Centenaire

(8 juin 2011)

Aujourd'hui, ma grand-mère aurait eu cent ans.
C'est qu'elle en a vécu, des choses, ma grand-mère. Et pas que des choses agréables. Handicapée (bretonne) de la hanche, elle a été opérée deux fois et a fait souvent des cures. Quand j'étais petite, elle disait simplement qu'elle avait "des misères".
Lorsque je suis née, elle avait prédit qu'elle ne verrait jamais mes 18 ans. Alors qu'elle a pu les fêter avec nous (mais sans mon grand-père). Et même me savoir mariée et voir le Pirate. Ma grand-mère est finalement morte arrière-grand-mère il y a sept ans.
Elle avait le sens de l'humour, et un grand optimisme, aussi, je crois; sans doute est-ce cela qui lui a permis de surmonter les épreuves. La perte d'une fille de 4 ans, d'une méningite (pendant la guerre, et la légende familiale veut que ce soit parce que le médecin de famille, juif, n'avait pas le droit de la soigner officiellement), et puis la perte du frère aîné de mon père, tout juste majeur, suite à un accident stupide, n'ont pas pu ne pas l'affecter. Elle en parlait fort peu.
Ma grand-mère n'aimait pas les framboises, parce que les graines allaient se coincer sous son dentier. Mais elle mangeait des cerises, celles de son jardin. Elle aimait bien que je me coiffe les cheveux en arrière, parce qu'alors, je lui ressemblais encore plus.
Elle était petite, et l'ostéoporose n'a pas arrangé les choses; c'était toujours la première personne que les enfants dépassaient en grandissant (je ne sais pas si le Pirate aura un jour la joie de dépasser sa grand-mère, qu'il a trouvée bien petite, la semaine dernière). Elle avait les yeux bleus et pétillants de malice.
C'est ma grand-mère qui m'a appris, et à mes soeurs aussi, à tricoter. Sauf qu'elle nous montait toujours le premier rang... J'ai encore le dernier gilet qu'elle avait tricoté pour moi, avant que ses mains deviennent trop malhabiles.
Elle faisait des gaufres inimitables (comme mon autre grand-mère faisait des tartes aux fraises ou aux bleuets) et envoyait mon grand-père acheter les desserts des grandes occasions chez Thauvin.
Je rêve encore parfois de sa maison, là où elle nous accueillait au retour du Canada, pour que Maman ait le temps de se remettre un peu du décalage horaire avant de rentrer à Paris.
J'ai sa photo dans mon portefeuille, et souvent, les gens croient que c'est un cliché de moi en noir et blanc.

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1 Commentaires:

At 11:52 PM, Anonymous Nanouk a bien voulu donner son avis...

Elle me manque :(

 

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