Ping pong médical: questions à la chaîne (édité)
(14 février 2025)
Il faut bien le dire, avec ses 10 salles en bloc opératoire, la clinique où je finissais de me réveiller, la semaine dernière à la même heure, reçoit les patients un peu à la chaîne.
Lorsque je suis arrivée,
La salle d'attente était pleine, et d'autres patient·es venaient encore, certains avec une paire de béquille encore sous plastique. Une dame arrivée avant moi commençait à s'impatienter, parce que l'infirmière ne l'appelait toujours pas. Mais une affichette stipulait bien que les patient·es étaient reçu·es suivant l'horaire prévu des interventions, et non par ordre d'arrivée.
L'infirmière m'a appelée juste avant cette dame. Et elle a commencé à me poser des tas de questions, pour s'assurer de mon identité et pour vérifier que j'avais bien suivi le protocole. [Si tu savais, Madame, à quel point je respecte les instructions, tu m'enverrais peut-être voir un psy.] Oui, je m'étais bien douchée avec le savon antiseptique, non, je n'avais rien mangé et pas mis de lait dans mon thé. [Du miel, en revanche, parce que l'anesthésiste m'avait conseillé de le faire; ou alors, il avait parlé de jus de pomme, mais comme celui que j'ai à la maison est artisanal, il y a un peu de dépôt au fond, et j'ai préféré m'abstenir plutôt que de risquer d'être refoulée, comme cette vieille dame qui avait avalé un jus d'ananas. Non, mais, du jus d'ananas, quelle hérésie! C'est un fruit à pulpe, à éviter absolument avant une anesthésie.]
Et puis l'infirmière est passée aux questions plus étranges. Est-ce que j'avais des problèmes d'incontinence urinaire? Non [et je croyais qu'on allait me poser une sonde, de toute façon?]. Est-ce que j'avais enfilé mes bas? Non, mais ils étaient dans mon sac. Des bas ou un collant? [Un collant? Sérieux, Madame? Je viens ici pour une intervention gynécologique, tu crois vraiement que ça va être pratique, avec un collant? Et puis les recommandations post-opératoires conseillent d'éviter les vêtements serrés; si c'est pas serré, un collant...] Est-ce que je m'étais bien épilée? Oui. Avec une tondeuse, ou avec une crème? [Mais, heu, ça fait vraiment une différence? Ou bien c'était une question piège, pour s'assurer que je n'avais utilisé ni rasoir - ça, je comprends, il y a risque de coupure - ni cire ou dépilateur électrique - ça, je ne comprends pas?] Et elle m'a fait avaler trois médicaments.
Après quoi une autre infirmière m'a conduite dans une autre salle d'attente, où j'ai retrouvé pour quelques instants la dame qui râlait, avant qu'on ne vienne nous chercher pour que nous puissions nous changer. Et une troisième personne m'a donné ma tenue de bloc, a vérifié que j'étais bien moi, et m'a redemandé si j'avais procédé à la dépilation. Quelque chose me dit qu'elle était peut-être chargée d'effectuer un contrôle visuel, mais elle ne l'a pas fait.
La-dessus, un brancardier m'a conduite, à pied, à l'entrée de la salle de préparation au bloc. Et c'est une nouvelle infirmière qui s'est occupée de moi, après m'avoir [encore] fait décliner mon identité. Il fallait refaire une prise de sang, parce que la dernière avait plus de trois semaines, et qu'un des résultats n'est valable que 21 jours. J'aurais pu demander lequel, mais j'ai seulement pensé qu'en fait, c'était idiot, une analyse sanguine ne peut évidemment être qu'une photo à l'instant T, et je suis sûre que mon taux de ferritine, par exemple, n'avait pas évolué dans le bon sens depuis la dernière fois. Cette infirmière-là m'a demandé j'avais des questions.Elle a aussi vérifié que j'avais bien pris les médicaments à l'accueil. Et elle m'a redemandé si j'avais des questions. Je n'en avais pas. [Mais que veux-tu que je te demande, Madame? A quelle heure on mange? Vous préparez combien de patient·es chaque jour? Le chirurgien est de bonne humeur?]
Quelqu'un est arrivé par derrière pour emmener le brancard dans la zone d'attente des salles 9 et 10, sans vérifier mon identité. Face au mur, je contemplais la courbe un peu irrégulière de mon rythme cardiaque quand le Dr Coche et son équipe sont arrivés. Il a demandé si je venais bien pour une annexectomie bilatérale et un grattage de polype. L'infirmier anesthésiste s'est présenté et a demandé s'il y avait des allergies. Et c'est là que je suis devenue intéressante, parce que je dis tout le temps que je suis allergique à la bétadine, ce qui a provoqué un petit émoi de l'autre côté du lit, où on a fait des propositions pour l'antisepsie. Et puis une dame qui ne s'était pas présentée m'a demandé pourquoi je venais, et je lui ai répondu que le médecin venait de le dire [non mais ho ça va bien les questions idiotes!].
On m'a transportée au bloc, je suis passée sur le lit [ou bien on parle de table?], l'assistant d'Iron Man m'a posé le masque à oxygène sur le nez. On m'a attachée, et puis quelqu'un a dit "on va y aller", j'ai vu du coin de l'oeil qu'on tripatouillait quelque chose dans la perfusion, j'ai senti une chaleur envahir tous mes membres.
Et je me suis retrouvée en salle de réveil.
Libellés : santé
9 Commentaires:
moi j'ai eu droit au contrôle visuel et à tout le reste bien sur ;)
pas facile toussa....
bon rétablissement !
Tout ça doit être bien compliqué pour les personnes non francophones ou celles qui ont des difficultés pour comprendre des mots comme annexectomie ou incontinence urinaire. N'y connaissant pas grand chose, ces interventions sont-elles destinée à améliorer votre taux de ferritine? Courage.
C'est tellement... Protocolaire (?) que cela en devient déshumanisant. Et puis tant de gens si proche de ton intimité qui ne la voient plus que comme un "objet" à réparer...
Pas marrant tout ça, ouf, c'est derrière toi !
Très bon WEnd ;-)
Mme Chapeau, mes ovaires n'étaient probablement pas pour grand' chose dans mon anémie. En revanche, le polype, lui, est considéré comme responsable de ménorragies (ou règles hémorragiques - j'aime bien les mots compliqués), lesquelles font évidemment baisser le taux de fer dans le sang.
Virginie, merci et bienvenue.
Anne, il y a eu quelques gestes très humains, aussi. Mais c'est sûr que l'ensemble du processus est très mécanique.
Je comprends ce ressenti. En ce qui me concerne et je pratique régulièrement la chose pour des interventions que nous allons qualifier de mineures (parce que pour une intervention lourde comme j'en ai vécu une il y a plus de dix ans, c'est carrément un autre monde) je suis totalement décontracté, très curieux de tout ce qu'il se passe autour de moi, tapant la discute avec les infirmières/pousseurs de chariot/médecins quasiment en état de lévitation et je fais une confiance absolue dans tout le personnel médical que je chéris...
Bleck
Bleck, moi aussi, je suis curieuse... Et j'ai observé pas mal de choses.
Merci pour votre réponse. Reste donc à espérer que le grattage de polype résoudra le problème.
Mme Chapeau, de rien
Béatrice, pardon, tu as dû commenter pendant que je répondais aux premiers commentaires. Oui, je suis bien contente que ce soit passé.
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