Un masque pour Barbe-bleue

(20 juillet)

Le P'tit Mousse hurle, et puis plus rien, juste cette grimace de douleur, et un geste de la main pour désigner son menton. Au début, je ne vois rien. Et puis, si, ça saigne. Pas énormément, mais il me faudrait quelque chose pour essuyer et apprécier la plaie. Je n'ai que nos serviettes mouillées sous la main. Je regarde. C'est bien fendu. On dirait qu'il va falloir des points. Je finis de me rhabiller en vitesse (tant pis pour l'huile!), je lui enfile rapido couche et pantalon, et je regarde de nouveau la plaie avant d'annoncer aux deux grands que, finalement, on n'ira pas acheter à goûter, il faut emmener leur petit frère à l'hôpital.
Quand nous sortons des vestiaires, il n'y a personne à l'accueil à qui j'aurais pu réclamer une compresse pour le menton sanguinolent. Heureusement, il y a des mouchoirs dans la voiture. Et trois compotes dans mon sac, ça fait toujours un petit goûter.
Je ne conduis pas plus vite qu'il ne le faut, peste un peu contre les embouteillages (c'est la sortie des bureaux), évoque avec le Pirate un itinéraire bis (la rue qu'il faut pendre pour aller à l'hôpital est annoncée barrée, mais finalement, c'est sa voisine, tout va bien). Je me gare sur une des places réservées aux "consultations urgences", bien que, comme le fait remarquer mon aîné, le parking officiel soit de l'autre côté. De là, nous avons juste à monter à l'accueil. Qui a été déplacé légèrement, il y a des travaux, on dirait.
J'évoque à l'infirmière qui nous reçoit l'accident de piscine (c'est crédible, mes cheveux sont encore mouillés et en désordre) et parle de points. Elle jette un oeil, confirme et applique une compresse sur laquelle elle inscrit "xylo" sur le menton fendu. Ce qui me permet de crâner auprès du Pirate: dans la voiture, nous avions évoqué une anesthésie locale. Il m'avait dit "masque", j'avais répondu "xylocaïne".
Et puis nous allons attendre dans la salle réservée à la traumatologie. Il y a là deux messieurs, un jeune et un plus âgé, qui ont chacun une plaie au cuir chevelu. Je ne sais pas ce qui est arrivé au jeune, mais pour le vieux, j'apprendrai plus tard qu'il est tombé de vélo. Quant au reste, ça sent les vacances: il y a une monitrice de centre équestre avec deux jeunes filles en pantalon d'équitation. L'une est déjà revenue dans la salle d'attente, l'autre, qui a été traînée sur quelque mètre par un cheval, doit passer des radios. A côté de moi, il y a une jeune fille avec le gros orteil bandé, et l'autre pied dans une tong. Avec la peau drôlement sèche. Ah non, c'est du sel, et du sable: elle s'est esquintée l'orteil sur un rocher, à la plage, et le centre de secours n'a rien pu faire pour elle.
Nous attendons, les patients ne partent pas vite, il y a des brancards de pompiers qui passent. Le P'tit Mousse trouve le temps de faire pipi par-dessus la couche enfilée trop vite, le Pirate explique à Numérobis comment jouer à Qui est-ce? (il y a des jeux, c'est fantastique!)...
Deux heures et demie plus tard, on vient enfin nous chercher. Ou plutôt, je fais comme si: l'infirmière n'a prononcé qu'un prénom, donc il doit s'agir d'un jeune enfant, et le mien s'appelle presque comme ça, il faut juste prononcer à la bretonne, et pas à la française. Les deux grands sont priés d'attendre sagement mon retour.
Dans le box de soin, l'infirmière fait asseoir le P'tit Mousse et tente d'ôter la compresse. Comme elle n'y parvient pas, elle dit que le médecin le fera. Il n'en fait rien et me demande de le faire; d'accord, même pas peur, ça se décolle tout seul. Le P'tit Mousse pleure. Il est fatigué, il a peut-être faim et il ne comprend pas trop ce qu'il fait là. Il faut attendre encore un peu que la salle de suture soit libre. Là, on tente de le détendre au protoxyde d'azote. Mais le masque ne le calme pas du tout, il pleure. L'infirmière lui tient la tête et le masque pendant que je lui tiens les mains, et le médecin recoud. Je ne regarde pas, au début, et puis je vois faire le deuxième point en pensant qu'il est mal parti, là, et qu'il ferait mieux de piquer plus loin, oui comme ça c'est mieux.
C'est fini. Mon P'tit Mousse a trois points bleus au menton. L'infirmière dit que je peux le prendre dans mes bras et ça ne lui échappe pas: il s'assied et me tend les bras. Je fais juste attention de ne pas accrocher les fils dans mon blouson en peau de nounours, et l'infirmière nous tend un diplôme de courage tandis que le médecin explique les soins à venir (en fait, rien, sinon faire enlever les fils une semaine plus tard).

K. , quant à lui, est fort soulagé d'entendre le message que je parviens à lui laisser sur le répondeur: j'étais partie sans mon portable, il est presque 21 heures, il s'est fait un sang d'encre.
En rentrant, nous apercevons deux chevreuils, sur la route...

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3 Commentaires:

At 6:47 PM, Anonymous Béatrice a bien voulu donner son avis...

Ouf, ça se termine (presque) bien ! ;-)

 
At 1:24 AM, Blogger Nanouk a bien voulu donner son avis...

Ah ben mince alors. Je me souviens d'avoir accompagné une amie faire recoudre le menton de sa fille, mais nous étions allées chez son médecin (c'était en Suisse), c'était allé beaucoup plus vite - et sans anesthésie si je me souviens bien, mais elle était plus vieille.
Sur tes trois bonhommes, il fallait bien qu'il y en ait au moins un qui se déchire le menton, vu que le nez, c'est déjà fait ^^'
Bon rétablissement au P'tit mousse.

 
At 8:40 AM, Anonymous Dr. CaSo a bien voulu donner son avis...

Que d'aventures que d'aventures! Heureusement que tout le monde va bien finalement (enfin, j'espère!) :) Bon rétablissement à ton P'tit Mousse!

 

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