunes qui font tout pour continuer à apprendre méritent nos efforts, c'est si rare! Je n'ai jamais eu d'étudiants comme ça mais je ferais aussi tout mon possible pour les aider.

 
At 9:40 AM, Anonymous Béatrice a bien voulu donner son avis...

Je lisais justement un post sur les RS à propos de ce genre de robot. Pour des "grands" motivés, ça peut être une bonne solution, oui.
Pour ceux qui le sont moins, tu connais tes élèves et le contexte, contrairement à moi, donc je ne me permettrais aucune réflexion (et pour avoir un gamin qui a tout planté en début de 2e terminale et qui galère depuis plusieurs années à trouver sa place dans le monde actuel, encore moins).
Très bon dimanche !!!

 
At 10:01 AM, Blogger Bleck a bien voulu donner son avis...

Je remarque que tu cites au cours de ton expérience de prof' trois cas de maladies graves, des filles exclusivement et les plus motivées, au final.

Bleck

 
At 8:41 PM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Oui, Béatrice, j'ai tendance à être un peu sévère avec certains élèves qui s'écoutent beaucoup. Il se peut que quelques un·es soient réellement en souffrance. Un professuer ne voit pas tout (et c'est souvent un problème).
Dr CaSo, chaque élève qui fait un effort mérite qu'on lui prête attention; sinon, on les perd tou·tes!
Bleck, effectivement, les élèves gravement malades sont des filles. Mais il y a aussi des élèves motivé·es parmi les autres, et même des garçons...

 
At 7:39 AM, Blogger Mme Chapeau a bien voulu donner son avis...

Il y a autant de variétés d'élèves que de variétés d'êtres humains.
Et pour répondre à Bleck, quand j'étais prof, j'ai connu des garçons cancéreux qui n'ont pas survécus malgré leur courage.

 

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