Mon papa était content
(11 novembre)Bien qu'ayant enseigné les lettres classiques pendant des années, mon papa n'avait encore jamais posé le pied dans un pays où on parle grec. Certes, Chypre n'est pas une île grecque (bien qu'on y voie pratiquement plus de drapeaux de ce pays que de drapeaux chypriotes) et n'est même pas dans l'espace Schengen, mais enfin on y parle un dérivé de la langue d'Homère. Et pour qui a fait du grec ancien, il est toujours possible de déchiffrer le grec moderne. Et même de comprendre quelques mots au passage (et de plus en plus en plus de mots au fur et à mesure du séjour - Prosochi parakallo). En ce qui concerne mon papa, il était même capable de lire les journaux et de comprendre globalement ce qui s'y disait.
En dehors de la langue, bien sûr, ce qui intéressait mon papa, c'était aussi la culture. Il a dû voir déjà des sites antiques en Afrique du Nord (avec ses parents, il y a une éternité), et aussi en Italie. Mais c'étaient des ruines de Rome, et non d'Athènes. Là, il s'est régalé de colonnes doriques et de mosaïques. Il était fier, aussi, quand je lui ai dit que non seulement j'avais déchiffré l'inscription "oi prôtoi oinon piôntes", mais qu'en plus, je l'avais comprise ("les premiers buveurs de vin"). Et il était ravi de constater que ses petits-fils ont déjà quelques notions de mythologie. Ce la lui donne certainement le sentiment d'avoir transmis quelque chose.
La mer (et mon papa) à Paphos. |
Quand j'étais petite, je ne savais pas où me mettre quand mon papa se mettait à râler. Là, j'ai laissé faire aussi. Jusqu'à ce que le guide dise à son groupe, en a parte et avec l'impunité de ceux qui pensent qu'on ne les comprend pas, quelque chose qui ressemblait à "...Greis". Et là, mon sang n'a fait qu'un tour. Certes, mon papa commence à vieillir, mais ce n'est pas encore un vieillard ni un pauvre vieux, et je me suis retournée pour dire à cette pimbêche qu'elle pouvait rester polie, non mais ho: "Seien Sie nicht unhöfflich, ja?" Paf! Ca lui a cloué le bec. Et aucun membre de son groupe n'a dit quoi que ce soit non plus. Pas de chance, nous sommes une famille cultivée et polyglotte.
5 Commentaires:
Alors là, bravo ! Je suis plutôt germanophile, et pour cause : moi aussi je suis professeur d'allemand. Mais si je lis ton blog depuis plusieurs mois déjà sans jamais me manifester, je ne peux pas rester de marbre ici. Je connais énormément d'allemands cultivés et pour pour qui le respect n'est pas un mot abstrait mais un véritable art de vivre, il faut néanmoins reconnaître qu'il en reste quelques-uns qui n'ont pas tout compris. J'espère que cette dame arrogante en tirera une leçon !
Pascale
Bonjour collègue!
Je ne suis pas sûre que la guide était allemande, même si elle parlait manifestement très bien cette langue.
Haha, c'est en effet très utile d'être polyglotte quand on fait du tourisme, en entend parfois des choses très intéressantes ;)Et t'as de l'aplomb, toi, tu voudrais pas aller dire un mot à mon vendeur Apple?
Moi j'avoue avoir souvent honte des français à l'étranger...et en général, je les fuit. En revanche comme dit Pascale, les allemands à l'étranger m'épatent par leur discrétion !!!
Dr Caso> De l'aplomb, pas vraiment, d'habitude, j'ai plutôt tendance à m'écraser.
Mamanlit> Des Français, on en a croisé un certain nombre, en famille, plutôt convenables. Les Allemands, en dehors de ce guide qui était peut-être autochtone, très corrects aussi. Les Russes étaient moins discrets, mais pas gênants non plus...
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