Moins fort, la douleur!
(18 janvier 2019)
Un panaris, ça fait horriblement mal. Paraît-il.
Je ne suis pas certaine d'avoir eu si mal que ça, et pourtant, j'avais un panaris de compétition.
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Mercredi dernier, soit deux semaines après le passage au bloc. |
Certes, j'ai eu mal. Bien sûr, j'ai pris du Dolly Prane pour dormir (et pour conduire). Je crois même que, le soir du Réveillon de Noël, j'étais au bord de la nausée. Je sentais bien que ça "pulsait". Mais le ressenti n'était, au fond, pas si insupportable. Peut-être parce que je prenais le temps d'analyser cette douleur, la mettant ainsi à distance? Peut-être parce qu'il y avait suffisamment de distractions autour de moi? Peut-être parce que, comme l'a dit une infirmière, je suis "dure à la douleur"? En tout cas, après l'opération, j'ai refusé que la pharmacienne me donne le Tra ma dol prescrit par l'interne, lequel m'avait mise en garde contre ce dérivé morphinique: il fait somnoler, on risque des vertiges, je devais rester allongée la première fois que j'en prendrais. Non merci. Le Dolly Prane et lever le pouce, ça suffit. Oui, une infirmière du bloc m'a rappelé ce truc: en cas de douleur aux extrémités, il faut surélever la partie douloureuse; j'en avais fait l'expérience lors de ma fracture de la cheville. A cette époque, l'anesthésiste m'avait enguirlandée parce que je n'appuyais pas assez sur la pompe à morphine. Ca les avait bien arrangé, ensuite, quand le cathéter s'était arraché: ils avaient pu passer au protocole suivant contre la douleur au lieu de rebrancher la perf'.
Je crois que nous ne sommes pas égaux devant la douleur. Il n'y avait qu'à entendre ces deux femmes, en salle de réveil. Madame Sanchez n'arrêtait pas de se plaindre. Dès qu'on lui demandait si elle avait mal, elle geignait "mon estomac, mon estomac, mon estomac". Evaluée à 8 ou 9 sur dix, cette douleur ne baissait pas, et la tension n'était pas bonne non plus. Mais quand la douleur est descendue à 7, Madame Sanchez continuait à se plaindre, alors qu'elle aurait dû être partiellement soulagée. En face, Madame Lejeune a évalué tout de suite sa douleur à 7, mais je ne l'ai jamais entendue se plaindre. En fait, soit elle était encore bien K.O. après l'anesthésie (elle a eu du mal à se réveiller), soit elle trouvait acceptable d'avoir mal au ventre après son opération. Je crois que je suis plutôt du genre de Madame Lejeune. Si on accepte que la douleur puisse être là, on la supporte mieux. (Mais ce n'est pas une raison pour l'ignorer et ne pas la traiter.)
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Mon pouce, aujourd'hui même. |
(Bien sûr, Sanchez et Lejeune ne sont pas les vrais noms de famille de ces dames.)
Libellés : psyché, santé
4 Commentaires:
Ouf, je suis contente que ton pouce ressemble de nouveau à un pouce :) Je suis d'accord pour ce qui est de la douleur, mais on peut aussi changer avec le temps. Je remarque que je deviens de plus en plus sensible à la douleur, comme si mon corps se fatiguait d'avoir toujours mal partout, alors dès qu'on en rajoute même un tout petit peu, c'est déjà trop! Très casse-pieds!
Oulala, je crois que j'écrirais bien une thèse sur la douleur !
Je ne crois pas qu'on soit dur à la douleur. Je pense non seulement que nous ne sommes pas égaux devant la douleur mais aussi que nous supportons plus ou moins la douleur en fonction de son "type". J'ai accouché deux fois sans péridurale et sans aucune douleur (en vrai, mais là je le dis par écrit parce que si je le dis devant une mère elle me jette des tomates pourries à la figure, les contractions m'ont provoqué un certain plaisir). Quand j'avais 12 ans, j'ai marché une semaine (dont une randonnée de 8 km dans la neige) avec une fracture tibia péroné (sans déplacement quand même) et je ne me suis plainte de rien quand je me suis cassé le poignet il y a deux ans, j'ai juste dit "je me suis cassé le poignet" (réaction de mon mari :"Tu ne peux pas savoir tant qu'on n'a pas fait de radio", réaction de mon fils :"Est-ce que tu as vu que sa main n'est pas en face de son bras ?"). En revanche, arrivée à l'hôpital, j'ai énergiquement refusé le Tra Ma Dol, parce que je savais que dans l'heure qui suivait j'allais me couvrir de sueur, vomir et gémir en disant que je voulais mourir.
Je crois qu'il y a un facteur peur dans l'intensité de la douleur et, comme vous le dites, le fait de l'identifier permet de la mettre à distance : si ma main et mon bras ne sont pas dans le même axe, c'est normal que j'ai mal, je ne suis pas la première à me faire une fracture, ça se soigne très bien... En revanche, je ne sais pas trop ce qui se passe dans mon estomac, mes intestins, etc. J'ai eu une maladie rhumatologique très douloureuse (mais dont on guérit complètement) il y a une dizaine d'années. Il a fallu des mois pour que l'on pose le diagnostic et qu'on soulage ma douleur et je pense que, en plus de la cortisone, savoir ce que j'avais m'a soulagée.
Et puis, et je rejoins Dr. CaSo, il y a la fatigue. Même si on n'a pas conscience d'avoir mal, on lutte contre la douleur et après des mois, voire des années pour vous, de douleurs, on ne peut être que fatigué et la douleur prend le dessus.
Enfin, se plaindre est important. Ne pas se plaindre, être dur à la douleur peut représenter un certain danger. Face au corps médical, dire calmement "J'ai mal" n'est bien souvent pas suffisant. Je l'ai expérimenté bien des fois (par exemple le médecin qui, au vu des mes analyses de sang, me dit "Vous devez avoir très mal" alors que je suis venue le consulter trois fois en trois semaines pour lui dire que j'avais mal !)
Voilà voilà, je vous l'avais dit, je pourrais écrire une thèse, versant patient, sur la douleur !
Et félicitations pour le doigt de l'une et la main de l'autre, tout est en train de rentrer dans l'ordre.
Merci GM. Je crois qu'il faudrait former une partie des médecins à ce genre de patient qui accepte la douleur.
Moi aussi, j'ai accouché deux fois sans péridurale; ma mère m'avait dit que ce n'était pas douloureux, et, de toute façon, c'est une douleur à laquelle on s'attend... Là où j'ai eu le plus mal, c'est quand je regardais le moniteur qui annonçait la hauteur des contractions.
Ce sont les soins dentaires que je supporte de moins en moins (l'autre jour, je me suis sérieusement demandé si je n'avais pas passé plus d'heures de ma vie sur un fauteuil de dentiste que sur une table d'accouchement).
Ouh là, oui, quand même!
Et tu as drôlement bien fait de ne pas prendre le dit médicament: ma nounou a fini aux urgences quand elle en a pris. Elle s'est réveillée un lundi matin, complètement amorphe. Elle a eu à peine la force d'appeler une voisine à l'aide au téléphone, voisine qui l'entendant ne répondre que par monosyllabes a compris que quelque chose n'allait pas...
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