Quelqu'un qui...

 (18 novembre)

C'est L. qui a lancé ce projet un peu fou de parler chaque jour de novembre de quelqu'un qu'on aime. Avec des suggestions pour chaque jour.

Je suis bien incapable d'écrire un message quotidien. Quant à trouver 30 personnes que j'aime... Mais son post d'avant-hier, pourtant très court, m'a donné envie de parler, moi aussi, de quelqu'un qui a les cheveux noirs. Et comme aujourd'hui, il faudrait parler de quelqu'un qu'on a connu quand on était jeune, je vais faire d'une pierre deux coups.

Caroline est arrivée dans ma vie au collège, en classe de cinquième. Elle arrivait de Lille, et en bonne nordiste, elle disait "vinte" pour 20. Ses parents, Chinois, s'étaient installés dans le Marais, et son grand frère avait réussi à l'inscrire dans notre classe d'allemand bilingue. Je ne sais pas si c'est parce que ma copine de sixième redoublait, ou parce que nous prenions le métro ensemble, étant les deux élèves à venir de loin par ce moyen de transport, mais nous nous sommes rapidement liées. Et cette amitié a duré jusqu'à que ce que Caroline quitte le lycée, après la première (pour aller passer son bac plus près de chez elle, dans un bahut moins élitiste: elle ne supportait plus l'atmosphère du nôtre).

Avec Caroline, nous causions de tout et de rien. De mes amoureux, des profs, de nos familles: elle avait un petit frère qui avait à peu près l'âge de ma plus jeune soeur, et nous sommes une fois allés tous les quatre voir Fantasia au cinéma. Pendant les vacances, nous nous écrivions (des lettres de papier ccuioooooook - merci Flourig) et la poste, à Paris, fonctionnait si bien, à l'époque qu'il m'est arrivé de recevoir en soirée la réponse à une lettre postée tôt le matin. C'est avec elle, aussi, que j'ai commencé à marcher. Le mercredi matin, la prof d'EPS était régulièrement absente, et nous avons décidé de marcher jusqu'à la station de métro où nous nous quittions d'habitude, puisque nous avions le temps. Quatre ou cinq stations, probablement guère plus d'un kilomètre et demi, mais largement le temps d'échanger nos secrets. Surtout les miens, en fait, je crois. Caroline m'écoutait et me donnait des conseils.

Et puis, nos routes se sont séparées. Nous avons continué à nous écrire, ne sommes jamais passées aux interminables conversations téléphoniques qu'avaient un certain nombre d'ados à l'époque. Nous nous sommes revues, parfois, pour aller au cinéma ou juste nous promener et discuter. Caroline est venue à mon anniversaire, quand j'ai fêté mes 20 ans (elle a eu un coup de coeur pour mon ancien voisin d'en face, un garçon charmant qui mériterait lui aussi un billet). Et puis je suis tombée amoureuse et un jour, mes lettres n'ont plus eu de réponse.

Peut-être que Caroline en a eu assez de recevoir mes confidences. Peut-être que j'ai été maladroite et que je l'ai vexée.

C'est une amie que je regrette vraiment (et dont je ne retrouve pas la trace sur la toile mondiale: elle a trop d'homonymes).

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3 Commentaires:

At 7:21 PM, Anonymous Dr. CaSo a bien voulu donner son avis...

Belle histoire avec une triste fin. Quant à ne pas avoir aimé 30 personnes, je trouve ça parfaitement ridicule comme idée :D Plus tu penses aux gens et plus tu te souviens de personnes auxquelles tu n'avais pas pensé depuis des années! On a tous ces centaines de connaissances, et comme je sais que tu n'est pas beaucoup plus jeune que moi, et que tu as des enfants et un boulot et des hobbies, je suis plus que sûre que tu aimes ou as aimé au moins autant de gens que moi :)

 
At 5:03 PM, Anonymous Béatrice a bien voulu donner son avis...

On peut retrouver des gens qu'on a aimé, par le plus grand des hasards, bien des années après ;-)
Belle fin de journée !!

 
At 4:31 PM, Blogger Bismarck a bien voulu donner son avis...

Oui, Dr., je me rends compte, au fur et à mesure de tes billets, que j'aurais des choses à raconter. Mais au départ, 30 personnes, ça me paraissait énorme.

 

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