Ils ne doutent de rien

(6 mai)

Les élèves sont sûrs de leur supériorité. Ils bernent les professeurs comme bon leur semble. Enfin, c'est ce qu'ils croient.
Evidemment, quand je donne un devoir à faire à la maison, je sais qu'une partie au moins va se "faire aider" par un parent, un ami ou la toile mondiale. Mais je cours le risque, car je sais aussi que, la plupart du temps, cela se verra. En effet, ils sont incapables de copier les uns sur les autres sans ajouter de faute. Parfois, ils oublient un mot; d'autres fois, c'est une phrase entière qui disparaît. Mais le plus drôle, c'est quand ils n'arrivent pas à lire l'écriture de leur camarade, et que les h deviennent des l ou les H des M... Et puis, il y a les petits malins qui traduisent les phrases en français (ou plutôt, qui les font traduire par un logiciel), font l'exercice dans leur langue maternelle, et font retraduire en allemand. Sauf que... les mots d'arrivée ne sont pas les mêmes que ceux du départ. C'est bête, hein, mais Ärztin, c'est "médecin", certes, mais au féminin; ce qui n'est pas discernable en français, si bien que le traducteur renvoie Arzt, et que le sujet a changé de sexe en cours de route. Alors, oui, mes petits amis, vous avez le droit de travailler à plusieurs, quand c'est à la maison. Et ce n'est même pas la peine que je sanctionne: vous le faites vous-même!
Et puis il y a ceux qui arrivent en retard, à 8 heures, et qui osent le "on était en histoire". Ah, il y a un cours avant la première heure? Merci de passer à la vie scolaire, jeunes gens. Ou ceux qui se plaignent: "Madame, vous ne pourriez pas prévenir au début du cours, la prochaine fois, que vous ferez une interro la fois suivante?" Parce qu'il faut leur rappeler qu'ils doivent écouter en classe, sans doute. De toute façon, même quand j'insiste lourdement sur "ce mot-là, il faut que vous le sachiez", il ne leur vient pas à l'idée qu'il faudrait l'apprendre (et donc ouvrir son cahier entre deux cours), pour le savoir. Et ce sont ces élèves, bien sûr, qui réclament la correction de l'interro d'une fois sur l'autre, parce qu'il est normal que je travaille pour eux.
La semaine prochaine, j'interroge les terminales pour leur mettre leur note d'oral de bac. Je sais que certains n'auront pas grand chose à dire. Et ce n'est pas faute de les avoir prévenus qu'il fallait se pré pa rer...

Libellés : ,