Orthophonie?

(25 janvier 2011)

A peine Numérobis commençait-il à parler que ma mère diagnostiquait chez lui un "cheveu sur la langue". Lequel ne s'est pas démenti. En dehors des "ch" et "j", mon cadet prononçait mal le "n", puisqu'il le réalisait en passant la langue entre les dents. J'étais donc persuadée qu'il lui faudrait un genre de rééducation, et qu'un(e) orthophoniste devrait lui apprendre à placer correctement sa langue dans sa bouche.
Lorsque j'en parlai à une maman, l'an dernier, elle confirma qu'il était nécessaire de corriger ce défaut. Son fils avait le même, et il paraît qu'il est indispensable de rétablir la prononciation correcte du "ch" et du "j" avant l'apprentissage de l'écriture, faute de quoi, l'enfant risque fort d'écrire "z'ai des ceveux sur la tête", exactement comme il le prononce.
Permettez-moi de mettre en doute cette théorie. Il y a des adultes qui ont toujours un cheveux sur la langue, et qui ne s'en portent pas plus mal. J'en connais même un qui est devenu instituteur. Et puis, si Numérobis prononçait mal, il était aussi parfaitement conscient du problème: lorsque nous reprenions son élocution fautive, il faisait son possible pour se corriger. Nous n'avons cependant pas trop insisté, de peur de le bloquer.
Et aujourd'hui, il a fait des progrès. Même si "je" est encore très souvent zozoté, Numérobis arrive à dire "fromage" et "chaud" tout à fait distinctement. Hier, il a même répété plusieurs fois avec délectation "un jour, j'aimerai ça", autant pour s'en persuader que par plaisir de constater qu'il arrive enfin à parler correctement. Sans la moindre séance d'orthophonie. (Néanmoins, il est possible qu'il ait tout de même besoin d'une rééducation pour le placement de sa langue, qui reste incorrect pour les "n", ce qui peut avoir des conséquences sur sa dentition, je crois.)

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Ca va mieux en le disant

(21 janvier)

Bon, alors voilà, c'est très simple. Il paraît que je mets l'expression à toute les sauces, ces temps-ci, mais c'est vrai que j'en ai marre.
J'en ai marre des élèves qui ne fichent rien (aujourd'hui, séance manucure en cours de troisième).
J'en ai un peu assez de mes propres enfants, qui traînent le matin, et qui ne veulent pas quitter la garderie le soir.
J'en ai plus qu'assez de subir les emplois du temps de tout le monde: attendre K. pour manger (ok, je n'ai qu'à faire la cuisine moi-même), attendre qu'il veuille bien libérer l'ordi, courir entre les écoles et la nounou.
Ca m'énerve, de devoir aller récupérer un Numérobis malade, alors que j'ai des courses à faire et pas d'autre créneau.
Ca me fatigue de devoir penser à tout: sortir la poubelle, rentrer la poussette, mettre une lessive en route en rentrant, vérifier que le grand a fait ses devoirs, prévoir les photocopies pour lundi matin...
J'en ai marre de ne pas pouvoir dormir (suffisamment).
Ca m'énerve d'entendre K. dire que c'est lui qui fait tout, et que pour le ménage, je me contente d'un petit coup de temps en temps, alors qu'il a nettoyé (à fond) en tout et pour tout quatre fois la cuisine depuis que nous sommes ici, et que c'est moi qui me tape la serpillère (une fois par semaine) et le récurage d'étoilettes.
J'en ai marre de cet imbécile de chat qui fait les poubelles au lieu de manger ses croquettes (et ça ne va pas s'arranger, puisque les courses de cet après-midi ont été annulées).
J'en ai assez de ce linge qui ne se plie pas tout seul, de ces cartons qui ne se vident pas d'eux-même, de ces livres qui ne trouvent pas seuls le chemin de la bonne étagère.
Je réclame deux jours. Seule. Sans enfants (ni mari). Sans élèves, évidemment. Pour dormir et ranger à mon rythme. Pour vivre un peu MA vie.

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Ceci n'est pas un billet

(18 janvier)

Voici les sujets auxquels vous avez échappé aujourd'hui:
- la page blanche,
- les exploits du P'tit Mousse,
- le quart d'heure quotidien,
- l'otite de 20-100,
- le chat qui mangeait du beurre.

Non, ce matin, j'ai du boulot, que je n'ai pas pu faire hier soir parce que d'aucuns squattent indûment l'ordi sans penser que, peut-être, j'ai des recherches à faire (je suis en salle informatique multimédia avec les élèves, cet après-midi) ou des textes à taper...

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Ma vie en carton(s)

(15 janvier)

Hier, je voulais mettre une jupe. ("Madame, mais pourquoi vous mettez une jupe alors que vous savez qu'il va pleuvoir?")
Je voulais mettre ma jupe longue, la marron avec un jupon. Je l'ai donc cherchée dans le placard. Où elle n'était pas. Parce qu'elle était encore dans un carton. Il me reste, depuis un an que nous avons déménagé, un carton et demi de vêtements pas encore déballés.
A ma décharge, je rappelle que j'étais enceinte, quand nous avons emménagé ici. Si bien que je n'avais pas vraiment besoin de sortir mes vêtements d'hiver (qui avaient d'ailleurs été les premiers à rejoindre les cartons). Et comme je ne m'habille pas souvent en fille, quelques robes, jupes et vestes sont restées bien sagement dans les cartons.
Mais tout de même, je dois avoir trop de vêtements, puisque ceux qui sont moins accessibles ne me manquent pas. Je n'ai acheté ni pull, ni pantalon, cette saison (me contentant donc de ceux acquis il y a au moins deux ans), et je ne suis pas sûre de faire les soldes, hormis pour mes enfants (qui usent, eux, leurs genoux de pantalons à une vitesse telle que les soldes servent à remplacer les vêtements du début de saison).
Il va falloir faire un peu de tri dans tout ça, pour le bonheur des pauvres et le plaisir d'acheter, l'an prochain, quelques pièces dont j'aurai presque besoin...

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Ecole et notation

(12 janvier)

C'est dur, l'école. Surtout depuis qu'on a introduit les "évalulations" en maternelle. Je me souviens de cette maman, dans la classe du Pirate, qui s'était quasiment indignée que la case "reconnaît son prénom" soit cochée en rouge (non acquis) alors qu'il savait très bien comment il s'appelait, bien sûr, son rejeton. Sauf qu'il ne savait pas comment son prénom s'écrivait. J'ai dû écrire un billet là-dessus, vous pouvez chercher en décembre 2006 ou janvier 2007 si ça vous chante; moi, j'ai la flemme.
Dès la maternelle, donc, on commence à évaluer les enfants. Mais sans leur mettre de note, hein, pour éviter de stigmatiser les mauvais. Sauf que les parents ne sont pas sots, et voient bien qu'il y a pas mal de orange (voire du rouge) sur certains livrets (car cela reste des "livrets"). Ou, pour ceux qui pratiquent ces codes, beaucoup de "ECA". Du coup, les parents inquiets de l'avenir de leur progéniture vont leur mettre la pression dès la maternelle. Allez, Titi, il faut faire des boucles, la maîtresse a dit que tu n'y arrivais pas bien.
Au primaire, ça ne s'arrange pas vraiment. Le Pirate a toujours eu plus de points verts qu'autre chose. A vrai dire, les cases orangées se comptent sur les doigts d'une main, depuis qu'il a des livrets d'évaluation. Cette année, la maîtresse est passée, sans plus d'explications, au système A / ECA / NA. (Bon, admettons qu'elle a expliqué le coup de "acquis, non acquis, en cours d'acquisition" au cours de la réunion avec les parents; c'est K. qui y était.) Mais, si elle a renoncé à toute notation, elle n'a pas renoncé pour autant au classement de ses élèves. Et pourtant, elle est plus jeune que moi et a subi l'IUFM. Oui, elle classe les enfants, puisque les trois qui ont eu "le plus de plus" (soit le maximum de "A") ont eu une image. On ne note plus, mais on récompense les meilleurs. Comme si ça n'entretenait pas l'esprit de compétition tant décrié.
Non, si vous voulez mon avis, ce qui fait du tort aux plus faibles, ce ne sont ni les mauvaises notes, ni les images reçues par les plus forts: c'est d'être maintenus, jusqu'à la fin du collège, dans les mêmes classes que ceux qui arrivent à suivre. Parce que ça finit par être frustrant, de voir que tout le monde y arrive, sauf vous. Je ne pense pas non plus qu'il faille définitivement isoler les élèves en difficulté dans des classes spéciales: certaines difficultés ne sont que passagères, certaines sont plus d'ordre socio-économique qu'intellectuel. Ces élèves ont besoin d'aide, mais l'école manque de plus en plus de moyens et de structures pour leur donner leur chance.
Ce qui n'est pas juste, c'est que mes enfants, issus d'un milieu intellectuel, seront toujours favorisés par rapport à certains autres. Parce que je sais aussi comment l'école fonctionne...

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Tours et détours de la langue française

(10 janvier)

Quand, l'autre soir, nous avons eu cette conversation avec Le Pirate, j'ai pensé à son fils...

- Y a une fille, elle est très forte en saloon.
- Gn? Forte en quoi?
- En saloon. Elle est championne.
- Mais de qui tu parles, là? Où ça? A l'école?
- A la radio, ils ont dit qu'il y avait une fille championne de saloon. En ski.

A ben oui, pour être champion de saloon (géant), il faut une sacré descente!

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Les naïfs découvrent les transports en commun

(7 janvier)

Prenez un lot de petits Bretons de 12 ans, habitant en zone rurale, et dont la plupart sont fort peu sortis de chez eux. Mettez-les dans un train pour Paris et emmenez-les dans le métro pour les conduire dans un nouveau train, vers l'Allemagne. Vous aurez droit à leur émerveillement et à leur étonnement pour les choses les plus inattendues.

Tout d'abord, figurez-vous qu'il y a des toilettes, dans les trains. Et même, en plusieurs endroits! Ce qui peut donner ce genre de dialogue:
"A: Je vais aux toilettes, Madame.
G: Un conseil, va par là, c'est plus près!
La prof: Oui, G., tu es gentil, mais c'est aussi bouché. Donc, A., tu vas plutôt de l'autre côté."

Le métro, ensuite, est tout un monde pour les provinciaux. (J'ai du mal à m'en rendre compte, j'ai grandi à Paris et pris le métro seule dès qu'il a fallu aller au collège.) Il faut faire la queue pour avoir des billets. Et comme, dans les gares, la file est pleine de provinciaux pur jus et de touristes étrangers qui n'ont aucune idée de ce qu'il leur faut comme titre de transport, on n'avance pas vite. Surtout qu'il faut, en plus, comprendre le fonctionnement de la machine.
Les portillons sont un deuxième obstacle: où doit-on mettre le ticket, quand faut-il le récupérer, comment passer avec sa grosse valise? (J'avais pourtant dit "Attention aux bagages, il faudra les porter, dans le métro!"). Quant aux couloirs, ils sont interminables, et malheureusement sertis de degrés à franchir sans le moindre escalator mécanique.
Et puis, imaginez un peu, la ligne que nous avons empruntée passe sous la Seine. Ce qui, en plus des difficultés à garder son équilibre, a donné quelques sueurs froides à certains.

Autre découverte: dans les trains ou dans le métro, il peut y avoir beaucoup de monde. Ce qui signifie qu'il faut rester debout (dans le métro) ou au contraire sagement assis à sa place (dans le train) pour ne pas gêner la circulation des autres voyageurs. Et se hâter pour sortir, même avec sa grosse valise. Parce que, oui, quand ça sonne, c'est que les portes se ferment. Et si on ne fait pas quelque chose, là tout de suite, on va se retrouver à l'arrêt suivant. Donc, j'ai pratiquement jeté ma valise entre les portes (j'étais trop loin pour agir directement sur le système d'ouverture) et provoqué leur réouverture afin de sauver la moitié du groupe d'une perte certaine.

Car ça non plus, ils ne s'en doutaient pas: le train, contrairement à la voiture, fait généralement des arrêts intermédiaires. Et donc, avant d'arriver à Paris, nous nous sommes arrêtés une bonne demi-douzaine de fois ("Non, ce n'est pas encore Paris, on est même encore en Bretagne!"). Et une fois en Allemagne, nos trains ne nous emmenant pas au terminus, il fallait se dépêcher de descendre, le temps d'arrêt dans chaque gare étant limité. Nous avons eu beau les prévenir qu'il faudrait faire vite, ce n'est que lorsque les portes ont commencé à se refermer devant eux qu'ils ont compris...

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Bis repetita

(5 janvier 2011)

L'année aurait pu mieux commencer. Hier soir, en rentrant chez moi, je n'étais pas très satisfaite de mes cours. J'ai posé mes affaires, et suis allée chercher d'abord le P'tit Mousse, puis Numérobis à la garderie. Là, une des dames m'a prévenue que le Pirate s'était amoché le nez, mais qu'elle avait nettoyé et l'avait quand même envoyé à la piscine.
Sauf que. De retour à la maison, j'ai avisé un message sur le répondeur. M'attendant à entendre les habituels bips de non-message, le correspondant ayant raccroché (parce que vendre des nouvelles fenêtres ou une cuisine à un répondeur, ce n'est pas facile), j'appuie sur le bouton. Et j'entends la voisine de presque en face, dont le petit dernier est dans la classe du Pirate, m'annoncer que mon fils est chez elle. Elle devait accompagner les enfants à la piscine, mais, devant l'état du mien, elle l'a accompagné au chaud avant de partir (sans le laisser tout seul: un fils plus âgé veillait sur lui).
K. étant fort opportunément rentré, je suis allée récupérer le blessé, en disant juste qu'il était tombé. K. a écouté lui aussi le répondeur, et pensé à un problème aux membres, personne n'ayant évoqué la figure du Pirate. Or, il a le menton en marmelade, le nez fendu, et l'oeil poché. En fait, le cocard en plus, il nous ramène quatre ans en arrière. K. l'a montré à la pharmacienne, qui pense que ce n'est pas grave (la plaie semble effectivement peu profonde) et a donné de l'arnica en granules.
Je vais faire un mot à la maîtresse lui demandant de garder mon fils sur un banc pendant la récréation et, par précaution, de le dispenser d' "acro-sport" pendant une semaine. Il ne manquerait qu'un nouveau coup sur sa tête de boxeur!
Ce qui est terrible pour lui, c'est qu'il ne comprend pas ce coup du sort. Ils jouaient à chat, "et la maîtresse, elle a pas interdit de jouer au loup", et le copain qui l'a amoché lui est tombé dessus "sans faire exprès". Il n'y a pas de faute, aucune mauvaise intention, et pourtant, il se sent puni. Ce qui est profondément injuste. Difficile, du coup, d'accepter en plus une privation de récréation. Mais nous connaissons malheureusement ses antécédents...

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