Chère Madame Elisabeth
(22 février)La polémique enfle autour du dernier livre de Mme Badinter, à propos de l'impossibilité d'être une mère parfaite, de concilier travail et famille...
Je n'ai pas lu le livre, et ne le connais donc que par le miroir déformant des médias et de la toile. Néanmoins, il semble que Madame Elisabeth en veuille aux écolos, accusés de faire régresser la femme en lui imposant allaitement et couches lavables, entre autres. D'après K., c'est un coup monté, si près des régionales...
Aussi, je voudrais préciser, pour toutes ces pseudo féministes, quelques points me concernant:
Premièrement, ici, c'est l'homme qui fait la cuisine. Et subséquemment les courses (alimentaires); parce que ce n'est pas la peine que je prenne l'initiative en ce domaine: toute provision achetée sans consultation préalable sera oubliée au fond du frigo.
Deuxièmement, K. a déjà conduit les enfants chez le médecin, il sent même mieux que moi quand ils en ont besoin. Et il a plusieurs fois été chercher le Pirate malade à la maternelle, tout simplement parce que son bureau était à 200m, et moi à 20km.
Troisièmement, je suis d'accord sur un point: rien ne sert de forcer une femme à allaiter. Elle risque de mal le vivre, et l'expérience sera ratée, voire désagréable pour le bébé. Aussi, si j'allaite mes enfants, ce n'est pas parce que je suis écolo, mais uniquement par conviction personnelle; parce que je ne me sens jamais autant femme que quand je suis enceinte ou que j'allaite. Oui, il y a probablement de la femelle mammifère en moi. Et j'aimerais bien qu'on arrête de me regarder de travers pour ça. De même que je voudrais qu'on laisse tranquilles les femmes qui ont choisi le biberon. Le problème, c'est que, comme, à la sortie de la maternité, les deux modes de nourrissage sont en gros à égalité, chaque "camp" voudrait reprendre le dessus sur l'autre.
Quatrièmement, aucun courant naturaliste ou écolo n'a fait pression sur moi pour que j'adopte les couches lavables. C'est une idée qui a lentement cheminé et a fini par s'imposer comme une évidence. Je tente l'expérience...
Cinquièmement, le retour au sein et aux couches lavables ne sont pas nécessairement des régressions pour l'espèce humaine. Certes, cela ressemble au début du siècle dernier. Mais il ne faut pas oublier que, depuis, les tire-lait et modes de conservation ont fait des progrès, et qu'on a inventé la notion d' "allaitement mixte". Nourrir son bébé au sein n'interdit donc plus le retour au travail. Idem pour les couches: il n'est plus question d'aller les frotter à la main au lavoir (dommage, on y perd en sociabilité!). J'ai une machine à laver et mes couches passent au sèche-linge.
En conclusion, je propose de voir dans ce "courant naturaliste" paraît-il dénoncé par Mme Badinter non pas une régression, mais un progrès pour l'humanité. Non pas selon un avancement linéaire, mais selon ce qu'on appelle en pédagogie une "progression en spirale": on revient sur l'ancien en le perfectionnant. Parce que le sein, du point de vue de la santé publique, est évidemment le meilleur mode d'allaitement. Et parce que les couches en tissu sont moins nocives pour l'environnement que celles en plastique.
PS: K. m'apprend qu'il a lu dans le Canard (enchaîné) du mercredi des Cendres que la famille Badinter est une grosse actionnaire du groupe Publicis, lequel fait son beurre, en partie, sur les couches jetables (les lavables "communiquent" très peu!), le lait maternisé et les aliments pour bébé. Dans des spots qui mettent en scène... des femmes au foyer.
PS 2: Oui, le problème des couches intéresse K. Il a conclu que les jetables étaient une aberration économique (t'as vu le prix?) et écologique (supprimons le plastique!).
Libellés : humeur
3 Commentaires:
Je n'ai pas suivi le débat, mais Mme Badinter faut sans doute partie de cet ancien mouvement féministe - d'où nous avons eu bien besoin - où obtenir la liberté voulait dire âtre identiques et donc gommer les différences, dont la fonction de mère est assurément parmi les plus visibles et "encombrantes".
Elle n'a pas vu que les mentalités étaient en train d'évoluer et que désormais la lutte se situait à un autre niveau, plus du côté de l'équité que d'une identité utopique.
Une partie du problème vient sans doute effectivement de l'absence d'évolution de l'idée féministe depuis 1968...
Je n'ai pas lu non plus, je n'ai pas aimé les résumés lapidaires dans les médias, mais je me gardais bien de commentaires ( même si je suis complètement de ton avis sur le choix...)... mais j'ai appris l'implication de la dame dans les sociétés "plastique" (couches, biberons, etc) et je suis quand même beaucoup moins objective...
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