Désinformation
(7 octobre 2017)Pourrait-on, s'il vous plaît, arrêter tout ce battage médiatique autour de la nouvelle formule du Levothyrox?
J'ai commencé à prendre ce médicament à la fin du mois de mai, et, comme les personnes n'ayant consommé que la nouvelle formule, je ne lui trouve pas d'effet secondaire.
Quant aux patients qui ont changé de formule et qui éprouvent des symptômes tels que "grande fatigue" ou "prise de poids", voire "état dépressif" je leur conseille d'aller voir de plus près les divers symptômes de l'hypothyroïdie, que traite justement ce médicament.
En ce qui me concerne, je perds moins mes cheveux et je ne suis plus essoufflée depuis que le bon dosage a été établi. Car le vrai problème est là. Le Levothyrox se dose en microgrammes, soit en quantités infimes, et il existe différents dosages. Le passage d'un dosage à un autre peut faire varier considérablement le taux de TSH (Thyroid-Stimulating Hormone, indicateur du fonctionnement de la thyroïde). C'est pour cette raison qu'il faut prendre son comprimé à jeun et attendre un peu avant de manger: sinon, les micromolécules actives se perdent dans le bol alimentaire. Je l'ai constaté: si les 25 microgrammes ont a peine fait évoluer mon taux de TSH, le passage à 50 l'a fait chuter brutalement en plein milieu de la fourchette convenable.
Or il se trouve que, pour une raison que les médecins et scientifiques ont du mal à expliquer, la modification des excipients (tout ce qui enrobe la molécule active) modifie aussi l'absorption du médicament par l'organisme. Il est donc souvent nécessaire de revoir le dosage en passant à la nouvelle formule. Mon médecin traitant m'en avait parlé au moment où il m'a prescrit le médicament (tout en me disant que je ne serai pas concernée). Il était donc au courant; comme la plupart des médecins et pharmaciens, qui ont reçu une lettre d'information du laboratoire annonçant le changement de formule.
Les vraies questions sont donc:
- qui sont ces malades qui ne connaissent même pas les symptômes de leur maladie et accusent un médicament de les provoquer? (Est-ce que, quand j'ai la grippe, je me plains d'avoir 38° de fièvre parce que j'ai pris un antipyrétique - sans lequel je serais à 40° ?)
- qui sont ces médecins qui, informés par le laboratoire, n'ont pas su contacter leurs patients les plus sensibles et rassurer les autres en prescrivant un nouveau dosage de TSH? (Je m'étais étonnée qu'il faille encore revoir le dosage de mon élève qui n'a plus de thyroïde, au printemps, mais maintenant, je comprends qu'elle avait probablement seulement un médecin compétent.)
- qui sont ces journalistes qui répètent n'importe quoi sans aller vérifier les informations?
- est-ce que les médecins n'ont pas le moyen d'établir quels sont leurs patients qui prennent tel ou tel médicament? Il aurait alors été assez simple d'envoyer à ceux qui sont soignés par le Levothyrox de leur envoyer un courrier ainsi conçu, en gros:
"Madame, Monsieur,
vous êtes actuellement traité par le Levothyrox dosage x. Le laboratoire nous a informé que ce médicament change de formule. Il sera peut-être nécessaire de revoir votre dosage.
Si, dans les deux mois qui suivent votre passage à la nouvelle formule*, vous ressentez les symptômes suivants: fatigue, essoufflement, et autres symptômes caractéristiques, veuillez contacter mon secrétariat afin d'obtenir une ordonnance pour un dosage de TSH.
Si vous ressentez des symptômes d'hyperthyroïdie**, merci de prendre rendez-vous le plus rapidement possible.
Veuillez agréer etc..."
Au lieu de ça, les patients sont restés dans l'ignorance et les réseaux sociaux ont fait des ravages...
(Je ne nie pas que, pour certains patients sensibles, le préjudice puisse être important. Mais il me semble que c'est aller un peu vite en besogne qu'incriminer le laboratoire et sa nouvelle formule. Le problème principal me paraît plutôt celui de la chaîne d'information.)
* Il faut plusieurs semaines à l'organisme pour se réguler face à un nouveau dosage.
** J'ai peu (voire pas du tout) entendu parler de cas d'hyperthyroïdie, mais comme l'un des symptômes sont les palpitations cardiaques, ce cas est certainement plus urgent à traiter.
3 Commentaires:
Totalement d'accord !
Sur les trois millions de patients qui sont traités avec le Levothyrox, on parle énormément d'à peine 50.000 personnes (moins de 1,67%) qui se plaignent d'effets indésirables plus ou moins importants et on ignore totalement les 2.950.000 patients (dont je fais partie) qui n'ont aucun problème depuis leur passage à la nouvelle formule.
Pourtant mon cas n'est pas anodin. Traitée par Levothyrox depuis 1995, année durant laquelle une thyroïdite de Hashimoto m'a été diagnostiquée, ma thyroïde continue néanmoins à s'auto-détruire et mon dosage journalier actuel est très précisément de 1 comprimé de 125 microgrammes + un demi comprimé de 25 microgrammes. J'approuve donc à 100% tout ce que tu dis dans ton billet, qui reproduit et développe parfaitement ce que je pense.
À mon profond agacement face à ce battage médiatique, s'ajoute l'inquiétude d'une mise en cause des laboratoires Merck France fabriquant du seul médicament qui me tient en vie depuis 22 ans.
Vous avez bien de la chance de le supporter et franchement, peut être que le battage médiatique est trop important. Mais que faire lorsqu'on est super malade comme jamais de sa vie et que notre dosage n'a pas bougé ? La nouvelle formule me rend très malade et j'en suis sûre. J'accepte tout à fait qu'un médoc ait des effets secondaires, ce que je n'accepte pas du tout c'est de ne pas avoir d'autres solutions... Et pour ma part, je connais parfaitement les symptômes aussi bien de l'hyper que de l'hypo
Désolée, lanabc... Je reconnais que les médecins semblent effectivement perplexes devant certains cas.
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