Le grand Blanker
(6 juillet)
Il y a 30 ans, j'ai passé le bac. Et je l'ai obtenu avec une assez médiocre mention.
Je ne sais pas comment se passaient les délibérations du jury, à l'époque. Rien ne devait être informatisé (on était à l'ère du Minitel pour les inscriptions à la fac), les livrets des candidats devaient faire des piles impressionnantes dans les salles de délibération.
Depuis que je suis prof, j'ai été plusieurs fois membre d'un jury de délibération, et deux ou trois fois vice-présidente. J'ai vu la disparition des livrets papier au profit de leur version numérique, censée être plus anonyme. Encore faudrait-il que les profs ne mettent pas le prénom des élèves dans leurs appréciations (j'écris "les profs", pas "les collègues", parce que ça a dû m'arriver aussi).
Cette année, je suis aussi vice-présidente. La bonne surprise, c'est qu'on ne m'a pas demandé pour autant d'être là à 8 heures. Il suffisait d'arriver en même temps que les autres membres du sous-jury, vendredi dernier. Mon rôle devait simplement consister à les représenter pour le jury plénier du lundi.
Le vendredi, tout a été comme sur des roulettes, ou presque. Je me suis fait conduire J'ai covoituré avec une collègue jusqu'à la ville la plus importante du département. Nous sommes arrivées en avance. On nous passé un petit film pour nous expliquer comment fonctionnait le nouveau logiciel. Premier couac avec les identifiants "qui vous ont été fournis". Le chef de centre, qui ressemble vaguement à Patrick Bruel (jeune), avait remarqué qu'on ne nous avait rien communiqué du tout. Mais, renseignements pris, il suffisait que les vice-présidents s'identifient avec leur identifiant et leur mot de passe de messagerie. A condition de se souvenir de tout ça (parce que certains ont enregistré leur mot de passe sur leur ordinateur...)
Ensuite, nous avons examiné les cas des candidats tangents, comme d'habitude. Sauf que, depuis cette année, pas besoin de supplier le prof de maths pour qu'il rajoute un point afin que le candidat ait son bac sans passer au repêchage: le jury accorde directement les points manquants. Il faut quand même consulter le livret scolaire, et là, on se rend compte que l'anonymat est une chose toute relative. Dans un établissement scolaire, le CPE avait carrément mis le prénom et le nom des élèves dans son appréciation! Nous avons signalé ce fait au chef de centre, qui va faire remonter.
Au bout d'une heure et demie, nous avions déjà fini. La nouvelle formule du bac premettrait-elle des délibérations expresses?
Du coup, on se demandait un peu à quoi allait servir le jury du lundi. Est-ce que le président avait vraiment besoin de notre présence pour signer les PV?
Est-ce qu'il allait reprendre les cas litigieux avec tous les vice-présidents?
Le lundi, il a fallu que je me rende toute seule au centre d'examen. Je n'ai pas réussi à programmer le GPS de la voiture, mais j'avais fait un tirage papier de l'itinéraire consulté sur internet. Pas facile de le regarder en conduisant; je ne me suis presque pas perdue.
Une fois que tout le monde a été réuni dans la salle, Patrick Bruel (jeune) s'est rendu compte que le président (un universitaire) ne pouvait pas se connecter. Et puis, une fois ce problème résolu, il a fallu vérifier que sa mission existait. Le gars, il avait une convocation papier, mais le logiciel n'était pas au courant qu'il était convoqué... (Alors que tous les profs présents avaient dû imprimer leur convocation eux-mêmes.)
Là, il était déjà 10h30. Et le chef de centre a émis un doute sur les notes de philo. Il a trouvé un cas où la note retenue pour le calcul des points obtenus était inférieure à la note indiquée pour le contrôle continu. Sûrement un cas d'harmonisation vers le haut des notes de l'établissement; harmonisation non prise en compte par le logiciel. Petit couac? Après appel au lycée et centre d'examen voisin (qui avait constaté le même problème) et au rectorat, il a fallu passer en "mode 110" pour que nous, vice-présidents, reprenions tous les relevés de notes afin de vérifier que c'était bien la note la plus haute qui comptait. Sauf que, du coup, quand les commissions d'harmonisation avaient baissé les notes, cela n'était plus en compte (et on ne pouvait pas le faire: nous n'avions pas accès aux copies pour voir si la note d'écrit était supérieure à la note après harmonisation; je savais bien, depuis que Jean-Mi avait annoncé la prise en compte de la meilleure note pour la philo, qu'il était illusoire d'harmoniser les résultats du contrôle continu dans cette matière).
Nous étions un peu énervés. A quoi avait servi le travail des commissions d'harmonisation? Et si ce problème était visible pour la philo, puisque nous avions une ligne "contrôle continu" en plus de la ligne "philosophie" coefficient 4, qu'en était-il des autres matières?
Patrick Bruel s'est énervé aussi, et nous avons fini par aller dans une salle informatique cliquer environ 200 fois chacun sur "candidat suivant" pour vérifer et augmenter les notes. J'ai eu de la chance, je n'avais que 9 modifications à faire. Deux étaient impossibles, parce que nous avions déjà ajouté des points le vendredi. Les "points jury" compensaient l'erreur sur la note de philo. En fait, tout ça ne servait pas à grand'chose. Juste à satisfaire les candidats, qui pourront vérifier que la note retenue est bien identique à leur moyenne de l'année.
Ensuite, nous sommes retournés dans la première salle, le président s'est reconnecté et... il n'avait rien à faire. Trop génial! En fait, ils font déplacer un gars juste pour signer les PV et les listes à afficher. Et nous, vice-présidents, si nous n'avions pas repris tous les relevés de notes, nous serions venus pour rien.
Certains collègues ont essayé de négocier pour qu'on fasse la dernière réunion plus tôt, vu qu'il y a à peine une vingtaine de candidats à passer au rattrapage, et que ça nous ennuie de venir du Sud-Finistère juste pour entériner leur admission (ou non) à l'examen. Mais comme l'ordre de mission est pour vendredi après-midi, si on venait avant, on ne serait pas couverts en cas d'accident.
Donc j'y retourne vendredi. Une heure de trajet aller, autant au retour (cette fois-ci, je trouverai peut-être plus rapidement la bonne direction?) pour une demie-heure de délibération. Je me réjouis d'avance!
Libellés : école, humeur, service public
2 Commentaires:
Plein de bonnes ondes pour que ça se passe rapidement et sans accrocs cette fois !
Belle soirée !
Eh ben, on dirait que c'est autant le cheni chez vous que chez nous :D Bon courage!
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