Infaillibilité (pontificale)

(31 juillet)

Quand on tient un blog, ce qu'on cherche, c'est l'admiration. On veut que les gens vous aiment, on souhaite se faire des amis (virtuels) qui vous disent tout le bien qu'ils pensent de vos enfants, de vos créations artistiques ou culinaires, de la déco de votre salon ou de vos goûts littéraires. Et on ne guette les commentaires que pour ça.
Malheur à celui ou celle qui fait une remarque désobligeante. Si j'avais battu un de mes enfants comme plâtre et qu'il me venait l'idée de m'en vanter ici, vous auriez tout juste le droit de dire: "Tu as eu raison, il l'avait bien mérité". Alors que dans la vraie vie, vous vous demanderiez s'il ne faudrait pas prévenir les services sociaux, tout de même.
Parce que l'auteur d'un blog est maître chez lui et tout puissant, il n'admet pas le commentaire critique. Il a parfois des fans, admirateurs zélés, qui se chargent de remettre les importuns à leur place. Certes, si l'on n'est pas d'accord, il veut mieux quitter la page et se taire. Cependant, la critique peut parfois aussi être constructive. Il faut savoir se remettre en question. Admettre que personne n'est infaillible, et que l'erreur est humaine. Accepter, parfois, que d'autres savent mieux que vous.
J'ai bien du mal avec cette idée. Et j'ai longtemps pensé que ce que je savais, tout le monde devait le savoir, et que c'était la seule vérité. Pour un professeur, c'est un handicap évident; je crois qu'il a fallu attendre le saut de classe du Pirate pour que j'admette que ce n'étaient pas mes élèves qui étaient ignorants, mais mon fils qui n'est pas tout à fait normal. Il a fallu apprendre la bienveillance. Aujourd'hui encore, certaines lacunes me paraissent aberrantes. Ainsi, cette élève de première L, options Arts Plastiques, qui me demande "C'est quoi, Rembrandt?" Alors que, peut-être, et dans ce cas ce n'est pas de sa faute, le programme d'Histoire des Arts ne commence qu'au XIX siècle.
D'un autre côté, les élèves ont aussi tendance à considérer que leur professeur est omniscient. Je me souviens être un jour rentrée en classe et avoir vaguement vu, du coin de l'oeil, un mot au tableau. Ce n'est que quand mes élèves ont demandé ce qui était écrit que j'ai fait plus attention. Pour eux, ils devaient voir à peu près ceci:
c n a c u d o (avec vraiment un espace entre les lettres cursives)
En fait, je leur ai expliqué que ça se lisait spaciba, et que ça voulait dire merci, en russe. Comme une évidence. Ils étaient tout de même un peu surpris que je sache déchiffrer le russe.
Je jongle mal, je ne trouve pas toujours le bon équilibre entre ma science et les savoirs des autres. Souvent, on me taxe d'arrogance ou de condescendance, alors que dans mon esprit, et comme l'aurait dit ma grand-mère, je ne critique pas, je constate. Je n'ai pas encore trouvé la manière...

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2 Commentaires:

At 2:40 AM, Blogger Tilia a bien voulu donner son avis...

Totale compassion !
Toutes mes constatations, pourtant formulées sur un ton neutre, sont systématiquement prises pour des critiques par mon cher et tendre époux (un poil parano ;-))

 
At 9:03 AM, Anonymous Béatrice a bien voulu donner son avis...

Quand tu l'auras trouvée, la manière, tu me diras ... ;-)
Bises et bon WEnd !

 

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